Ressources naturelles, refondation de l’ordre international, nouveaux enjeux géopolitiques L’Algérie face à son destin

L’Algérie deviendra l’un des prochains géants de ce monde. Beaucoup de stratèges le pensent et parfois même l’évoquent. De nombreux facteurs le laissent penser. L’Algérie avec d’autres pays feront partie du prochain casting du nouvel ordre international. Nouvel ordre politique, économique et militaire. L’Egypte, la Turquie post-Otan, le Vietnam, l’Iran, le Venezuela, Cuba et la Corée du Nord seront aussi de la partie. L’ordre du monde se refonde et la redistribution des cartes se déploie.
Beaucoup de puissances entament désormais leur déclin. Il n’y pas de grand remplacement. Il y a un grand déclassement des uns et un grand reclassement des autres. Ce processus récurrent depuis que le monde est monde était en gestation depuis des décennies. Depuis quasiment la fin de la seconde guerre mondiale. L’humanité et particulièrement ceux qui n’ont cessé de revendiquer un nouvel ordre du monde, un monde multipolaire, ont été témoins du pire. Guerres, agressions, dilapidation des richesses et autres abjections du même genre ont constitué le menu d’une hégémonie occidentale qui a non seulement causé les pires ennuis pour l’humanite mais au final provoqué l’appauvrissement de leurs propres peuples. Ces nombreux pays seront les futures puissances et auront pour attelage ce duo qui aura réussi à briser l’hégémonie du monde occidental, le tandem sino-russe qui se déploie désormais sur tous les continents.
La guerre russo-ukrainienne, s’il faut l’appeler ainsi, continue de révéler de quoi l’avenir du monde sera fait et quelles en seront les différentes étapes chronologiques.
Le déclin de l’occident est non seulement amorcé mais son inéluctable déroulement acté. Les chefs d’état occidentaux le savent même s’ils continuent d’espérer le contraire. Ainsi, face au déclenchement de la guerre en Ukraine, la France a été parmi les pays qui ont le plus manifesté d’hostilité à l’égard de la Russie notamment pendant la présidence de la Commission de l’Europe. Le président français a réussi à persuader de nombreux pays parmi ses alliés d’envoyer du matériel militaire en Ukraine et de décider d’un agenda de sanctions économiques contre la Russie.
La suite des evenements a donné raison au Président Poutine qui a non seulement continué la guerre en neutralisant le soutien logitique occidental, gagner la bataille de la communication en suscitant un reel élan de sympathie dans une grande partie de l’opinion internationale et réussir ainsi à battre et a défaire pour la première fois la redoutable machine de propagande et de désinformation occidentale incarnée par les fameux grands trusts médiatiques sous toutes leur formes. La Russie a également réussi à gérer l’effet des sanctions décidées contre elle, à les retourner contre l’Europe et les Etats-Unis en décrétant le rouble comme monnaie de paiement de tout achat en Russie et d’échange et a obligé grâce à de nombreux leviers les Etats-Unis à se rétracter dans leur politique de sanctions et à isoler la France qui amputée de son allié de circonstance post brexit ne peut plus prendre d’initiative dans ce conflit. D’ailleurs le Président français pourrait probablement solliciter le soutien d’Alger pour espérer renouer le contact avec un Président Poutine dont tout le monde connait l’aversion et le peu d’estime, exception faite peut-être de l’Allemagne, pour de nombreux dirigeants occidentaux. D’ailleurs, les effets collatéraux de la guerre russo-ukrainienne apparaitront plutôt que prévu. L’un des plus importants est sans doute l’Europe qui dans son organisation actuelle ne survivra pas à la secousse provoquée par le Président Poutine. Amoindrie par la décision du Royaume-Uni de faire cavalier seul et affaiblie par la position de nombreux pays qui ne veulent pas entendre parler de guerre contre la Russie, l’Union européenne est sans doute en mort cérébrale comme le sera encore plus l’OTAN, cet outil de destruction massive qui malgré les gesticulations politico-médiatiques n’a plus les moyens d’affronter, de gérer et de résoudre les nombreux conflits internationaux.
