Que de rentrées scolaires chargées d’histoires et de souvenirs !

Ecole

C’est la rentrée scolaire, pareille à toutes celles qu’ont connues nos anciens qui en ont l’expérience agréable ou désagréable, certains d’entre eux sont devenus des personnalités après des études fructueuses, sinon ils ont réussi leur vie, d’autres ont échoué.

L’école, tout le monde s’en souvient, certains parce qu’ils y ont fait leur première expérience bénéfique de la vie sociale, ont réussi pendant que la majorité se sont amusés ou ont fait les cancres. De la vie scolaire, on garde vif le souvenir de la première rentrée tant elle comporte d’évènement inoubliables.
En réalité, toute la scolarité dépend de ce premier jour. Lorsqu’on interroge les gens de tous âges pour leur faire dire ce qu’ils ont retenu de cette journée mémorable, quelques-uns se rappellent bien des recommandations du maître sur la manière de se tenir en classe, de faire le rang lorsqu’arrive l’heure de sortir et de rentrer. Beaucoup restent marqués par cette atmosphère d’une salle austère que rien n’égaye, avec des rangées de tables, un grand bureau et une chaise d’où le maître ou la maîtresse donne des recommandations.
Même arrivés à un âge avancé, on garde des souvenirs vifs de son premier jour de classe. Parmi les enfants de l’ancien temps, un grand nombre d’entre eux avaient fait l’école coranique avant d’aller à l’école de tout le monde.
Ces enfants habillés proprement sinon de neuf viennent à l’école, les uns rayonnants de joie, les autres indifférents, mais une infime minorité vient en pleurs, quelques-uns arrivent tirés par le père ou la mère et chaque année, les même scènes se répètent. Le comportement de l’enfant dépend en grande partie de l’éducation reçue à la maison. L’expérience a montré que l’enfant trop choyé ou gâté a du mal à quitter le giron familial pour rentrer dans un milieu qui lui est totalement étranger. L’enfant peureux est généralement fils unique tout le temps couvé par les parents et surtout par une mère poule. Cependant, il y a des enfants de famille nombreuse qui, par nature, ne veut pas de l’école.

De l’école d’antan à celle d’aujourd’hui par les anecdotes
Du temps où il n’y avait rien, la seule issue qu’il y avait pour les petits innocents c’était la rue pour la ville avec toutes ses tentations malsaines et les champs pour la campagne. Nous vous rapportons l’histoire d’un enfant d’il y a très longtemps et qui n’avait accepté d’aller à l’école, régulièrement, qu’au bout de deux années ratées.
La première année, il avait peur du maître qui menait sa classe comme un boucher conduit son troupeau ; ce maître était grand de taille et il avait coutume de crier fort à chaque fois qu’un élève commettait une faute. Aussi cet enfant qui avait été traumatisé, avait juré de ne plus remettre les pieds à l’école. Tout le monde avait essayé de lui faire entendre le langage de la raison, mais en vain.
Parents, voisins, tous ceux qui se sont sentis touchés par un tel comportement singulier avaient tout fait pour l’inciter à aller à l’école, mais aucun résultat et l’enfant a fait l’école buissonnière toute l’année. Arrive la deuxième année, il a repris les bancs de l’école, mais le malheur, c’est qu’il est tombé sur un maître d’école pire que le premier, il usait souvent du bâton pour corriger quiconque avait fauté. Il allait en classe de manière irrégulière et il lui arrivait même de se faire accompagner d’une personne âgée, après une longue absence, pour ne pas recevoir de coups. Au cours de cette deuxième année, il avait repris l’école, mais n’avait rien appris. C’est à la troisième année que les choses allèrent bien.
En triplant, il retrouve l’instituteur idéal qui lui fallait. C’était un vieux à la veille de la retraite, assagi par l’âge et une longue pratique du métier, il prenait ces enfants de première année avec beaucoup de délicatesse et il arrivait à leur transmettre tout ce qui entrait dans le programme. Le triplant se sentait à l’aise et pour la première fois, il s’est accroché à l’école et depuis, il n’avait jamais doublé. Jusque dans le secondaire. Il existe des jeunes qui ne savent ni lire, ni écrire parce que pour une raison ou une autre, ils n’ont pas fréquenté les bancs de l’école, et arrivés à l’âge adulte, ils font appel aux services d’un écrivain public pour remplir un imprimé ou un chèque.
Quand des jeunes de trente et quarante ans ne savent ni lire ni écrire en arabe et en français et dans aucune autre langue, il faut se poser des questions : ou ils n’ont pas fait l’école, ou ils l’ont fréquentée quelque part mais l’ont quittée sans avoir rien appris, sinon pendant leur scolarité, ils ont fait les perturbateurs, ce cas est le plus fréquent. Dans l’ancien temps, c’était compréhensible avec les conditions de vie déplorables qui n’avaient pas permis à la plupart des enfants d’aller à l’école et qui se retrouvent analphabètes tout leur vie, mais, aujourd’hui avec toutes les possibilités, c’est inadmissible et condamnable. Il a été donné de voir des jeunes bien habillés, faire la chaîne devant les écrivains publics. Les écrivains publics ont encore de beaux jours devant eux, on en trouve devant chaque bureau de poste, quelquefois, ils sont nombreux à faire ce précieux travail qui leur rapporte un bon pécule.

