Les cours au plus bas qu’au début de la guerre en Ukraine

Le pétrole a augmenté, d’environ 1,4 million de barils par jour (Mb/j) en juillet

Alors que l’Agence internationale de l’énergie (AIE) a fait cas de l’augmentation, au mois de juillet dernier, d’environ 1,4 million de barils par jour (Mb/j) de l’offre de pétrole, les cours sont au plus bas qu’au début de la guerre, ayant chuté de plus de 30 % en à peine deux mois. Les prix pourraient se détendre davantage si l’Iran accepte un nouveau projet d’accord nucléaire, ouvrant ainsi un robinet potentiel d’au moins 1 million de barils supplémentaires par jour d’exportations pétrolières iraniennes.
«Je pense que les prix du pétrole pourraient baisser», estime Sarah Emerson, présidente d’ESAI Energy, une société d’analyse. «Nous avons plusieurs facteurs réunis en même temps ; la Chine qui a réduit ses importations de pétrole brut au troisième trimestre, la fin de la forte demande estivale pour l’essence, des inquiétudes sur un ralentissement économique, et franchement, une offre abondante».
Cela, poursuit Sarah Emerson, ne veut pas dire que les prix ne remonteront pas, notant la fin prochaine de la réduction de la réserve stratégique américaine et la possibilité que l’Europe substitue le pétrole au gaz naturel en cas d’hiver froid. Prédire les prix de l’énergie a toujours été un jeu de dupes, car de nombreux facteurs entrent en jeu, notamment les attentes des négociants, l’instabilité politique de pays producteurs comme le Venezuela, le Nigeria et la Libye, et les décisions d’investissement des sociétés pétrolières.
Les prix de l’énergie peuvent monter en flèche aussi facilement qu’ils peuvent s’effondrer, de manière inattendue et soudaine. La Chine, où les confinements liés à l’épidémie du Coronavirus (Covid-19) restent très répandus, finira par rouvrir ses villes à davantage de commerce et de trafic, ce qui augmentera la demande. Les ponctions de pétrole dans la réserve stratégique des États-Unis prendront fin en novembre et il faudra la remplir à nouveau. Et un seul événement inattendu – par exemple, un ouragan – pourrait faire monter en flèche les prix du carburant, font observer des analystes. Ce genre de catastrophe pourrait provoquer des raz-de-marée dans l’économie américaine et même mondiale, car les prix de l’énergie sont fondamentaux pour les prix de tout ce qui est expédié et produit, qu’il s’agisse de céréales ou de matériaux de construction.
«Les prix du pétrole ont toujours la capacité de surprendre», affirme Daniel Yergin, historien de l’énergie et auteur de The New Map : Energy, Climate and the Clash of Nations. Un récent rapport de Citigroup intitulé (When) Will Oil Bulls Start Revising Forecasts Down ?, soulevait plusieurs questions. Avec une récession mondiale «à l’horizon», peut-on lire, «qu’est-ce qui est le plus probable, une saison robuste d’ouragans, voyant les prix s’envoler ? Un retour des barils iraniens ? Ou une récession, avec un pétrole à 60 $ US d’ici la fin de l’année ou le début de 2023 ?» «Si le baril de pétrole devait tomber à 60 $ US, le prix moyen de l’essence aux États-Unis baisserait probablement d’au moins 1 $ US supplémentaire par gallon. Mais quelques jours après les projections de Citi, Goldman Sachs Commodities Research a prédit un rebond des prix avec la reprise de la demande de carburant. «Nous voyons des risques de queue croissants pour les prix des produits de base inhérents au scénario de croissance soutenue, de faible chômage et de stabilisation du pouvoir d’achat des ménages», conclut le rapport.
Rabah Mokhtari