Une longue résistance et un combat victorieux

Recouvrement de la souveraineté nationale

Le soixantième anniversaire du recouvrement de la souveraineté nationale est l’occasion de revenir sur la période coloniale et la longue résistance du peuple algérien puis le combat victorieux des moudjahidine engagés dans la Révolution du 1er Novembre 1954 qui ont permis à l’Algérie de se libérer de l’occupation française. Des conférences de spécialistes sont données sur cette période en même temps que des témoignages d’acteurs directs de notre Guerre de libération nationale sont recueillis. Ainsi, l’Institut national des études de stratégie globale (Inesg) a arrêté un programme qui s’étalera durant une année dans le cadre, cent conférences sont prévues au niveau du siège de l’Institut et à travers les universités du pays en coordination avec les facultés et les laboratoires d’études en histoire. Dans ce cadre, l’Inesg a organisé, jeudi, une conférence sur «les véritables motifs de la campagne française menée contre l’Algérie en 1830», en passant notamment en revue le contexte de cette campagne à l’époque et les mutations locales et internationales qui ont amené à l’invasion de l’Algérie. A ce propos, Dr Mohamed Gachour, doyen de la Faculté des Sciences humaines et sociales à l’université de Chlef, est revenu dans son intervention intitulée «Du rapport de Vincent-Yves Boutin de 1808 à la campagne militaire française contre la ville d’Alger», sur les conditions internes difficiles que la France vivait du fait du conflit qui existait entre les adeptes de la monarchie qui recouraient à la violence comme moyen d’exercer la politique et les constitutionnalistes. L’intervenant a démontré que la campagne militaire menée contre l’Algérie «n’était qu’un alibi dissimulant la volonté d’une invasion coloniale», indiquant que le rapport de Vincent-Yves Boutin, l’espion de Napoléon, sur la base duquel le débarquement de Sidi Fredj a été exécuté, prouve «l’intention d’occuper l’Algérie».
De son côté, Dr Mohamed Darradj de l’Université d’Alger 2 a passé en revue les mutations internationales qui ont favorisé l’occupation française, citant notamment «l’émergence de l’Algérie comme puissance de premier plan dans le bassin méditerranéen», laquelle est devenue, a-t-il dit, «une menace pour la France qui a recouru à tous les moyens pour l’envahir». La destruction de la flotte algérienne, qui avait soutenu la flotte ottomane contre les marines britannique, française et russe dans la bataille de Navarin, «a fragilisé la marine algérienne devenue incapable de protéger ses côtes». Pour Dr. Derradj, l’expédition française n’est que la continuité des croisades. Par ailleurs, d’anciens Moudjahidine ont témoigné sur la nouvelle organisation stratégique des rangs de l’Armée de libération nationale (ALN) qui «s’est vite imposée» à partir d’août 1959 pour survivre à l’infernale opération «Jumelles» lancée le 22 juillet de la même année par les forces coloniales pour anéantir les combattants de l’ALN dans les maquis. Le Moudjahid Aknouche Messaoud, dit «Mohamed Bouachrine», un des rescapés de cette offensive des forces coloniales, dit se remémorer «l’horreur» de cette opération qui, a-t-il dit, «a obligé les commandants de l’ALN à opter pour une réorganisation stratégique de ses rangs afin de pouvoir survivre à cet enfer».
Malgré son ampleur et les dégâts qui s’en sont suivis, l’opération «Jumelles» enclenchée il y a 63 ans, jour pour jour, par le général Challe, notamment dans la wilaya III historique, «n’a pas empêché les combattants de l’ALN de remporter des victoires», a-t-il affirmé. «Nous avions réalisé de grands succès sur le terrain après d’héroïques batailles menées à Thamellahth (Ahnif), à Azro N’Tssedarth (Ath Mansour) ainsi qu’à Lkaf Ntkarroussth à El Adjiba», se souvient-il. «Les soldats ennemis, en nombre impressionnant, ont subi, eux aussi, de lourdes pertes, malgré le fait que nous perdions à chaque fois des moudjahidine durant cette opération qui nous a appris à nous réorganiser davantage pour réduire nos pertes», a encore témoigné Si Bouachrine. Cet ancien moudjahid, aujourd’hui âgé de 90 ans, raconte, en outre, qu’un système d’organisation en petits groupes a été adopté par les différentes sections et compagnies de l’ALN dans tous leurs déplacements nocturnes avec un niveau élevé de vigilance pour fuir au contrôle de l’armée coloniale. Et Bouachrine de poursuivre que sa compagnie était composée de trois sections et chaque section était formée de 35 combattants, tous grades confondus. Lakhdar A.