Serena Williams pour une dernière fois sur les courts

US Open

,L’Américaine Serena Williams devrait jouer à l’US Open l’ultime tournoi d’une phénoménale carrière, avec l’objectif de prolonger le plaisir contre la Monténégrine Danka Kovinic pour son premier tour à New York.
C’est une immense championne qui devrait tirer sa révérence après une carrière prolifique. Sur l’emblématique court Arthur Ashe, qui s’annonce plein à ras bord avec 23 800 spectateurs attendus, Serena Williams se présentera lundi 29 août à 19h locales face à Danka Kovinic (23h TU, mardi 30 août à 1h pour la France). Là, tout avait commencé pour elle, lorsqu’en 1999 elle s’offrait le premier de ses 23 Grands Chelems, à seulement 17 ans.

La plus grande joueuse de tous les temps
Quel que soit le résultat de ce match, l’Américaine de 40 ans (elle fêtera son 41e anniversaire le 26 septembre) ne quittera pas encore définitivement les courts de Flushing Meadows. Bénéficiant d’une invitation, elle disputera aussi le tournoi de double aux côtés de sa sœur aînée Venus (42 ans), qui elle n’a pas encore annoncé une prochaine retraite.
Mais pour Serena Williams, qui est considérée comme la plus grande joueuse de tous les temps, même si elle reste à une longueur du record absolu de Majeurs détenu par l’Australienne Margaret Court, c’est bien le simple qui prévaut. «J’espère qu’elle prendra du plaisir», a commenté le quadruple vainqueur du tournoi John McEnroe, indiquant qu’elle «ne vient pas pour perdre au premier tour».
Pourtant, elle a été battue dès son entrée en lice en juin à Wimbledon par la 115e mondiale, la Française Harmony Tan, pour son retour en simple après un an d’absence, en raison d’une blessure à une jambe. Ensuite, l’ancienne numéro 1 mondiale, aujourd’hui retombée à la 413e place, n’a passé qu’un tour à Toronto, puis perdu d’entrée à Cincinnati. Mais le public viendra voir avant tout une icône de la petite balle jaune faire ses adieux à la scène.

Elle a changé le tennis
Plus qu’une domination, c’est une révolution que Serena Williams a imposée au tennis féminin durant ses vingt ans de règne – quasiment – sans partage. L’Américaine a «changé le tennis , en a «ouvert les portes», a «inventé l’intimidation», fait venir le «business», relevait son ancien coach Patrick Mouratoglou en septembre 2021, pour expliquer en quoi sa championne était la plus grande joueuse de l’Histoire.
Depuis qu’on lui a mis dans les mains sa première raquette, peu après son quatrième anniversaire, seule sa sœur Venus a, par moments, contesté sa supériorité. De Roland-Garros 2002 à l’Open d’Australie 2003, quatre tournois du Grand Chelem consécutifs se sont terminés par la même affiche : Williams contre Williams. Du jamais vu.
À la tête d’un immense palmarès avec 7 Open d’Australie, 3 Roland-Garros, 7 Wimbledon, 6 US Open, mais aussi 14 titres du Grand Chelem en double avec sa sœur et quatre médailles d’or olympiques (une en simple, trois en double), Serena a remporté son 23e et dernier «Majeur» en Australie en 2017. Depuis la quête d’un 24e titre lui a échappée.

Elle a grandi dans le violent ghetto de Compton
Alors que certains auraient pu voir dans la naissance de son premier enfant en septembre 2017, après une grossesse et un accouchement compliqués, un signe de retraite anticipée, la cadette des Williams a au contraire démontré que sa fille Olympia était pour elle une motivation supplémentaire. Revenue à la compétition en mars 2018, elle a retrouvé son niveau et joué encore quatre finales, deux à l’US Open et deux à Wimbledon, mais en vain.
L’Américaine de 40 ans avait annoncé début août que le «compte à rebours» de sa retraite avait commencé, certes sans préciser ni quand ni où elle tirerait sa révérence. Sans attendre, le public new-yorkais s’est arraché les places pour l’US Open. «Il arrive un moment dans la vie où nous devons décider de prendre une autre direction. Ce moment est toujours difficile lorsque vous aimez tellement quelque chose», avait-elle confié au magazine Vogue début août, promettant de «savourer ces quelques semaines à venir».
Au crépuscule de sa carrière, Serena Williams reste la joueuse ayant grandi dans le violent ghetto de Compton, près de Los Angeles, et dont l’abnégation et la rage de vaincre ne se sont jamais démenties. «Ne la sous-estimez pas», prévient sa compatriote Chris Evert, six fois lauréate de l’US Open comme Williams.

«J’ai grandi en la regardant jouer. Elle est la raison pour laquelle je joue au tennis»
Serena a montré, comme Arthur Ashe avant elle dans le tennis masculin ou Tiger Woods dans le golf, qu’il était possible pour les Noirs de se faire une place dans ces microcosmes de Blancs, en dépit des nombreux obstacles, pour mieux dominer et même révolutionner la discipline. «En tant que joueuse de tennis noire, j’avais une apparence différente. Je parlais différemment. Je m’habillais différemment. Je servais différemment. Mais quand j’entrais sur le court, je pouvais rivaliser avec n’importe qui», résumait Williams il y a quelques années.
«Serena a travaillé dur pendant longtemps, avec détermination, dévouement et discipline. J’espère qu’elle restera dans le tennis d’une manière ou d’une autre ; ce serait bon pour le tennis. Serena est une légende», déclare l’Espagnol Rafael Nadal. La plupart des grands joueurs du circuit ont eu des mots forts pour rendre hommage à l’Américaine. «J’ai grandi en la regardant jouer. Elle est la raison pour laquelle je joue au tennis», a récemment confié Coco Gauff, Afro-Américaine de 18 ans, finaliste du dernier Roland-Garros.
Finir là où tout a commencé en 1999, et si possible dignement, voilà l’ultime défi de Serena Williams.n