L’approvisionnement de l’Espagne en gaz algérien suspendu

Le Gazoduc Medgaz en maintenance

Dans un communiqué de presse rendu public hier, la compagnie nationale des hydrocarbures, Sonatrach a annoncé la suspension de façon temporaire de l’approvisionnement de l’Espagne en gaz, évoquant un incident technique au niveau du Gazoduc Medgaz. «Un incident s’est produit du côté espagnol, dimanche en fin de matinée, sur le Gazoduc Medgaz, reliant l’Algérie à l’Espagne, provoquant une rupture momentanée de l’approvisionnement en gaz de l’Espagne», précise la Sonatrach assurant que «les équipes techniques espagnoles sont à pied d’œuvre pour effectuer les réparations nécessaires et rétablir l’approvisionnement de l’Espagne en gaz dans les plus brefs délais».
D’ici la fin des réparations, le flux de gaz vers l’Espagne du gaz algérien via le Gazoduc Medgaz devrait ralentir avant de couler à nouveau de manière régulière. Mis à part cette circonstance oblige, l’Algérie a toujours respecté ses engagements pris envers son client espagnol, et ce, malgré la grave crise diplomatique qui sévit depuis presque deux mois entre les deux pays. La Sonatrach n’a jamais failli à ses engagements, malgré les rumeurs qui circulent sur la chute des livraisons de gaz algérien vers l’Espagne et l’éventuelle baisse de l’utilisation du gaz algérien en Espagne. C’est ce qu’a d’ailleurs affirmé, il y a une semaine, le Président-directeur général (P-DG) de l’entreprise espagnole Enagás, Arturo Gonzalo Aizpiri, qui a affirmé dans un entretien accordé au quotidien d’information espagnol «El País», que «l’Algérie est un fournisseur très fiable dans le domaine des hydrocarbures». L’Espagne tente en effet de réduire sa dépendance aux énergies fossiles, mais pas dans l’immédiat en raison de la crise énergétique et économique qui secoue l’Europe depuis le début de la guerre en Ukraine. Certes le Royaume d’Espagne n’est pas dépendant du gaz russe, car une grande partie de sa consommation provient de l’Algérie. Le champion du gaz liquéfié (GNL) en Europe et qui a les plus grandes infrastructures de stockages a toujours compté sur l’Algérie pour faire marcher son industrie. Le pays qui a commencé récemment à importer du gaz russe fait passer ses intérêts avant l’intérêt des pays européens.
La semaine dernière, Madrid a rejeté la mesure de l’UE visant à réduire de 15 % la consommation de gaz. Selon, Teresa Ribera, ministre de la Transition Écologique : «Contrairement à d’autres pays, les Espagnols n’ont pas vécu au-dessus de leurs possibilités du point de vue énergétique», affirmant que l’Espagne paye très cher la facture de sa dépendance. Pour rappel, la Sonatrach a déjà engagé des négociations pour la révision des prix du gaz vendu à l’Espagne et a menacé de lui couper le gaz si «elle venait à dévier le gaz algérien vers une destination tiers». Aujourd’hui, l’Algérie livre du gaz à l’Espagne uniquement via le Gazoduc Medgaz après la fermeture définitive à la fin 2021 du Gazoduc Maghreb Europe (GME) et des méthaniers.
Samira Tk.