Boumerdès

Bordj-Menaïel, une ville qui pleure !

Bordj-Menaïel, c’était mieux avant et les nostalgiques s’en souviennent, le temps poursuit sa route inexorable apportant de grandes mutations dans la société. Tous les jours, on entend ça et là, les gens répéter inlassablement que c’était mieux avant chez les quarante ans et plus, la nostalgie prend souvent de l’ampleur et le dessus.

On regrette le temps où la culture, la générosité, l’entraide faisaient partie de notre société, on fustige les nouvelles technologies qui éloignent les humains des uns et des autres en donnant l’impression de les rapprocher. Qui de nous se permettait de sortir devant sa famille avec des cuissettes, avec des tricots de peau : le monde a changé et c’est désolant cette situation de pourrissement, un peu de respect s’il vous plait, respectez autrui et respectez également les institutions étatiques où vous pénétrez tels que la poste, la mairie, les impôts, la daïra et autres, il y a des femmes. Vu l’importance de la commune de Bordj-Menaïel qui est classée parmi les plus grandes de la wilaya de Boumerdès et pour permettre à cette municipalité historique de sortir rapidement la tête de l’eau, un nouvel découpage administratif est plus que nécessaire.
La population, les intellectuels, les cadres, les associations, la société civile, n’y sont pas allés par quatre chemins pour crier leur désarroi, leur mécontentement, leur ras-le-bol pour solliciter des pouvoirs compétents de braquer leurs regards sur cette commune qui dans un passé pas trop lointain fut le fief de la Guerre de libération nationale en payant un lourd tribu pour la cause algérienne. Bordj-Menaïel est une région très belle, ô combien belle par ses montagnes charmantes des Chracher, Tiharakine, Timezrit, Alouane, Taourirt, et autres, ainsi que ses plaines, vallées et villages comme Aïn El Hamra, Aïn Skhouna, Ouled Ameur, Chender mais aussi combien le retard et le sous-développement sont criants.
Bordj-Menaïel est une ville qui se dégrade et le cœur de cette localité, double chef-lieu de commune et de daïra, laisse à désirer ; et dire que cette région autrefois havre de paix et terre d’accueil était un passage obligé pour les passagers de Tizi- Ouzou et de Bejaïa et vice-versa, qui venaient s’approvisionner en denrées alimentaires, siroter du bon café au Petit Montagnard, le rond point, chacun avait son choix sur ce problème puisque la ville des Coquelicots était réputée pour ses splendides cafés.
Cette commune avait donné plusieurs martyrs, mais depuis l’indépendance, les yeux de l’Etat sont braqués dans toutes les directions sauf vers Bordj-Menaïel, la population locale attend sa part de développement et aspire légitimement à un meilleur cadre de vie, mais tout de même la question reste posé : ne dit-on pas que ce sont les hommes qui amènent le changement, alors depuis 1962, qu’a-t-on fait pour cette région ? Rien du tout !
Des élus sont passés sans jamais réussir quoique ce soit. La preuve : aucune construction étatique n’a été réalisée pour soulager les habitants de leur calvaire, l’héritage laissée par la période coloniale en matière de structures étatiques, à savoir commissariat, APC, daïra, postes, stade de football, recette des impôts et autres n’a pas changé d’un iota, et c’est très grave et même trop injuste.
Donc, la meilleure solution pour cette commune est un nouveau découpage administratif et c’est de cette manière que la localité sortira rapidement de son sous-développement.
La localité de Bordj-Menaïel manque actuellement de toutes les commodités où rien n’est à sa place. Elle a toujours été laissée-pour-compte par les élus locaux et ses députés. Elle semble avoir été oubliée par les autorités publiques, et ce, à tous les niveaux. Elle était plus importante durant la Guerre de libération nationale pour son statut de sous-préfecture (daïra) où elle avait sous sa coupe de grandes villes et villages, tels que Tadmait, Lakhdaria, Naciria, Sidi-Daoud, Ouled Ameur, Cap-Djinet, Timezrit, Béni-Amrane, Aïn-Skhouna Issers, Chabet El Ameur et autres qui, elles, sont devenues actuellement des daïras, tandis que Bordj-Menaïel est restée à la traîne et pour cause, cette municipalité n’a enregistré aucun signe de développement urbain et d’infrastructures publiques. «Nous sommes marginalisés», dira un commerçant, avant d’ajouter sur un air dépité : «Quand je vois d’autres communes et que je les compare à la nôtre, je me dis qu’il y a quelque chose qui ne tourne pas rond. Voyez par vous-même, la population de la ville des Coquelicots vit dans le dénuement et la précarité la plus totale. La preuve, la ville des Coquelicots est plus connue par son titre de «quinze-et-demie». Pourquoi donc ? C’est très simple, le fait que la wilaya de Tizi-Ouzou avait bénéficié d’un budget éloquent dans les années 1970 par le Président feu Houari Boumediène, les responsables de wilaya de l’époque n’avait rien réservé comme manne financière pour la ville de Bordj-Menaïel et Dellys. Ce qui a suscité le courroux des habitants de la région. Même topo dans la wilaya de Boumerdès, Bordj-Menaïel n’a rien vu venir et les citoyens rêvent de jours meilleurs et d’une vie digne, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. La situation est lamentable, les routes, le gaz naturel, l’eau potable, l’éclairage public, l’aménagement urbain, le chômage, les infrastructures sportives sont les premières revendications de toute la population, y compris l’état des lieux déplorable des voies d’accès aux différents lotissements, les ruelles ont perdu de leur bitume devenant de vraies pistes boueuses, nids-de-poule, crevasses jonchées de flaques d’eau. L’agglomération est démunie de toutes les infrastructures sportives, à savoir des terrains de proximité, d’une salle omnisports, d’une piscine semi-olympique, d’un complexe omnisports, d’une salle de boxe, d’une salle de judo, d’une salle de karaté, d’un centre culturel avec toutes les commodités, d’une bibliothèque.
Les moyens de loisirs sont inexistants et les jeunes sont abandonnés, ils ne trouvent aucune occupation et tombent dans l’ennui et le marasme. A quoi servent les jardins publics ? Pour finir, la population de Bordj-Menaïel attend des pouvoirs publics compétents de braquer leurs regards vers la commune des Coquelicots par la construction de nouveaux sièges pour différentes structures, à savoir les services des domaines, le siège de la Conservation foncière, un siège pour la recette des impôts, la prise en charge d’un hôpital moderne et autres secteurs étatiques, et c’est pour cela que Bordj-Menaïel se doit d’être choisie comme wilaya déléguée. C’est la seule sortie de crise.
Kouider Djouab