Face aux trafics à ses frontières et au terrorisme dans la région sahélienne

Algérie

Aux impacts de l’épidémie du Coronavirus, du réchauffement
climatique et les enjeux aux frontières de l’Algérie préfigurent
d’importantes reconfigurations géopolitiques et géoéconomiques
mondiales entre 2022/2030 rendant urgent des stratégies
d’adaptation. C’est que la région sahélienne connaît d’importants
trafics qui alimentent le terrorisme facteur de déstabilisation.

Aux impacts de l’épidémie du Coronavirus,
du réchauffement climatique
et les enjeux aux frontières de l’Algérie
préfigurent d’importantes reconfigurations
géopolitiques et géoéconomiques
mondiales entre 2022/2030 rendant
urgent des stratégies
d’adaptation. C’est que la région sahélienne
connaît d’importants trafics qui
alimentent le terrorisme facteur de
déstabilisation.
1.-Trois facteurs permettent de
comprendre les liens entre trafic et
terrorisme:
Premièrement, l’existence de mouvements
communautaires, ethniques et
religieux, qui permettent une collaboration
entre terroristes et criminels,
sur la base de normes et d’intérêts
partagés.;
deuxièmement, la survenance d’un
conflit armé
et troisièmement les contraintes qui
jouent lors d’échanges transnationaux
complexes de marchandises illégales
des échanges qui impliquent souvent
d’autres parties intermédiaires et de
certains segments de l’administration
corruptibles Les récentes investigations
dans le cadre de la lutte antiterroriste
menées par les services de renseignements
révèlent de nouvelles
données au niveau de la région sahélienne
inséparable des conflits au
Moyen-Orient et dans certaines
contrées d’Afrique. La Libye n’est plus
la seule menace potentielle, le Mali
qui gagne du temps pour appliquer
les accords d’Alger. Au Sahel, les
groupes armés ont proliféré, accru
leur capacité de nuisance, se sont diversifiés
en terroristes, insurgés, criminels
et milices, selon des variables
complexes. Désormais, une coopération
et une convergence rassemblent
ces groupes. L’exemple le plus évident
de ce type de coopération-convergence,
c’est le narco-terrorisme, dont
le commerce de la drogue illégale sape
les efforts pour poursuivre les réformes
politiques et le développement,
nécessaires pour endiguer la radicalisation
et la montée des groupes terroristes.
Pour lutter contre le terrorisme et les
trafiquants en tous genres, il s’agit de
mettre l’accent avant tout sur
l’échange de renseignements qui doit
se faire de manière instantanée, pratiquement
en temps réel, et harmoniser
des politiques de lutte contre le
terrorisme, car sans sécurité, point
de développement. Le Sahel est également
une zone de transit pour les passeurs.
50 à 60% de ceux qui traversent
la Libye vers l’Europe passent
par la région. C’est pourquoi il y a lieu
d’accorder une attention particulière
aux tensions au niveau du Sahel où la
ceinture sahélienne recouvre, entièrement
ou en partie, les pays suivants
: l’Algérie (à l’extrême sud), le Sénégal,
la Mauritanie (au sud), le Mali, le Burkina
Faso (au nord), le Niger, le Nigeria
(à l’extrême nord), le Tchad (au
centre). Le Sahel est un espace sousadministré
et souffrant d’une mauvaise
gouvernance chronique et sa vulnérabilité
est amplifiée par une forte
croissance démographique. Le Sahel
devrait doubler sa population d’ici 25
ans, et comptait plus de 100 millions
d’habitants en 2020. Cette croissance
affectera certainement la sécurité humaine
et notamment alimentaire de la
région dans son ensemble. A cela se
greffent d’importantes inégalités tant
internes aux pays développés qu’entre
le Nord et le Sud. L’intensification de
la radicalisation est le produit d’une
conjonction de facteurs liés à l’individu,
ses relations, sa communauté et
son rapport à la société. Il est clair
qu’identifier un processus de radicalisation
ne se fait pas sur la base d’un
seul indice, mais d’un faisceau d’indicateurs.