C’est pourquoi il faut engager les enfants à faire la fabuleuse aventure de l’école
Il faut leur parler des hommes et des femmes obligés de confier leurs secrets à une t personne étrangère et de lui faire lire une lettre ou d’en faire écrire une correspondance devant normalement rester intime. On fait rentrer dans la tête des enfants qu’apprendre à lire, à écrire à compter, appelés les fondamentaux en langage pédagogique, est une libération. Pour qu’il y ait progrès pour tous à l’école, la volonté de l’enfant est primordiale. Et pour que le maître ou la maîtresse s’intéresse à son métier, c’est merveilleux.
L’enseignant doit prendre sérieusement en charge les fondamentaux pour sauver les enfants de l’illettrisme sans les bousculer et sans les humilier.
On peut bloquer un enfant qui a de grandes capacités pour devenir médecin ou chercheur dans le domaine scientifique, en lui disant des paroles humiliantes telles, tu es un âne, tu n’es qu’un vaurien, tu dois aller planter des pommes de terre. Il faut encourager les enfants au lieu de les humilier, ceci est valable pour certains parents qui sont sans pitié vis-à-vis de leurs enfants quand ils ont tendance à vouloir dévier de la voie normale. Il faut expliquer à l’enfant qui n’apprend pas ou qui refuse d’aller à l’école, qu’il se prépare à devenir un délinquant malheureux, que la seule voie pour devenir plus tard un homme ou une femme comblé(e), c’est de bien travailler pour devenir un bon ou une bonne élève. Le maître a un rôle déterminant dans la conduite des enfants à l’école. Il doit apprendre à se remettre en question et avoir l’esprit de sacrifice.
Quand une leçon n’est pas passé pour la majorité des petits élèves, il doit chercher une méthode plus appropriée poux mieux transmettre le message. On vous garantit que lorsque vous cherchez, vous trouvez la voie et moyens qui vous permettent de mieux intéresser les enfants. D’ailleurs, il y a toujours une partie « éveil de l’intérêt » en début de chaque leçon et qui permet de démarrer à chaque fois dans les fondamentaux. Une fois acquis à la perfection les fondamentaux : lire, écrire, compter jusqu’en 4ème année, vous avez sauvé. Et quelle fierté on en tire d’avoir aidé des enfants à devenir autonomes. Arrivés à ce stade, les élèves sont lancés pour se débrouiller, il leur suffit de continuer sous l’œil bienveillant du maître et d’avoir un esprit de compétition bien installé en eux.
Tout est possible pour un enseignant qui s’engage à faire du bon travail pédagogique et là-dessus, on vous raconte une anecdote vécue. Un jeune instituteur venait d’être nommé dans une école à classe unique, une classe où il y avait tous les niveaux : de l’initiation au cours moyen 2ème année et toute l’année, ce brillant maître qui venait de commencer son métier a suivi à la lettre tous les niveaux. Il est arrivé à obtenir de bons résultats et à faire réussir des candidats à l’examen d’entrée en sixième alors que jamais auparavant il n’y a eu d’admis aux examens dans les annales de cette école. Le maître en question est atypique, d’ailleurs il a fait une belle carrière et ses élèves sont devenus des personnalités honnêtes. Quelle aventure fabuleuse pour lui et pour ses élèves.
Abed Boumediene