Une institution opérationnelle

Haute autorité de transparence, de prévention et de lutte contre la corruption

Crée par l’article 204 de la Constitution en remplacement de l’ancienne Autorité nationale, la Haute autorité de transparence, de prévention et de lutte contre la corruption est maintenant opérationnelle après l’installation officielle, hier, de sa présidente, Mme Salima Mesrati, et des membres du Conseil de l’autorité, par le Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane, au nom du Président Abdelmadjid Tebboune, au cours d’une cérémonie qui s’est déroulée au Palais du Gouvernement.La nouvelle Haute autorité a été créée par la Constitution à partir du programme présidentiel, qui place la moralisation de la vie publique et la lutte contre la corruption parmi les priorités. Les leçons tirées de l’expérience devraient permettre de donner à la Haute autorité plus efficace et plus d’efficience en particulier pour concrétiser les principes de transparence et d’intégrité comme règles de moralisation de la vie publique. Il ne s’agit donc pas d’un simple changement dans l’intitulé d’une institution, mais de mettre en œuvre les leçons tirées de l’expérience acquise sur le terrain de la prévention et de la lutte contre la corruption au cours d’une quinzaine d’années surtout depuis 2019 avec le lot de révélations apportées par le traitement judiciaire des grandes affaires de corruption. Dans son allocution prononcée à cette occasion, le Premier ministre a rappelé la référence à «l’édification de l’Algérie nouvelle qui consacre les principes de transparence, d’intégrité et de bonne gouvernance et les fondements de l’Etat de droit et de justice» et ses préalables «la nécessité de moraliser la vie publique, consacrer l’indépendance de la justice et renforcer la reddition de comptes, en veillant à mettre la gestion des affaires publiques à l’abri du pouvoir de l’argent». Le travail de la Haute Autorité ne sera pas facile dans un contexte socio-économique dominé par les acteurs de l’informel qui agissent, tout le monde le sait, en dehors de toute transparence, dans la mesure où ils exercent toutes leurs activités en violation de la loi, en utilisant, précisément, la corruption pour se maintenir et continuer à exister. L’argent de l’informel exerce une grande influence sur la gestion des affaires publiques. Le défi à relever par la Haute Autorité dans sa mission de moralisation de la vie publique indispensable au développement économique et social, concernera sans doute la lutte contre le secteur informel qui échappe à toute traçabilité et donc à tout contrôle, manipulant des sommes énormes dans le pays et certainement à l’étranger par la fuite des capitaux, en profitant de l’accroissement du volume des exportations hors-hydrocarbures. La manne financière qui a commencé à se profiler à l’horizon grâce à l’augmentation des recettes extérieures, a sans doute déjà créé chez les «prédateurs» la tentation de s’en emparer à travers les voies détournées dont ils ont la maîtrise. L’installation de la Haute Autorité de transparence, de prévention et de lutte contre la corruption constitue la dernière étape de parachèvement de la construction de l’édifice institutionnel, a souligné le Premier ministre. La loi a accordé à la Haute Autorité, a fait observer le Premier ministre, «d’autres prérogatives juridiques qui ne sont pas moins importantes que les prorogatives constitutionnelles, dont les plus importantes concernent l’enquête administrative et financière sur les signes de la richesse illicite des fonctionnaires publics». La même loi a tenu également à «élargir la composante du conseil de la Haute Autorité, pour englober des magistrats, des personnalités nationales et des représentants de la société civile, selon le rôle que cette dernière peut jouer, en tant que partenaire essentiel et principale dans la prévention et la lutte contre la corruption». Le Premier ministre a rappelé que la Constitution «a classé cette autorité parmi les institutions de contrôle, de même qu’elle l’a dotée de larges prérogatives, en vertu desquelles, elle se charge de mettre une stratégie nationale de transparence, de prévention et de lutte contre la corruption, veiller à sa mise en oeuvre et à son suivi, contribuer à la moralisation de la vie publique, à la consolidation des principes de transparence et de la bonne gouvernance et contribuer au soutien des capacités de la société civile et des autres acteurs dans la diffusion de la culture du rejet de la corruption et de la protection de l’argent public».
Lakhdar A.