Le professionnalisme, faut-il y croire encore ?

«Le niveau de jeu ne m’intéresse pas, il va s’améliorer, ce qui m’intéresse pour le moment c’est le score», telle est la réaction d’un entraîneur d’un club algérois à un confrère.
Pas étonnant que de pareilles déclarations soient entendues çà et là et se transportent d’une saison à une autre. Ce qui brouille la bonne gestion des clubs est l’interférence par des membres extérieurs au club pour fluctuer et protéger leurs intérêts. «Il y a des moments où nous sommes tentés de tout abandonner et quitter la maison sportive… Que faire lorsqu’un entraîneur déclare que quelques membres du staff menacent de tout brouiller si «leurs» joueurs ne sont pas alignés ? Comment voulez-vous que le football évolue ? Ou mieux encore lorsque des personnes étrangères à la gestion du club, imposent «leurs» joueurs à l’entraîneur».
Dans une revue spécialisée on peut lire : «Quelle tristesse de confronter le football d’aujourd’hui à celui d’il y a quelques années. Alors, on jouait par esprit de clocher, enthousiasme et passion pour les foules sportives. Aujourd’hui au contraire, l’indifférence et l’appât du gain facile».
La vie dans les clubs de football est souvent infernale, «la vie dans les clubs est faite de scénarios, d’écrits, de réalisations et de mises en scènes par des dirigeants pour qui le football est presque étranger, mais s’infiltrent pour préserver leur intérêts». Pour notre confrère, expert des questions de droit foot, Yazid Ouahib d’El Watan (août 22) «les problèmes sont énormes et multiformes tant au niveau du football amateur qu’à celui du prétendu professionnalisme. Aucune sérieuse initiative, digne de ce nom, pour sauver le football n’émerge tant que les mêmes hommes et les pratiques resteront de mise». Il ne s’arrête pas à ce stade puisque, dira-t-il, «à chaque début de saison, les mêmes problèmes remontent à la surface et sont rapidement escamotés pour que les Championnats (amateur et professionnel) s’élancent. Les instances du football (fédération et ligues) sont les otages du système en place», devait-il compléter.

Que se passe-t-il au sein des clubs ?
Rare sont les clubs qui travaillent leur image dans le sens des recommandations des règles du professionnalisme. Onze ans après l’instauration du professionnalisme en Algérie, le bilan est loin d’être reluisant, le ministère de la Jeunesse et des Sports et la Fédération algérienne de football ont créé en 2021 une Commission mixte, chargée de l’évaluation de la situation du professionnalisme et des voies et moyens de sa réforme. Qu’en-est-il ?

«Nous nous sommes aperçus qu’il était impossible de poursuivre…»
Dr Yacine Benhamza, membre de la commission permanente des affaires juridiques et des associations nationales de la CAF, pour le mandat 2022-2024, ex-président de la Commission du football professionnel au sein de la FAF, estime pour sa part, lors d’une déclaration faite à l’APS, en novembre 2021 que «l’objectif de cette commission est l’évaluation du professionnalisme en Algérie, onze ans après son lancement. Nous nous sommes aperçus qu’il était impossible de poursuivre sur la même voie, en décidant de réformer le professionnalisme et revenir à une vraie Ligue professionnelle» et d’ajouter que «l’objectif principal de la réforme du professionnalisme est d’élever le niveau du football algérien, et surtout de réduire l’écart important entre les prestations de l’équipe nationale et le Championnat local. Ce n’est pas normal d’avoir une sélection de haut rang et un Championnat qui n’est pas au niveau souhaité».
Le bilan est amère
Mais aujourd’hui, le constat est amère, la situation stagne, elle n’arrive pas à changer de quai, voire de rails pour positionner dans l’excellente direction, celle de la réussite, de la concrétisation des objectifs et «fuir» ces embrouilles qui paralysent la communication, peut-être même la connexion avec les réalités du terrain. Le football ne présente presque plus aucune garantie de réussite, c’est ce que confirme d’ailleurs le Docteur Yacine Benhamza à l’APS. Il explique que «le gros problème que nous rencontrons actuellement est l’assainissement des dettes fiscales et parafiscales, car les montants sont énormes, les clubs sont dans l’impossibilité de les honorer. Nous avons besoin d’une décision politique. Il faut juste prendre l’exemple du DRB Tadjenanet, qui n’a pu payer ses dettes, et a fini par être rétrogradé de deux paliers, en raison de l’interdiction de recrutement infligée par la Fédération internationale».
Le financement du professionnalisme, n’importe qui, fait n’importe quoi
Évoquant le volet financier, le Dr Benhamza expliquera que «l’axe le plus important est le financement du professionnalisme, au-delà de ça, la gestion financière et comptable des clubs professionnels. Le temps où le club demande l’argent pour son fonctionnement est révolu «sauf que depuis des lustres, l’habitude ne quitte pas son terrain, et les gestionnaires y profitent pour l’entretenir et en tirerait profit».

C’est quoi le professionnalisme ?
«Quand nous parlons de professionnalisme, normalement cela sous-entend que chaque club doit se prendre charge, il ne doit pas attendre le budget de l’Etat. Il faut mettre en place les mécanismes adéquats», estime Dr Benhamza. Dans cet esprit-là, il y a de nouvelles exigences, relatives au niveau de qualification, par exemple, du directeur général et du directeur financier, il faut que ceux qui gèrent les clubs aient des qualifications requises, qui leur permettent d’exercer leur métier, sur tous les plans. Aujourd’hui, n’importe qui, fait n’importe quoi». Un constat, que personne ne peut contredire. Des cas d’exemples pleuvent, et au cœur des clubs, des supporters dénoncent la présence de ceux qui n’ont aucune relation avec le club, mais ils persistent à y demeurer».
Synthèse de H. Hichem