L’ONU appelée à prendre des décisions courageuses

De Mistura à Tindouf

Des messages «importants» ont été adressés à l’ONU par les responsables sahraouis qui ont appelé l’Organisation internationale à prendre «des décisions courageuses» pour trouver une solution juste au conflit au Sahara occidental, après une série de rencontres et d’entretiens avec l’envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies, Staffan De Mistura, dans les Camps de réfugiés sahraouis.

De Mistura, qui s’est rendu samedi dans les Camps de réfugiés sahraouis, la deuxième visite du genre dans la région depuis sa nomination, a eu une série d’entretiens et de rencontres avec plusieurs responsables sahraouis, notamment le président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) et secrétaire général du Front Polisario, Brahim Ghali, qui l’a reçu, dimanche soir, au siège de la Présidence sahraouie, dernière étape de sa visite.
Dans le cadre de sa visite également, l’émissaire onusien a rencontré la délégation sahraouie chargée des négociations, des représentants de femmes et de jeunes sahraouis et le chef d’Etat-major de l’armée de libération sahraouie. La visite du diplomate italo-suédois a été marquée par des messages «importants» adressés par les responsables sahraouis aux Nations unies, au Conseil de sécurité et à l’ensemble de la communauté internationale, pour faire avancer le processus de décolonisation au Sahara occidental, occupé par le Maroc depuis 1975.
A l’issue de sa rencontre avec les membres du Conseil consultatif (CCS) de la RASD, le président de ce Conseil, Ahmed Ibrahim Lemghifri a déclaré à l’APS que «l’ONU et le Conseil de sécurité doivent prendre des décisions courageuses, dans l’objectif de trouver une solution juste au conflit au Sahara occidental».
Dans ce sillage, M. Lemghifri a appelé la communauté internationale à «une intervention urgente pour protéger les droits de l’Homme au Sahara occidental et amener le Maroc à respecter les résolutions de la légalité internationale, permettant au peuple sahraoui d’organiser un référendum d’autodétermination». Pour sa part, le membre du Conseil consultatif sahraoui, Mohamed Lamine Bali a souligné que sa rencontre avec De Mistura avait permis d’adresser plusieurs messages à l’ONU, au Conseil de sécurité et à la communauté internationale. Le peuple sahraoui «a mené une bataille durant laquelle il a réalisé de nombreuses victoires au plan diplomatique. Toutefois, l’arme demeure, si besoin est, le seul discours que comprend l’ennemi colonisateur», a-t-il soutenu.

Appliquer la légalité internationale
A l’issue de sa rencontre avec l’émissaire onusien, le chef d’Etat-major de l’Armée sahraouie, Mohamed El-Ouali Akeik, a affirmé de son côté que «les messages de l’Armée sahraouie portent sur la nécessité pour les Nations unies, le Conseil de sécurité et la communauté internationale de s’engager dans l’application de la légalité internationale et d’accélérer la recherche d’une solution juste au conflit au Sahara occidental, une solution garantissant au peuple sahraoui son droit à l’autodétermination».
Déplorant l’indifférence de l’ONU notamment vis-à-vis du dossier sahraoui, il a affirmé que sa rencontre avec De Mistura avait aussi permis de «faire passer des messages importants à l’ONU, notamment au Conseil de sécurité, quant au reniement du droit du peuple sahraoui à la liberté et l’indépendance, l’absence auprès de la communauté internationale d’une véritable réaction, ainsi que le traitement inacceptable réservé au Maroc». La visite de Staffan De Mistura dans les camps de réfugiés sahraouis a été également l’occasion pour les responsables sahraouis de réaffirmer la disposition du Front Polisario à coopérer avec les Nations unies pour trouver une solution au conflit sahraoui.
Dans ce contexte, le représentant du Front Polisario à l’ONU et membre de la délégation chargée des négociations, Sidi Mohamed Omar, a réaffirmé à l’issue de sa rencontre avec De Mistura, «la disposition du Front à coopérer avec les Nations unies ainsi qu’avec l’envoyé personnel, en vue de parvenir à une solution pacifique, juste et durable, basée sur le respect total du droit constant et inaliénable du peuple sahraoui à l’autodétermination et à l’indépendance».
Quant au chef de la délégation de négociation sahraouie, Khatri Addouh, il a dénoncé le fait que «toutes les démarches de l’ONU ont échoué à faire avancer le processus de décolonisation au Sahara occidental en dépit des bonnes intentions, du génie, du caractère de tous les envoyés personnels onusiens successifs et de la disponibilité de la partie sahraouie».
«Le Maroc vit encore dans le passé, tentant d’imposer sa politique du fait accompli qui est loin d’influencer la volonté du peuple sahraoui, résolu à poursuivre le combat pour accéder à son droit à l’autodétermination», a relevé Khatri Addouh à l’issue de sa deuxième rencontre avec De Mistura. A noter que ce dernier soumettra l’ensemble de ses entretiens sous forme de briefing, au Conseil de sécurité au moment du renouvellement, en octobre prochain, du mandat de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO). Après les Camps de réfugiés sahraouis, De Mistura s’est rendu en Algérie (pays voisin et observateur dans le processus de paix au Sahara occidental) où il a été reçu, lundi à Alger, par le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ramtane Lamamra. Les deux parties ont examiné lors de cette rencontre «les derniers développements de la question sahraouie et les perspectives de renforcement des efforts onusiens en vue d’une reprise des négociations directes entre les deux parties au conflit, le royaume du Maroc et le Front Polisario», selon un communiqué du ministère. L’émissaire onusien poursuivra ses consultations sur le dossier sahraoui en se rendant en Mauritanie, également pays voisin et observateur, a-t-on indiqué.
APS