Un joueur et entraîneur de qualité

Abdelhamid Kermali 

Il a tout connu avec un ballon de football, la gloire, le respect des Algériens. C’est un personnage très respecté à travers le territoire des un million et demi de Chahid. Il est né le 24 avril 1931 dans la localité d’Akbou.

Il commence sa carrière footballistique au sein de l’USM Sétif puis avec l’USM Alger où il occupait le poste d’attaquant. Son départ vers l’Hexagone a été forcé puisqu’il a écopé d’une suspension de deux ans de toute pratique sportive, plus spécialement le football, par la Fédération de football de l’époque. Une fois en France, il signe une licence au FC Mulhouse, puis l’AS Cannes et l’Olympique Lyonnais où il retrouve l’un de ses coéquipiers en l’occurrence Mustapha Zitouni.
Abdelhamid Kermali a eu une brillante carrière en tant que joueur professionnel, mais avant cela Abdelhamid Kermali, c’est tout un talent. En effet, dans cette petite bourgade d’Akbou d’une cinquante de milliers d’habitants située entre Ighram et Amalou dans la wilaya de Béjaïa, le football n’était pas une préoccupation majeure, et ce n’était pas étonnant de voir Abdelhamid Kermali que ses amis surnomment Hamid, et qui vit dans une famille pauvre, passait son temps dans la rue à jouer à la balle ronde, surtout à un si jeune âge d’une dizaine d’années environ. Il quitte définitivement l’école et devient footballeur à plein temps.
Abdelhamid Kermali, c’est tout un talent. Il a été recruté par l’USMS et devient très vite un titulaire indiscutable de l’équipe réserve. En 1948, alors qu’il n’avait que dix huit ans, il fait ses débuts avec l’équipe première dans le Championnat régional face à l’AS Bône (actuellement Annaba). Il livre une grande partie de son talent sur l’aile droite alternant les dribbles courts, les crochets pied opposé et les centres depuis l’arrière. Abdelhamid Kermali donne le tournis aux défenseurs opposé à lui avec un mental bien en avance sur les joueurs de son âge, il parvient à devenir un des footballeurs les plus essentiels de l’USMS.
Abdelhamid Kermali a conscience de ses qualités, ce n’est donc pas un hasard si lors de l’été 1951, il rejoint un autre club, un autre «USM», encore plus prestigieux, celui d’Alger. Cela ne sera qu’une autre étape pour lui. Kermali n’a qu’une idée en tête, rejoindre la France, bien sûr il y a des justifications financières mais aussi simplement la possibilité de se mesurer à une opposition plus rigoureuse.
Il accumule les buts depuis déjà quatre saisons, et sa progression n’est que de la logique de son immense talent. C’est à Mulhouse qu’il se posera, finalement, pour sa première saison dans l’Hexagone à l’aube de la saison footballistique 1952-1953. Un premier exercice où il prend la mesure du football européen avec une année réussie, malgré la rigueur du climat. Cependant, lorsque l’AS Cannes vient toquer à sa porte à l’intersaison suivante, il n’hésite pas une seule seconde. Outre le climat, la présence historique algérienne dans le club avec Mokhtar Arribi, Mustapha Zitouni achève de convaincre celui qui vient de glaner le surnom de «Karboua» sur la côte d’Azur. L’ancien de l’USMA impressionne, à la fois par son style et sa polyvalence. Deux exercices durant, il est considéré comme l’un des meilleurs joueurs offensifs de la région.
Abdelhamid Kermali a commencé à taper sur un ballon dans les terrains de terres bosselés. Ce n’est donc pas un hasard si les recruteurs des plus grands clubs musulmans d’Algérie y font leurs courses, et pour cela, il faut rendre à César ce qui appartient à César, car c’est grâce à Lyes Benaouda et les frères Laklif, Abid et Kader, trois recruteurs de l’USMS qui craquent pour le gamin.
