Un accord à 175 millions de dollars

Développement des gisements de fer Boukhadra et Ouenza avec les Turcs

Le ministre de l’Energie et des Mines, Mohamed Arkab a supervisé avant-hier à Alger la signature d’un mémorandum d’entente (MoU) entre le groupe Manadjim El Djazaïr (Manal) et la société turque Ozmert Algérie, dans le cadre du développement et la valorisation des gisements de minerai de fer de Boukhadra et Ouenza, dont le montant du contrat s’élève à «175 millions de dollars». Ce partenariat «permettrait au pays d’approvisionner son secteur minier en matière première nécessaire sans recourir aux importations», a indiqué M. Arkab, précisant que «l’objectif est donner une nouvelle vie au gisement de minerai de fer de Ouenza et développer une richesse en créant une matière première que nous importons».Ce contrat permettait de booster le développement de la wilaya de Tébessa et de répondre aux attentes de ses habitants, notamment, aux jeunes chômeurs. Un mal qui ronge depuis longtemps les jeunes diplômés de la région.
Pour rappel, en octobre 2020, lors d’un d’une visite d’inspection dans les deux mines situées dans l’Est du pays (Tébessa), Boukhadra et Ouenza, le ministre de l’Energie et des Mines, Mohamed Arkab avait mis l’accent sur l’impératif et l’urgence de «renforcer les mines de fer au niveau des communes d’El Ouenza et de Boukhadra afin de redoubler la production nationale en la matière», mais aussi à «recruter davantage de main-d’œuvre relevant de la région et d’élaborer un programme de permanence assurant la disponibilité d’un stockage important de fer brut». Ces deux mines sont un important pourvoyeur d’emplois, mais qui souffrent d’un besoin très lourds en infrastructure, d’où l’attention particulière accordée par le ministère de tutelle au développement de ces deux gisements de fer aussi importants pour alimenter le complexe sidérurgique d’El-Hadjar (Annaba).
Le ministre a reconnu plusieurs fois que l’exploitation et le développement des réserves importantes de ces deux mines nécessitent «davantage d’efforts», impliquant toutes les parties concernées pour atteindre l’objectif et renforcer leur capacité de production. Pour y parvenir, le ministère invite les investisseurs étrangers à investir dans le secteur minier et à nouer des partenariats gagnant-gagnant avec les opérateurs nationaux. L’intérêt des investisseurs ne manque pas.
Ces deux régions (Boukhadra et Ouenza) lourdement touchées par la crise sanitaire et économique, exacerbant les pressions sociales ont besoin de projets structurants pour absorber le chômage et promouvoir la croissance économique de la wilaya de Tébessa. Cette dernière recèle un potentiel important en ressources, sous-exploitées. Les capacités minières des deux gisements de fer de Boukadra et d’Ouenza s’élèvent à plus de «70 millions tonnes», selon les chiffres communiqués auparavant par le ministre à auxquelles s’ajoutent «les 3 milliards de tonnes à Ghar Djebilat».
Quant aux capacités minières en phosphate elles s’«élèvent à 2,5 milliards de tonnes à Bir El Ater et ses environs (Tébessa), outre d’autres métaux précieux et non précieux», a fait savoir le ministre.
La wilaya de Tébessa et sa population souffrent de manque d’infrastructures et de manque de projets structurants. M. Arkab œuvre à faire sortir cette région de l’ombre à travers le développement et la valorisation du secteur minier et le lancement de nouveaux investissements de long terme en vue d’impulser une nouvelle dynamique de développement dans la région. Le partenariat signé avec l’entreprise turque s’inscrit dans le court, moyen et long terme, a précisé le ministre.
«Il vise à concrétiser plusieurs étapes, dont la première, est la vente de minerai brut par Manal ou ses filiales au profit de Ozmert Algérie ou ses filiales, dans la cadre d’un contrat commercial (100.000 tonnes à partir de 2022 jusqu’à 500.000 tonnes en 2028)». «A moyen et long terme, l’accord porte sur l’enrichissement du minerai, par la production de concentré ou «Pellet Feed», la production de boulettes ou pellets, à partir du minerai enrichi ou concentré, la production de «préréduit ou DRI», la production de produits semi-finis, ainsi que la commercialisation des produits y compris l’exportation», a-t-il ajouté.
L’Algérie vise à travers ce projet la réduction de sa facture d’importation et à renforcer et diversifier sa production pour atteindre d’abord son autosuffisance en la matière et d’orienter l’excédent de production vers les marchés internationaux. «Ce partenariat débutera par des actions commerciales (contrats de ventes de minerai brut), et devrait s’étendre à des réalisations d’installations industrielles basées sur l’extraction d’important volume de minerai (environ 6 à 7 MT/an) et c’est l’objet de cet accord», a indiqué le ministre, évoquant la valeur des importations du pays en minerais et pellets qui avaient, selon lui, atteint «1 milliard de dollars en 2021 et pourraient grimper à 2 milliards de dollars en 2025». «Des sommes que le pays va économiser avec le développement de ce projet», a-t-il souligné.
Samira Takharboucht