L’écriture manuelle serait-elle en voie de disparition ?

Face à l’omniprésence de l’ordinateur

Les gens n’ont plus besoin d’écrire, l’ordinateur est là, omniprésent partout, pour toutes sortes de messages à adresser en vue de communiquer.Tout le monde a remarqué qu’il y a moins de facteurs et quand il y en a un, c’est pour distribuer le menu courrier tant les personnes désireuses de parler aux leurs se trouvant au loin ne se servent plus de papiers sous enveloppes. Plus de lettres envoyées pour la bonne année et plus de cartes postales distribuées.

A l’ère de l’écriture
Ecrire est un art qui n’est pas donné à tout le monde. Il exige des qualités : savoir former les lettres, être rigoureux dans la construction des phrases, avoir le sens de l’enchaînement des idées, dire beaucoup en peu de mots, posséder un niveau moyen pour trouver les formules et les mots justes pour se mettre en valeur par rapport au destinataire. Depuis que les hommes ont commencé à écrire, aucun n’a réussi toutes ces qualités. La majorité n’en possède aucune si bien que lorsqu’arrive le moment d’écrire pour l’un d’entre eux, c’est le calvaire et un vrai.
Quand il s’agit d’adresser une lettre à un parent, les plus méticuleux mettent plus d’une semaine pour que la lettre ait une forme correcte. Beaucoup passent par un écrivain public. D’autres pensent beaucoup mais ne trouvent rien à dire et quand ils sont beaucoup de choses à dire, ils ne trouvent pas les mots qu’il faut pour les exprimer. C’est à ce sujet qu’un auteur célèbre a dit : «Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément ».
Ceux qui n’arrivent à s’exprimer, ont un problème de conception. Ainsi, que de lettres très mal écrites ont fait rire leurs destinataires. Le côté de la forme est bien plus important que celui du fond. Mais une belle écriture ne suffit pas pour avoir un bon message, la formation des lettres de l’alphabet fait partie des connaissances comme le fait de savoir écrire sans faute chaque mot que l’on écrit. Dans l’ancien temps, avant l’invention de l’ordinateur, ceux que l’on chargeait ou qui se chargeaient eux-mêmes d’écrire une demande d’emploi, une lettre amicale, un télégramme ou tout autre texte, s’appliquaient en écriture ou à faire de belles phrases.
Généralement, on réussit quand on fait l’effort de s’améliorer. On forme de belles lettres de l’alphabet en arabe et en français, en minuscules ou en majuscules .Les anciens écrivaient d’abord au porte-plume que il’ trempaient dans l’encrier contenant l’encre de Chine ou toute autre variété d’encre. En arabe, on obtient différents caractères d’écriture dont les meilleurs relevaient de l’esthétique. La calligraphie est un art, au sens plein du terme, l’art de composer un texte à l’encre de Chine, avec les pleins et les déliés qui le rendent beau à voir n’est pas à la portée de tous.
Pour écrire à l’encre de Chine, il faut tenir habilement la plume. Il semble impossible d’obtenir les mêmes résultats avec un stylo à bille d’aujourd’hui, en calligraphie. La plume s’impose et pas n’importe laquelle. L’écriture est porteuse d’indications précieuses sur l’état d’esprit et les qualités morales de l’auteur. Les graphologues sont là pour en apporter les preuves concrètes. Toutes les lettres qu’ils lisent leur apportent des informations sur le caractère de chaque personne qui a écrit. Ils vous diront par exemple, celui-là est d’un caractère nerveux, celui-ci se remarque par la manière de former chaque signe d’écriture.
Ils passent à un autre auteur de message écrit qu’ils trouvent calme, capable de concentration, et il en va de même de chaque écrit anonyme que des chercheurs ont analysé et qui confirment le jugement du graphologue. La graphologie infaillible en tant que science, a prouvé que l’écriture est largement représentative de l’état d’esprit de chacun. Mais, il y a un autre moyen efficace d’écrire sans faire de fautes.
Cela commence à la première année où après une leçon de lecture, on demande à l’enfant d’écrire un mot lu. Le mot est reproduit sur l’ardoise et on demande à tout le monde de lever l’ardoise. Au début il y a peut-être des erreurs, mais au bout d’un certain temps, l’enfant a appris à mémoriser les mots lus. Ce procédé appelé « procédé Lamartinière » valable pour toutes les langues qu’on enseigne est doublement efficace ; il développe la mémoire en installant un climat d’émulation ou de compétition en classe, il conduit au progrès, les enfants font tout pour être les meilleurs. C’est ce qu’on appelle la dictée, exercice de synthèse qui pousse l’enfant à être de plus en plus vigilant en ce qui concerne l’orthographe d’usage ou grammatical.
Plus l’enfant grandit, plus on lui demande : d’abord des mots en 1ère année, des phrases en 3ème année, des phrases complexes en 5ème année, des textes au CEM. S’il y a un réel suivi pédagogique, il y a sûrement progrès sur le plan de l’écriture, du respect des règles d’orthographe. La dictée pour ceux qui en ont fait l’expérience est irremplaçable, à condition qu’elle soit perçue comme exercice de synthèse pour l’orthographe, la grammaire, le vocabulaire.

A l’ère de l’ordinateur et de l’internet
La plupart des enfants ne travaillent plus. Chacun a un portable sophistiqué pour être connecté en permanence et par écouteurs interposés. Il écoute la musique, suit de près les messages des autres. Il en envoie et de minables aux autres, ses semblables. Il n’écoute pas les adultes éducateurs, car il est dans un autre monde bien plus intéressant pour lui et pour tous les jeunes branchés. Ce qu’ils écoutent, ce n’est pas les reportages instructifs, mais plutôt les clubs de rencontres avec tous les risques que cela présente. Il m’a été donné, grâce à un jeune, d’écouter et de voir des images d’un reportage sur la Méditerranée, quel régal pour les enfants qui le suivaient avec attention ! Mais la jeunesse d’aujourd’hui est branchée sur des sites dangereux pour leur santé morale.
Il y a toutes les tentations malsaines dans l’internet. Allez demander à ces jeunes de bien suivre la dictée pour améliorer leur orthographe d’usage ou grammatical. On vous prendrait pour des déconnectés, des attardés mentaux ou des arriérés. Pendant le cours de mathématique, de physique, de sciences, ils sont connectés et en permanence. Il n’y a pas de limitation. A l’examen, ils s’assoient à côté des bons élèves pour se faire souffler quelques bonnes réponses, il y a de fortes chances pour que les médiocres réussissent par la tricherie.
Ce qui a toujours fait la différence entre les individus lettrés et illettrés, c’est la manière de former les signes d’écriture. Les intellectuels ont chacun une façon d’écrire originale et un texte écrit avec soin par l’un d’entre eux, est clair, propre, élégant, c’est une œuvre d’art. Quant aux écritures illisibles parce que les caractères d’écritures difficiles à déchiffrer créent la confusion, c’est d’une lecture fastidieuse. On peut terminer en affirmant que chaque individu a son écriture, comme il a ses idées, ses pensées, sa manière de percevoir le monde, son caractère confirmant par-là que la vie est faite de différences. Mais, depuis l’avènement de l’ordinateur, l’écriture est devenue uniforme, sauf à l’examen où chaque candidat est obligé d’écrire de sa propre main et quels dommages.
Abed Boumediene