UNE PREMIÈRE AU SAHARA : «BOUCLIER DU DéSERT 2022» EXERCICES MILITAIRES RUSSO-ALGéRIEN

Exercices d’envergure russo-algérien baptisé «Bouclier du désert 2022»

Le bureau de presse militaire du Sud de la Russie a annoncé des exercices antiterroristes conjoints russo-algériens, baptisés le Bouclier du désert 2022, se tiendront en novembre pour la première fois en Algérie. La formation se déroulera sur le terrain d’essai d’Hammaguir en Algérie. Moscou et Alger ont récemment renouvelé leur partenariat stratégique dans plusieurs domaines, dont un renforcement souhaité de leur coopération dans le domaine énergétique étant tous les deux des pays producteurs d’hydrocarbures. Et Alger sait que ces objectifs ne seront pas réalisés sans passer par une confrontation. Alger s’attend même à ce que le face-à-face se traduise dans le domaine de l’énergie, d’où ce corridor maritime qu’il a inauguré jusqu’en Mauritanie et qui vient de relier le Sénégal.
L’Algérie n’a pas d’ouverture maritime sur l’Atlantique elle envisage de devenir un important partenaire commercial pour la Mauritanie et les pays de l’Afrique de l’Ouest par voie maritime. Environ deux mois après la fin des manœuvres « Lion of Africa » entre les armées américaine et marocaine près de la frontière algérienne, l’Algérie accueille pour la première fois les manœuvres russes « Desert Shield » dans une zone militaire adjacente à la frontière avec le Maroc. Le ministère russe de la Défense a confirmé dans un communiqué cité par les médias russes que les manœuvres militaires « Bouclier du désert 2022 » auront lieu en Algérie au cours du mois de novembre 2022 Les médias espagnols rapportent aussi que ces manœuvres sont un message de défi aux États-Unis et à leurs alliés dans la région.
Pour la première fois dans l’histoire, des forces armées sionistes participent à l’exercice militaire African Lion, organisé chaque année par l’Africom. Cette annonce renforce la coopération entre la Russie et l’Algérie, qui continue d’apparaître comme le meilleur allié du Président russe Poutine en Afrique du Nord.
La première série de ces manœuvres a eu lieu en octobre 2021 dans la région de l’Ossétie du Nord.
La manœuvre de novembre prochain sera sa deuxième édition. L’expert algérien en sécurité Ahmed Mizab a indiqué dans une déclaration à Al-Hurra que les manœuvres font partie du programme de coordination et de coopération en matière de sécurité entre l’Algérie et la Russie à la lumière des relations stratégiques bilatérales et des défis croissants.
« Nous assistons à une escalade de l’extrémisme violent en Afrique de l’Ouest, en particulier dans la région du Sahel », avait déclaré en juin à l’AFP le général Stephen, chef du commandement militaire américain pour la région africaine, à l’issue de ces exercices militaires internationaux. « Lion d’Afrique » à Tan-Tan, dans le Sud du Maroc, le 30 juin 2022
Le général américain a ajouté : « Nous voyons également des acteurs aux intentions néfastes entrer dans la région, et je parle spécifiquement des mercenaires russes Wagner qui sont au Mali. Les pays occidentaux accusent les dirigeants militaires de ce pays d’avoir utilisé les services de cette société militaire privée russe, qui est accusée d’avoir commis des crimes », dit-il. Selon l’expert en sécurité, dans son entretien avec le site Al-Hurra : « Étant donné que les dates ont été fixées plus tôt, et que le programme de coopération militaire n’est pas soumis à de tels critères, mais a plutôt des dimensions au niveau stratégique dans le cadre du renforcement des capacités et la dimension tactique, qui est la réponse à divers défis. Ses manœuvres ont leurs contextes objectifs et ne sont pas liées à des comptes étroits, mais sont basées sur des règles objectives ». Selon la déclaration du ministère russe de la Défense, les manœuvres auront lieu dans l’État de Béchar, dans des champs de manœuvres situés à seulement 50 km de la frontière avec le Maroc. Dans cette région, l’Armée nationale populaire algérienne dispose d’un aéroport et d’une infrastructure dédiée aux manœuvres militaires.
Selon le communiqué publié par Moscou, environ 200 membres des forces armées des deux pays participeront aux exercices et viseront à renforcer l’interopérabilité des unités dans la lutte contre le terrorisme.
L’Algérie avait obtenu 100 BMP-3, en plus de la mise à niveau des BMP-1 et BMP-2 à des normes plus récentes, notamment en les équipant de systèmes de missiles antichars Kornet, un concurrent direct du missile américain Javelin.
Le calendrier 2022 du district militaire sud de la Russie comprend des exercices conjoints avec les forces armées égyptiennes, kazakhes et pakistanaises. Certes l’exercice combiné américano-marocain « African Lion 2022 » s’est terminé le jeudi 31 juin à Cap Draâ (Tan Tan), avec un entraînement entre les forces armées marocaines et les forces armées américaines.
Au cours de cet exercice, auquel a participé le général Stephen Townsend, commandant du Commandement américain pour l’Afrique
(Africom), des manœuvres ont été effectuées avec des avions F-16, des hélicoptères Apache, des véhicules blindés, des chars Abrams et des lanceurs de missiles HIMARS. Soit une reproduction de la guerre telle qu’elle se déroule en Ukraine contre la Russie.
Or, le thème de l’exercice russo-algérien porte sur les actions tactiques pour rechercher, détecter et neutraliser les groupes terroristes soit le moyen de prédilection des forces US pour agir et opérer en Afrique.
Selon le communiqué, les exercices impliqueront des éléments des brigades « motostrelki », l’infanterie mécanisée du Caucase russe.
Le motostrelki est une partie importante des forces armées russes qui utilise des véhicules BMP, que l’Algérie a également achetés. Le pays aurait récemment acquis une centaine de BMP-3, le dernier modèle et aurait modernisé ses BMP-1 et BMP-2. L’annonce de ces exercices coïncide avec une tournée africaine du secrétaire d’État Antony Blinken, tandis que l’annonce initiale avait été faite par le ministère russe de la Défense peu après le début de la guerre en Ukraine et peu après la visite de Blinken au Maroc puis en Algérie. « Le moment choisi pour cette annonce suggère une intention de la part des gouvernements algérien et russe de défier les États-Unis et leurs alliés dans la région », indique le média espagnol Atalayar. L’Algérie compte sur le soutien de la Russie pour appuyer sa candidature pour rejoindre le groupe des BRICS, un groupe économique et politique composé de la Russie, de la Chine, de l’Inde, du Brésil et de l’Afrique du Sud, a-t-on annoncé encore.
Par Oki Faouzi