Ces indicateurs n’ont, par
ailleurs, pas tous la même valeur et
seule la combinaison de plusieurs
d’entre eux permet d’établir un
constat. Il existe, toutefois, des enjeux
économiques, le Sahel étant un
espace recelant d’importantes ressources
minières, d’où les ingérences
étrangères manipulant différents acteurs
afin de se positionner au sein
de ce couloir stratégique et prendre le
contrôle des nombreuses richesses.
L’arc sahélien est riche en ressources:
après le sel et l’or, pétrole et gaz, fer,
phosphate, cuivre, étain et uranium
sont autant de richesses nourrissant
les convoitises de puissances désirant
en assurer le contrôle. Le commerce
des stupéfiants, par exemple, a le potentiel
de fournir aux groupes terroristes
un bonus supplémentaire : les
recrues et les sympathisants parmi
les agriculteurs appauvris, négligés et
isolés, et qui non seulement peuvent
cultiver pour le compte des trafiquants
mais aussi populariser et renforcer
les mouvements dissidents. Les
différents trafics sont liés à l’importance
de la sphère informelle, produit
des dysfonctionnements des appareils
de l’Etat, en fait de la gouvernance,
du poids de la bureaucratie qui entretient
des relations diffuses avec cette
sphère et des distorsions des taux de
change, représentant en Afrique sahélienne
plus de 80% de l’emploi et
plus de 50% du produit intérieur brut
(voir A. Mebtoul- quotidiens gouvernementaux
EL Moudjahid et arabophone
Ecg Chaab du 12/07/2022).
2.- Le terrorisme international
profite des dysfonctionnements de
régulation des Etats et a au moins
cinq caractéristiques en commun :
Premièrement, les réseaux souvent
établis dans de vastes zones géographiques
où les personnes, les biens
et l’argent circulent ;
Deuxièmemen t, le contrôle par le
commandement et la communication ;
Troisièmement, leur besoin de traiter
de grandes quantités d’argent, de
les blanchir et les transférer à travers
les pays et les continents ;
Quatrièmement, criminels et terroristes
ont tendance à se doter d’armées
privées, d’où le besoin de formation,
de camps et de matériel militaire
et cinquièmement, terroristes et criminels
de la zone sahélienne partagent
les caractéristiques communes : pratique
fréquente d’opérations clandestines
cherchant la légitimité dans le
soutien des populations, avec usage
de guérillas durables pour pouvoir
contrôler un territoire et des populations.
Enfin, ces guérillas créent des cellules
spécialisées dans l’usage des médias
et d’internet pour diffuser leur propagande
et leurs revendications. Ainsi,
nous avons différentes formes de criminalité
transnationale organisée qui
forme une industrie en constante évolution,
qui s’adapte aux marchés et
crée de nouvelles formes de délinquance,
s’agissant d’un commerce illicite
qui transcende les frontières culturelles,
sociales, linguistiques et géographiques.
La combinaison de ces
divers éléments, selon des schémas
extrêmement complexes, induit un climat
d’insécurité croissant, propice à la
déstabilisation des Etats sahéliens,
faute d’une bonne gouvernance. Il
existe les différents éléments de trafics
liés à la compréhension de la
sphère informelle :
Premièrement, nous avons le trafic
de marchandises.
Pour l’Algérie, existent des trafics de
différentes marchandises subventionnées
comme le lait et la farine achetés
en devises fortes, le trafic de carburant
;
Deuxièmement, nous avons le trafic
d’armes. Tandis que le trafic de drogue
est réprimé internationalement, le trafic
d’armes est réglé par les Etats qui
en font leurs bénéfices. La vente
d’armes s’effectue régulièrement entre
plusieurs partenaires privés et publics;
Troisièmement, nous avons le trafic
de drogue.
La montée en puissance du trafic de
drogue au niveau de la région sahélienne.
