1962, remettre en route le système éducatif

Soixantenaire de l’indépendance

Dans son ouvrage intitulé «Algérie 1962, une histoire populaire», l’historienne Malika Rahal propose à ses lecteurs de déplier les événements complexes et importants pour l’histoire de l’Algérie indépendante et revient, entre autres, sur l’urgence de remettre en route le système éducatif, un des premiers défis à relever par les autorités algériennes.
Cet ouvrage de 419 pages, paru dernièrement aux éditions Barzakh, délimite une tranche d’histoire allant de janvier à décembre 1962, et s’intéresse aux dossiers, tous plus urgents les uns que les autres, qui attendaient cette «Algérie de tous les futurs» au sortir de 132 ans de colonisation. L’historienne expose, dans cet ouvrage, «l’Algérie de toutes les urgences» qui devait, en plus de la santé et de l’éducation, se nourrir, se loger, déminer les sols, faire fonctionner les usines, former des instituteurs, des médecins, des ingénieurs pour assurer ce changement vers un Etat national.
Pour aborder cette urgence scolaire, l’universitaire cite une brochure non datée du gouvernement colonial qui soulignait «l’absurdité de vouloir loger et scolariser l’ensemble de la population colonisée d’Algérie».
La brochure relève que «la scolarisation de deux millions d’enfants est presque irréalisable, puisque la construction des écoles absorberait la totalité du budget algérien (…) et qu’il faudrait payer 40 000 maîtres supplémentaires».
Citant les chiffres de l’Office national des statistiques en 1970, Malika Rahal fait état de 2 078 361 enfants scolarisés du premier au troisième cycle, et précise que, d’après les mêmes données, l’Algérie comptait 23 602 enseignants à la rentrée de 1962 et qu’on en comptait 64 744 en 1972, à peine dix ans plus tard, soit plus de 40 000 de plus.
Selon les chiffres de la dernière rentrée des classes 2021-2022, ce sont plus de 10 millions d’élèves qui ont rejoint les bancs des établissements d’enseignement primaire, moyen et secondaire, soit près du quart de la population, alors que le nombre d’enseignants a atteint les 510 000. Du côté des infrastructures, le nombre d’établissements scolaires a, quant à lui, atteint les 28 585 répartis sur les trois paliers.
Née en 1974, Malika Rahal est agrégée d’histoire, spécialiste de l’histoire contemporaine de l’Algérie et chargée de recherche au Cnrs en France. Elle dirige, depuis janvier dernier, l’Institut d’histoire du temps présent à l’Université Paris 8.
Elle est l’auteure de «Ali Boumendjel, une affaire française, une histoire algérienne» (2011) et de «L’Udma et les udmistes, contribution à l’histoire du nationalisme algérien» (2017).
R.C.