L’homme politique et écrivain palestinien qu’Israël assassina en 1972

Hommage à Ghassan Kanafani

Il y a cinquante ans, le 8 juillet 1972, à
Beyrouth, c’est une grande plume et
une grande voix de la Palestine que le
Mossad a tarie et fait taire à tout jamais.
Ghassan Kanafani, l’illustre porteparole
du Front Populaire de Libération
et écrivain palestinien, rédacteur
en chef de l’hebdomadaire « Al Hadaf »,
mourait à l’âge de 36 ans dans l’explosion
de sa voiture, aux côtés de sa jeune
nièce de 15 ans, malheureuse victime
collatérale d’un assassinat politique
ciblé et signé.
Il aura fallu 32 ans à lsraël pour reconnaître,
en 2005, avoir du sang sur les
mains, en l’occurrence celui de cette
éminente personnalité palestinienne,
dont l’oeuvre littéraire féconde, dédiée
à la défense de la cause palestinienne
(son livre le plus emblématique fut « Retour
à Haïfa »), et l’engagement farouchement
anti-colonialiste, en faveur de
la souveraineté de la Palestine, sont
passés à la postérité. Né à Acre, au
nord de la Palestine, le 9 juillet 1936,
Ghassan Kanafani grandit à Jaffa jusqu’en
mai 1948, quand il fut contraint à
l’exil avec sa famille, lors du désastre incommensurable
que fut la Nakba. Il
vécut et travailla à Damas, puis au Koweït
et, à partir de 1960, à Beyrouth.
Son père, avocat de son état, fut un opposant
de la première heure à l’occupation
britannique de la Palestine et à
son soutien apporté à l’immigration
juive sur sa terre. Son expérience en
leur sein transparaîtra dans une grande
partie de ses écrits.
Au cours de ses études de littérature
arabe à l’université de Damas, il s’intéressa
à la politique et fit une rencontre
importante : celle avec Georges Habache,
alors chef du Mouvement des
nationalistes arabes (ANM) ; il se mit à
travailler à ses côtés.
Après avoir enseigné quelques années
au Koweït, où on lui diagnostiqua un
diabète sévère, Kanafani s’installa à
Beyrouth, à l’invitation de Habache, et
rejoignit la rédaction du magazine al-
Hurriyya (Liberté). Ghassan Kanafani
fut aussi un romancier prolifique, auteur
de plusieurs pièces de théâtre,
dont l’oeuvre est profondément enracinée
dans la culture arabe palestinienne.
Il a inspiré une génération entière, de
son vivant jusqu’à aujourd’hui, à la fois
par ses actes et ses écrits.Réaliste, il fut
le premier à prêcher la reconversion de
la guérilla pour qu’elle limite son action
à l’intérieur du « petit et grand Israël »,
tout en restant fidèle à Georges Habache