Afin de sécuriser le transit de
leurs marchandises, ces narcotrafiquants
recourent à la protection que
peuvent apporter, par leur parfaite
connaissance du terrain, les groupes
terroristes et les différentes dissidences,
concourant ainsi à leur financement
;
Quatrièmement, nous avons la traite
des êtres humains. C’est une activité
criminelle internationale dans laquelle
des hommes, des femmes et des enfants
sont soumis à l’exploitation
sexuelle ou à l’exploitation par le travail.
Nous avons le trafic de migrants
qui est une activité bien organisée,
dans laquelle des personnes sont déplacées
dans le monde en utilisant des
réseaux criminels, des groupes et des
itinéraires;
Cinquièmement, nous avons le trafic
de ressources naturelles qui inclut la
contrebande de matières premières
telles que diamants et métaux rares
(provenant souvent de zones de
conflit) et la vente de médicaments
frauduleux potentiellement mortelle
pour les consommateurs ;
Sixièmement, nous avons la cybercriminalité,
liée à la révolution dans le
domaine des systèmes d’information
et qui peut déstabiliser tout un pays
tant sur le plan militaire, sécuritaire
qu’économique.
Il englobe plusieurs domaines exploitant
notamment de plus en plus internet
pour dérober des données privées,
accéder à des comptes bancaires et
obtenir frauduleusement parfois des
données stratégiques pour le pays. Le
numérique a transformé à peu près
tous les aspects de notre vie, notamment
la notion de risque et la criminalité
et comme résultante de ces trafics,
nous avons septièmement, le
blanchiment d’argent. C’est un processus
durant lequel l’argent gagné
par un crime ou par un acte illégal est
lavé. Il s’agit en fait de voiler l’origine
de l’argent pour s’en servir après légalement.
Les multiples paradis fiscaux,
des sociétés de clearing (aussi Offshore)
permettent de cacher l’origine
de l’argent.
En conclusion, l’épidémie du coronavirus
et les tensions en Ukraine préfigurent
un bouleversement mondial,
où le monde ne sera plus jamais
comme avant ce qui interpelle l’Algérie
situation complexe et en perpétuelle
mutation.
La stratégie diplomatique et militaire
de l’Algérie est guidée par des principes
fondamentaux hérités de sa
longue histoire de libération nationale
: la mise en place d’un dispositif
de sécurité aux frontières et la restructuration
des forces armées et de sécurité
; l’amorce de processus bilatéraux
de coopération avec les pays voisins ;
le développement d’un processus multilatéral
à travers l’initiative des pays
de Champ ; la non-ingérence dans les
affaires intérieures des Etats. Pour
l’Algérie, l’objectif stratégique est de
traduire en termes concrets ses potentialités,
pour être en mesure de relever
avec succès les défis innombrables
qui nous sont lancés par le
monde moderne, étant à l’aube de la
quatrième révolution économique
mondiale fondée sur les nouvelles
technologies et les défis de la transition
numérique et énergétique.
L’Algérie a toujours été au carrefour
des échanges en Méditerranée et en
Afrique.
De Saint-Augustin à l’Émir Abdelkader,
les apports de l’Algérie à la spiritualité,
à la tolérance et à la culture universelle
ne peuvent que nous prédisposer
à être attentifs aux récentes
fractures contemporaines.
C’est pourquoi, je tiens à considérer
que la stabilité de l’Algérie et la reconquête
de notre cohésion nationale
passe par la construction d’un front intérieur
solide et durable en faveur des
réformes.
Il s’agit-là de l’unique voie que doivent
emprunter les Algériens afin de
transcender leurs différends, à vaincre
la haine et les peurs qui les habitent,
et à trouver les raisons de vivre harmonieusement
ensemble et de
construire, toujours ensemble, le destin
exceptionnel que de glorieux aînés
de la génération du 1er Novembre 1954
ont voulu désespérément pour eux.
Abderrahmane Mebtoul Professeur des universités,
docteur d’Etat expert international