Tamanrasset, le poumon commercial du Sud

L’Algérie s’apprête à créer des zones franches

Depuis plus de deux ans, l’Algérie accélère les réformes structurelles et institutionnelles pour renforcer, entre autres, son arsenal juridique et réglementaire devant l’aider dans sa transition économique. L’objectif est de diversifier sa production locale, ses ressources, mais aussi ses partenaires au niveau régional et international. Après avoir ratifié au mois de mai 2021 l’accord portant création de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) pour faciliter l’exportation du produit algérien, le Gouvernement œuvre à la création des zones franches, notamment, dans les régions du Sud.Les wilayas de Tamanrasset et de Tindouf dotées de la logistique et d’infrastructures nécessaires, sont choisies pour abriter les premières zones franches. Une première dans le pays.
Le projet de loi définissant les règles générales applicables aux zones franches adopté, il y a trois semaines par le Conseil de la Nation, permettra au pays de renforcer la coopération et l’intégration économique régionale et panafricaine, notamment, depuis la mise en application de la Zlecaf, le 1er janvier 2021. Un outil stratégique pour aussi diversifier l’économie nationale et promouvoir les exportations.
La sécurisation de ses exportations est primordiale pour maintenir la dynamique des échanges commerciaux avec ses partenaires économiques et renforcer le contrôle pour lutter contre l’informel et la contre-façon au niveau des frontières. D’où l’importance des règles d’origine et l’élaboration d’une stratégie nationale des exportations. Cette stratégie est déjà mise en place par le ministère du Commerce et de la Promotion des exportations qui encourage les entreprises nationales à exporter leurs marchandises vers les pays voisins (Tunisie, Libye, Niger, Mauritanie…) et d’explorer de nouveaux marchés à l’international. Des progrès sont déjà enregistrés dans ce secteur, selon le ministre de la Tutelle, Kamel Rezig qui a fait état, la semaine dernière, de «2.000 entreprises nationales exportatrices à l’heure actuelle, contre 800 en 2021». Le nombre a plus que doublé, ce qui démontre l’intérêt particulier accordé à l’exportation, mais aussi l’ambition des sociétés nationales de promouvoir leurs ventes à l’international. Ainsi booster les exportations hors hydrocarbures. Les opérateurs économiques pourraient en effet intensifier leurs activités d’exportation dans le cadre des accords signés entre l’Algérie et les autres pays du monde ou dans le cadre des zones de libre-échange (Zlecaf, Gzale), l’accord d’association avec l’Union européenne (UE) et les zones franches. Selon un rapport de la Banque mondiale (BM) la Zlecaf «pourrait apporter des avantages économiques et sociaux importants pour le continent, en permettant notamment d’augmenter les revenus régionaux de 9% d’ici 2035». Une opportunité à saisir par l’Algérie.
En application des instructions du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, les autorités s’apprêtent à créer des zones franches. Le déploiement de zones permettra de renforcer les échanges commerciaux avec les pays partenaires, mais aussi d’attirer de nouveaux investissements étrangers directs (IDE).
L’autre objectif fixé par les autorités algériennes. Le choix des wilayas de Tamanrasset et de Tindouf pour créer les premières zones franches n’est pas fortuit. Leur position est idéale pour devenir un pôle commercial stratégique dans la région. Elles permettront au pays d’intensifier la coopération économique et commerciale avec les pays africains. Les plate-formes logistiques existantes dans les régions frontalières vont faciliter la création des zones franches dans un environnement plus adapté. «La gestion de la Zone franche sera accordée contre une redevance à payer auprès de l’administration des domaines», a expliqué auparavant
M. Rezig assurant que «d’autres avantages fiscaux et douaniers concernant les activités commerciales seront mises en œuvre». Pour réussir sa première expérience de création de zones franches, l’Algérie a renforcé sa réglementation et s’engage à mettre en place les mécanismes nécessaires et adéquats pour accompagner les entreprises exportatrices. Un cahier des charges strict a été mis en œuvre en vue de garantir une meilleure gestion de ces zones franches, dans un cadre transparent. Il sera aussi maintenu au sein de ces zones franches le commerce de troc et de la commercialisation des produits subventionnés exercés traditionnellement dans les zones frontalières.
Samira Takharboucht