L’Europe dans son mode d’organisation politique n’existe que grâce à l’obstination têtue de technocrates qui s’opposent à la volonté des peuples européens qui rêvent d’en finir avec cette supra-structure qui nie l’existence des nations. Cette guerre russo-ukrainienne aura également achevé l’hégémonie des Etats-Unis sur la conduite des affaires du monde. Ces derniers ne peuvent plus déployer leurs forces militaires sur les nombreux points de tension qui existent et accusent désormais un réel retard géostratégique, mais pas seulement, par rapport à la Russie et la Chine qui tiennent l’agenda de la planète.
L’ancien Président Donald Trump a compris ce retournement de situation dans le leadership mondial, en anticipant le déclin Etats-Unien en invoquant son fameux slogan de campagne «America First» qui ne peut en aucun cas faire oublier la déconfiture de l’armée américaine tant en Afghanistan qu’en Irak où encore l’abdication face à « l’insolence » de la Corée du Nord.
Le monde post-guerre russo-ukrainienne est en cours de décantation. Ce processus permettra de voir la réalité des nouveaux rapports de force qui lentement mais surement se mettent en place. Le sommet Russie–Turquie – Iran à propos de la Syrie n’est qu’un aperçu de ce que sera le nouvel agenda du Monde. Israël n’échappera pas à ce rouleau compresseur qui vient et devra se soumettre aux nouvelles règles d’autant plus que le retard occidental n’est plus que géostratégique mais surtout technologique. Les nouveaux concepts d’armement militaire échappent aux décideurs occidentaux et la Russie, la Chine ainsi que d’autres puissances ont désormais une longueur d’avance. Un spécialiste militaire disait récemment que l’enjeu n’est pas de disposer d’ogives nucléaires mais de pouvoir les déployer, les lancer où les larguer. Les nouvelles technologies militaires permettent de neutraliser toute possibilité de déploiement de cet arsenal, ce qui change complétement la donne. Concernant Israël, le Maroc constitue hélas aujourd’hui pour elle du pain béni. Et les stratèges israéliens sont loin d’être stupides. La soumission du régime marocain serait donc une opportunité pour engranger de nouveaux espaces et de nouvelles terres. Ainsi les nouvelles colonies ne seront plus construites en Cisjordanie ou à Gaza mais plutôt au Maroc et au Sahara Occidental. Israël découvre de nouveaux problèmes comme l’exode de ses meilleures compétences, la prolifération des mariages mixtes ou encore le nombre élevé de suicides dans son armée qui constituent, selon ses experts, une menace réelle pour sa propre existence. Le Maroc pourrait constituer une nouvelle colonie que les israéliens piaffent d’impatience d’occuper, de coloniser et d’exploiter à leur seul et unique profit au grand dam des marocains de souche qui devront à leur tour aller chercher du travail en Israël et participer peut-être et pour certains d’entre eux à renflouer les rangs des milices sionistes chargées de la répression et de l’élimination des populations palestiniennes. Tel sera hélas le scénario le plus probable concocté par les israéliens dont le dernier des soucis est le bonheur du peuple marocain.
Le monde est en pleine crise et l’Algérie dispose de tous les atouts pour grandir dans cette nouvelle opportunité tout en maintenant sa cohésion et son intégrité.
Les richesses naturelles insoupçonnées et inexploitées encore que recèle l’Algérie (terres rares, pétrole, gaz, or, fer, phosphates, énergie solaire, agriculture, etc.) sont un pari pour l’avenir. Le monde entier en est conscient et les puissances prédatrices se préparent à se positionner, y compris militairement, par rapport à ce nouvel eldorado qui va engendrer une richesse fabuleuse pour l’Algérie.
Ce ticket d’entrée parmi les nouveaux puissants de ce monde n’est pas une illusion, ni une appréciation naïve des enjeux actuels et encore moins une lecture biaisée des perspectives à venir. Il faudra s’y préparer minutieusement.
Et une super puissance est portée par deux socles incontournables. Une économie florissante portée par l’exploitation judicieuse et au profit exclusif de l’Algérie d’immenses richesses naturelles tout en adoptant le principe de précaution et de préservation des richesses au profit des générations futures et une armée puissante capable de protéger un territoire immense et d’anticiper toute velléité d’agression par des puissances étrangères stationnées à proximité de ses frontières.
En somme, une force tranquille consciente de sa puissance économique et militaire, respectueuse de l’intangibilité des frontières des pays avoisinant mais capable de réponses dévastatrice et foudroyante lorsque le droit international est violé et sa sécurité menacée.
Salim Metref