Le Président tunisien qualifie les déclarations de certains responsables américains d’«inacceptables»

Tunisie

Le Président tunisien Kaïs Saïed recevait, dimanche, au palais de Carthage, une délégation du Congrès américain en visite dans le pays. La rencontre s’est déroulée en présence de la Chargée d’Affaires de l’ambassade des États-Unis en Tunisie, Natasha Franceschi, selon un communiqué de la Présidence tunisienne, note l’agence de presse turque Anadolu.Le communiqué tunisien précise que «Saïed a entamé l’entretien avec la délégation américaine en rappelant les étapes historiques des relations tuniso-américaines pluriséculaires».
Kaïs Saïed a ajouté que «les déclarations faites par un certain nombre de responsables (américains) au cours de la dernière période, ne sont en aucun cas acceptables, car la Tunisie est un Etat libre, indépendant et souverain, outre le fait que la souveraineté en son sein revient au peuple qui a exprimé sa volonté lors du dernier référendum (sur la Constitution) et s’exprimera à nouveau lors des élections d’octobre prochain». Selon le même communiqué, plusieurs autres axes liés aux relations entre les deux pays et à la volonté commune de les soutenir davantage ont été abordés lors de cette rencontre.
Le 29 juillet, le ministère tunisien des Affaires étrangères a annoncé, dans un communiqué, qu’il avait convoqué la Chargée d’Affaires de l’Ambassade des États-Unis en Tunisie afin de lui faire part de son mécontentement face à l’«ingérence» et aux déclarations «inacceptables» des responsables américains qui ont critiqué le référendum sur la Constitution.
Le 28 juillet, le Secrétaire d’État américain Antony Blinken a publié une déclaration dans laquelle il estime que «la nouvelle Constitution affaiblit la démocratie en Tunisie».
La déclaration, publiée par l’ambassade des États-Unis en Tunisie, affirmait que «les États-Unis, en coordination avec leurs alliés et partenaires, emploieront tous les moyens à leur disposition pour soutenir le peuple tunisien dans la formation d’un gouvernement démocratique et responsable qui laisse place au libre débat et à l’opposition». La déclaration du département d’État américain a coïncidé avec un discours prononcé devant le Congrès par le nouvel ambassadeur des États-Unis en Tunisie, Joey Hood, qui a notamment affirmé qu’il «utiliserait tous les leviers de l’influence américaine pour plaider en faveur du retour à un régime démocratique».
Le Président tunisien a annoncé, mercredi dernier, l’entrée en vigueur de la nouvelle Constitution, qui a été soumise à un référendum le 25 juillet. Plusieurs forces politiques tunisiennes ont rejeté les résultats du référendum, dont le Front de salut national, le Mouvement Ennahdha et la Campagne nationale contre le référendum (une coalition de cinq partis de gauche), considérant que 75% de l’électorat n’a pas participé au référendum sur la nouvelle Constitution, note Anadolu. La Tunisie traverse une grave crise politique depuis le 25 juillet 2021, date à laquelle Saïed a entrepris d’imposer des mesures d’exception, notamment la destitution du gouvernement et la nomination d’un nouvel exécutif, la dissolution du Conseil supérieur de la magistrature et du Parlement, la promulgation de lois par décrets, l’adoption d’une nouvelle Constitution pour le pays et la tenue d’élections législatives anticipées, note Anadolu.
Certaines forces politiques tunisiennes considèrent ces mesures comme un «coup d’État contre la Constitution de 2014 et la consolidation d’un pouvoir autoritaire», tandis que d’autres forces y voient une «correction du cours de la révolution de 2011», qui avait renversé le régime du président de l’époque, Zine El Abidine Ben Ali (1987-2011).n