Kermali avait laissé une carrière professionnelle pour servir son pays en ce jour du 13 avril 1958 qui coïncide parfaitement avec la date anniversaire de l’équipe nationale du FLN à Tunis, c’était un passionné du football. Il avait lui-même expliqué cette ambition et cet amour pour le ballon par une simple phrase «je me souviens très bien que j’utilisais le ballon et les souliers comme oreiller lorsque je me couchais la nuit». Le petit Abdelhamid Kermali surnommé Kerboua débuta son parcours footballistique à l’USMS avant de rejoindre par la suite l’USMA, il gagne en maturité. Il s’est fait un nom à côté des Souna, Sahraoui, Assassi, Safsaf, Sellami, Lakhlif deux, Zaiar Kari, Amara Djeridi et bien d’autres figures avant de prendre la direction d’Alger où il signe une deuxième licence à l’USM Alger. Cette fugue coûta à Abdelhamid Kermali une suspension de deux ans et il devient, du jour au lendemain, un chômeur. Cependant, il arrive à avoir 10 000 francs la veille et prendre la direction de l’Hexagone pour une première étape à Mulhouse durant la saison 1955-56 et grâce à sa technique remarquable. Il attire les recruteurs. Il est sollicité par l’AS Cannes, un club de division Deux où évolue un autre sétifien feu Mokhtar Arribi et un certain, non moins célèbre, compatriote nommé Mustapha Zitouni. Il saisit l’occasion après un round de négociations pour se retrouver à Cannes. A l’issue de la saison 1955-56, l’O. Lyonnais engage l’ex-coach de Cannes Troupel. Ce dernier le convaincra de le rejoindre à Lyon, il réussit une très grande saison aux côtés d’André Laurent, le capitaine des Bleus de France, du Brésilien Constantino et d’autres stars de l’OL. De 1955 à 1958, il disputera 65 matches de division Une, il marquera 14 buts et 7 de Coupe de France et puis vint ce fameux dimanche 13 avril 1958 qui fait que Abdelhamid Kermali répondit à l’appel de la patrie. Il forme avec Arribi (devenu entraîneur joueur à Avignon), Bouchouk (FC Toulouse) et Mekhloufi Rachid (AS Saint Etienne) le groupe qui avait transité par la suisse et l’Italie pour rejoindre le dimanche 20 avril 1958 Tunis où il débuta l’épopée de la glorieuse équipe du FLN. Avec ses compatriotes de cette équipe de la liberté, il disputait plusieurs matches à travers le monde (Bulgarie, Chine, Hongrie, Irak, Jordanie, Vietnam, Pologne, Roumanie, Tchécoslovaquie, URSS et Yougoslavie). Abdelhamid Kermali fut avec Mustapha Zitouni et autres, l’un des joueurs les plus talentueux de l’équipe du FLN.
De 1962 à 1967, celui qui deviendra le Cheikh réintègre son équipe d’enfance, l’USM Sétif. En 1966, avec le défunt Dekoumi président du club rival, l’ES Sétif engage Kermali qui décrocha avec les Noir et Blanc, la Coupe d’Algérie en 1967 en qualité d’entraîneur joueur. Avec l’ESS, Abdelhamid Kermali montre une autre facette de sa maîtrise du football en qualité de coach. Il est le premier entraîneur à avoir introduit le 4-3-3 en Algérie. La reconnaissance de la technicité du Cheikh s’est illustrée par le fait qu’il a drivé des formations de l’Est (USM Annaba, CS Constantine, US Chaouïa, le HB Chelghoum Laïd, CA Bordj Bou Arreridj, l’USM Sétif et l’ES Sétif), du Centre (MC Alger) et l’ES Mostaganem à l’ouest du pays. Il a été vainqueur du Championnat d’Algérie en 1999 avec le MCA, vainqueur de la CAN des moins de 20 ans en 1979, vainqueur de la Coupe d’Afrique des nations en 1990, vainqueur de la Coupe afro-asiatique des nations en 1991, meilleur entraîneur de la CAN-1990.
Sa réputation a dépassé les frontières. Il a dirigé l’Ittihad de Libye, Ras el Kheima (émirats) et l’AS Marsa (Tunisie) où il a effectué un excellent travail.
Abdelhamid Kermali est un grand Moudjahid de la révolution. Il a tout abandonné pour la noble cause. Il a formé de talentueux footballeurs. Il demeurera inoubliable, et demeure présent dans les cœurs de tout les Algériens.
Kouider Djouab

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