L’activité dépend des sujets

Lecture

Cela est d’autant plus vrai qu’on ne lit pas n’importe quoi, cela dépend du sujet et de l’intérêt que l’on porte à ce sujet, sinon de l’usage que l’on peut en faire.

Il s’agit d’une activité très complexe qui implique des choix et de bonnes conditions d’ordre intellectuel. On lit ce qui nous plait parce que cela semble intéressant et enrichissant, et susceptibles de relever notre niveau, dans des domaines jugés importants. Il y a autant de lecteurs que de niveaux de culture, de goûts et de supports. N’ y a t-il une différence entre les simples lecteurs de l’actualité quotidienne, le passionné de reportages, de biographie des personnalités d’un domaine scientifique, politique, ou littéraire d’envergure internationale, ou celui qui lit assidument des romans, et le lecteur de livres spécialisés, en psychologie, médecine, sciences exactes, littérature, philosophie.
Le livre apporte un complément de connaissances, il permet d’évoluer vers le meilleur et c’est de cette façon qu’on arrive à cerner les difficultés rencontrées durant sa vie de lecteur assidu et pendant sa scolarité, dans tous les domaines de la connaissance et des sciences qui, dans la réalité, n’ont pas de limites. Plus on avance plus on se rend compte qu’on a encore beaucoup de choses à apprendre. On dit que le savant ignore toujours quelque chose et que l’ignorant connait toujours quelque chose.

Lire, c’est décoder
On ne lit pas un petit article de presse comme on lit un texte d’auteur comme un poème. Le premier, s’il s’agit d’un fait divers, il est d’une compréhension abordable tant c’est lié à l’actualité, mais le poème, surtout s’il est d’un auteur qu’on ne connait pas ou reconnu difficile, il peut être d’un abord assez ardu pour qu’on s’arme d’une bonne méthode de décryptage. On essaie de voir d’abord les récurrences en vocabulaire, ensuite les temps : l’auteur peut jouer sur les nuances en opposant les temps du présent à ceux du passé ou du futur, ou en opposant les temps des actions achevées aux temps de l’inaccompli. On est au stade du tâtonnement.
C’est lorsqu’on arrive à dégager quelques thèmes qu’on arrive à pénétrer dans le texte poétique. Et ceci est valable dans toutes les langues, mais dans les langues où le lexique est assez riche pour être précis et comporte beaucoup de connotations, le décodage peut être rendu très ardu au point d’exiger une bonne concentration et beaucoup de réflexion pour arriver au sens. Il en est de même d’une œuvre romanesque qui exige une méthode de décodage pour arriver à la cerner. Ceux qui ont l’habitude de lire ont acquis une expérience de lecteur, on veut parler de ceux qui ont l’habitude de lire et qui ne peuvent se passer des romans dont certains sont de véritables chefs d’œuvre.
Les lecteurs chevronnés connaissent les meilleurs auteurs qui savent narrer des tranches de vie passionnantes, ont l’art de peindre les personnages, chacun dans son univers, en mettant en relief le héros principal autour duquel gravitent tous les autres acteurs du roman. Ils ont le talent de la reconstitution réelle ou fictive des évènements nationaux ou des conflits ayant opposé les personnages ou des groupes contre d’autres pour des raisons diverses ou de caractères, souvent pour des bagatelles et conformément au climat social dominé par les traditions, les problèmes du quotidien. L’auteur nous met dans le vif de la réalité sociale.
Aussi nous avons l’impression en lisant le roman de vivre au rythme des évènements du quotidien et de prendre part aux activités du monde recrée. Dans «Le Polygone étoilé» de Kateb Yacine, il y a d’abord cette particularité de tourner en spirale tant on ne voit ni début ni fin et lorsqu’on se met à lire, on a cette impression d’être au centre de l’effervescence des acteurs au point de se sentir impliqué. De plus, chaque nom ou verbe employé est polysémique, on peut commenter à l’infini un passage, on se rend compte qu’on n’a pas atteint son but.

Lire, c’est s’enrichir culturellement et linguistiquement
Vous ne pouvez pas vous imaginer ce que les personnes qui ne lisent perdent quotidiennement en restant inactif sur le plan de la lecture. En s’abstenant de lire pendant des mois, voire des années ou des dizaines d’années, leurs facultés naturelles : la mémoire, la concentration, la réflexion, l’imagination qui se développent considérablement au point de devenir performantes chez les personnes cultivées, s’atrophient à un point extrême où les gens totalement incultes n’arrivent plus à se rappeler de quelque chose ou à penser de manière attentive. Pendant tout ce temps passé à bavarder inutilement, à fréquenter les bancs publics, du matin au soir, pour voir passer des gens de toutes sortes, à jouer aux dominos, d’autres investissent leur temps des loisirs dans la lecture d’ouvrages de toutes sortes. Il y en a partout, dans la bibliothèque nationale, les bibliothèques communales, les centres culturels. Il faut avoir le courage d’y aller. On y trouve des livres qui répondent à tous les goûts : des recueils de poésie de tous les temps, des pièces théâtrales, des nouvelles et des livres sur divers domaines.
Et quand on lit, on s’enrichit en retenant ce qu’il y a de meilleur de chaque texte ou œuvre : porter un jugement sur les actions des personnages et leur impact sur les évènements et l’évolution du récit si le texte est à valeur narrative, mais si le texte est un discours qui traite d’un phénomène, on le lit avec beaucoup d’intérêt tant la description est faite de façon à aider le lecteur à comprendre. Les profits qu’on peut tirer d’une lecture quotidienne sont immenses lorsqu’elle est faite de manière méthodique.
Avant tout l’idée de contrainte doit être exclue de cette activité reconnue par divers spécialistes comme une thérapie de marque dans la mesure où la lecture éloigne de nous les soucis quotidiens qui nous empêchent de vivre pleinement sa vie. Chaque œuvre que l’on lit élargit les horizons et le champ des connaissances.Nous sommes confrontés au quotidien a des problèmes psychologique que nous poussent à faire l’effort de comprendre des fois au prix d’un travail de concentration considérables mais fructueux à la longue, la lecture nous élève et nous conduit constamment à nous remettre en question. Par ailleurs, la lecture nous en contact permanent avec la langue et nous découvrons à notre profit que les variations sémantiques et les variations syntaxiques donnent des sens différents à la phrase et qu’il faut connaitre le système de la langue pour s’exprimer aisément.
Abed Boumediene