Le ministre français Gérald Darmanin discute l’autonomie de la Corse

France

Gérald Darmanin s’y était engagé. Le cycle de discussions sur l’avenir de la Corse avec une délégation d’élus est lancé. «Nous sommes prêts à aller jusqu’à l’autonomie», avait assuré le ministre en mars dernier alors que l’île était en proie aux violences sur fond de revendications indépendantistes que l’agression d’Yvan Colonna par un de ses codétenus avait fait brusquement rejaillir.
«Nous avons convenu de nous revoir toute une journée, toutes les six semaines» pour un «cycle de concertations d’une année», a déclaré le ministre à l’issue de la première réunion du Comité stratégique sur l’avenir de la Corse avant de préciser : «A chaque fois, nous poserons la question de l’avenir institutionnel. Est-ce que si on veut améliorer telles ou telles choses dans le modèle économique et social, on peut le faire à droit constant ? […] Sinon, comment écrire une potentielle loi organique, voire des changements institutionnels qui vont vers un statut d’autonomie que nous pourrions proposer au président de la République et au Parlement».
La méthode est saluée par Françoise Gatel, sénatrice centriste, présidente de la délégation aux collectivités territoriales. «Le contexte institutionnel n’est pas un préalable au cycle des discussions qui va porter sur des thématiques territoriales. Le dialogue est prévu pour s’installer dans la durée. Les participants vont pouvoir s’apprivoiser. En ce sens, la méthode proposée par Gérald Darmanin est la bonne», relève-t-elle.
Le ministre français de l’Intérieur a engagé, jeudi, une nouvelle série de discussions sur l’avenir institutionnel de la Corse. Gérald Darmanin a déclaré avoir réuni le «premier comité stratégique dédié à l’avenir de la Corse», à la résidence du préfet de Paris, rue de Grenelle, en présence d’une délégation de 20 élus corses, présidée par l’autonomiste Gilles Simeoni, le président de l’exécutif corse.
Cette première réunion du comité, mis en place à la suite de l’assassinat d’Yvan Colonna, l’indépendantiste corse, assassin du préfet Claude Érignac, a permis de convenir d’un calendrier et d’un programme de travail, selon le ministre.
À l’issue de la réunion, Gérald Darmanin a déclaré que le comité a «convenu de nous revoir toute une journée, toutes les six semaines» pour un «cycle de concertations d’une année». Dans le cadre de ce programme, les trois prochaines réunions permettront de discuter des «aspects économiques et sociaux» pour l’Île de Beauté, des «questions foncières et de la spéculation immobilière» et des questions relatives à l’identité et aux institutions de la Corse. Bien que le ministre ait souligné qu’il n’y aurait «aucun tabou» dans les discussions, il a néanmoins établi quelques lignes rouges à ne pas dépasser : que «la Corse reste dans la République» et qu’il «n’y ait pas deux types de citoyens» sur l’île de Beauté. Une évolution institutionnelle de la Corse vers un statut d’autonomie reste dans le champ du possible, tel que s’y était engagé le ministre de l’Intérieur, en mars dernier.
Gilles Simeoni a souligné, pour sa part, que la question d’une «autonomie pleine et entière, une véritable autonomie, sera intégrée pleinement dans le champ de la discussion».
Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, effectuera une visite de deux jours en Corse, à partir de samedi. Il a prévu de rencontrer des élus corses, des représentants du monde économique, des étudiants, ainsi que les forces de sécurité présentes sur l’Île de Beauté.n