Un précurseur de la chanson oranaise moderne

Il y a cinq ans disparaît Blaoui Houari

L’artiste Blaoui El Houari, précurseur de la chanson oranaise moderne et un des symboles de la culture algérienne disparu en 2017, a marqué de son empreinte la scène artistique nationale avec un répertoire riche de 500 chansons dont une dédiée à la mémoire d’Ahmed Zabana, premier Martyr à être guillotiné par la France coloniale.Auteur et compositeur, Blaoui El Houari a contribué à insuffler une note de renouveau et de modernité à la musique algérienne, et à créer la chanson oranaise moderne, bâtie sur les bases de la chanson bédouine dont il a côtoyé plusieurs de ses illustres porte-voix.
Il est aussi considéré comme un des pionniers de la chanson patriotique, un art qui a contribué au côté de la lutte armée des Algériens contre l’occupation française.
Très jeune, il entame sa carrière dans les années 1940, d’abord comme musicien avant de fonder son premier orchestre et d’enregistrer son premier 45 tours en 1949.
Né le 23 janvier 1926 à Sidi Blel dans le quartier de M’dina Jdida (Oran), il quitte les bancs de l’école à l’âge de 13 ans pour travailler dans le café de son père où il s’occupe de l’entretien du phonographe avant de travailler au port d’Oran où il apprend à jouer au piano et à l’accordéon.
Issu d’une famille d’artistes, avec un père virtuose de la kouitra et un frère maitrisant le banjo et la mandoline, il est initié dès son jeune âge à la musique.
Durant la guerre de libération, Blaoui El Houari a été détenu dans un des camps de regroupement coloniaux de Sig (Mascara) pour ses activités militantes. Ami du martyr Ahmed Zabana, premier d’une longue liste de militants pour l’indépendance à être guillotiné le 19 juin 1956, Blaoui El Houari compose, sur un texte de Chérif Hamani, «Zabana», qui deviendra un de ses titres les plus célèbres.
Au lendemain du recouvrement de l’indépendance, il dirige avec son ami Ahmed Wahbi, un autre monument de la musique algérienne, l’orchestre de la radio et de la télévision à la station d’Oran où ont été formés de nombreux jeunes talents.
Dans les années 1960, il a œuvré à moderniser la chanson oranaise et la musique algérienne tout en préservant son authenticité avec des succès comme «Bya daq el mor», «El Mersem», «Hmama» ou encore «Nedjma».
L’artiste avait également grandement contribué à l’émergence de nombreuses stars de la chanson oranaise et du raï durant les années 1980 à l’image de Houari Benchennat, Sabah Saghira, Samia Bennabi, Baroudi Benkhedda, ou encore Cheb Khaled, qui a repris plusieurs de ses chansons.
En 2017, trois mois avant son décès, Blaoui El Houari avait été décoré de la médaille de l’Ordre du mérite national, avant qu’un timbre postal à son effigie, œuvre du plasticien Tayeb Laïdi, ne soit émis par Algérie Poste en 2018.
Blaoui El Houari est décédé le 19 juillet 2017 à l’âge de 91 après une longue maladie qui l’a éclipsé, des années durant, de la scène artistique.
R.C.