Plus de deux années pour obtenir un livret foncier

Conservation foncière de Blida

Le service de la Conservation des documents domaniaux de la wilaya de Blida ne reflète pas l’engagement de l’Etat dans le domaine de l’amélioration du service public.

Les habitants du Grand Blida (chef-lieu, Bouarfa, Ouled Yaich et Béni Mered), souffrent le martyre pour obtenir le fameux livret foncier. Depuis l’incendie de ce service, il y a deux années, la situation est devenue encore plus compliquée pour les travailleurs comme pour les citoyens. Pour obtenir le document, il faut patienter au moins deux années. Le parcours du traitement du dossier est long et compliqué. Après l’enquête faite sur le domicile ou autres biens, c’est le transfert du dossier entre les services. Cette opération peut durée plusieurs mois sans pour qu’elle soit terminée. Mustapha Kahia, un enseignant en retraite a passé plus de deux années pour obtenir sont livret foncier de son appartement acquis dans le dans de session des bien de l’Etat (parc immobilier de l’Opgi). Il a fallu des interventions auprès des responsables de la direction des domaines pour que son dossier retrouve surface. «Les services des domaines m’ont donné le numéro du bordereau d’envoi de mon dossier pour aller le réclamer auprès des services de la Conservations. L’envoi de mon dossier a été effectué au début de l’année 2019. Depuis, aucune suite», explique l’ex-enseignant, avant de raconter les déboires vécus en faisant le va-et-vient dans le service de la Conservation. Un service totalement amoindri en personnel qualifié.
«Sans une intervention de la part des responsables, vous pouvez toujours attendre. Il n’y a pas de personnel sur qui compter. Il n’y a que deux employés qui maîtrisent le travail, mais ils sont submergés par les dossiers à traiter. Ils n’arriveront jamais à mettre à jour le dossier», explique un agent de sécurité qui tente de raisonner des citoyens qui insistent à rencontrer le responsable. «Revenez lors de la journée de réception», réplique-t-il aux citoyens en colère. A l’intérieur, une vieille dame s’appuyant sur une canne, pique une colère et crie à la hogra. Elle sanglote en réclamant son livre foncier de son appartement qu’elle attendait depuis des années. Les larmes yeux, elle jure de ne pas quitter les services sans avoir une réponse à son problème.

Dossiers brûlés

«Son dossier a été brûlé dans le dernier incendie nous sommes tenus de refaire tout le travail d’enquête», explique un responsable qui requiert l’anonymat. Ce dernier, muté dans un autre service, est revenu temporairement pour prêter main forte à son collègue complètement dépassé par le volume de travail et la pression des citoyens qui exigent leur livret foncier. Il tente de calmer la vielle dame en lui expliquant qu’il s’occupera personnellement de son cas. «Il vaut mieux, qu’elle refasse le dossier pour pouvoir entamer l’enquête, argumente l’ex responsable. Et d’ajouter : «Nous sommes que deux pour gérer des milliers de dossier. C’est un travail qui demande enquête, vérification profonde et maîtrise des lois.
La moindre erreur et vous vous retrouvez derrière les barreaux», justifie-t-il. Devant le manque flagrant de personnel, les agents de sécurité se transforment en agents polyvalents. Ils accueillent, orientent et conseillent les citoyens sur la constitution de leur dossier et les méthodes à prendre pour éviter le rejet des dossiers. «Ces agents sont d’une grande utilité. Ils ne sont pas habilités à faire certains travail, mais par manque de personnel, nous sommes obligés de leur faire appel», explique l’ex responsable qui évoque l’absence d’un agent de saisi. «Je dois saisir tout ce travail afin d’envoyer le dossier aux services des domaines pour approbation.
Mais pour le faire, je dois arrêter de faire mon travail. Voilà une des raisons du retard que nous rencontrons dans le traitement des dossiers des citoyens», explique encore l’ex-responsable. Pour lui, le problème de la délivrance du livret foncier ne sera résolu que par le lancement du système de numérisation.
Rachid Lounas