Le Boufarikois qui a fait les grands jours de Nîmes

Mohamed Bouricha (Équipe du FLN)

C’est dans le club-phare de la ville de Nimes que l’ancien footballeur du Front de libération nationale évoluait lorsqu’il a rejoint les rangs de la formation du onze de l’indépendance en 1960, faisant partie du troisième contingent de footballeurs qui ont pris fait pour la noble cause pour la libération de l’Algérie en compagnie de Mohamed Maouche, Mokrane Oualiken, Ali Benfedhah et Abderahjmanne Defnoun et des dizaines de footballeurs professionnels.Les éléments constituant le troisième groupe ont été sollicités sur instruction de Mohamed Boumezrag et Mokhtar Arribi.
Bouricha Mohamed est un footballeur algérien installé, lui et sa famille, à Nîmes avec son épouse Giselle et ses deux enfants Nadhya et Kathya et dont la presse régionale du Midi en date du samedi 22 octobre 1960 annonçait succinctement en page intérieure que deux footballeurs professionnels du nom de Mohamed Bouricha qui joue à Nîmes Olympique et Amokrane Oualiken qui a été transféré de Nîmes à Montpellier auraient disparu le lundi 24 sur la foi d’une dépêche united-press Midi libre indiquant que deux footballeurs Oualiken et Bouricha auraient été arrêtés à la frontière espagnole.
C’est à Boufarik où il est né le 10 octobre 1934 que Mohamed Bouricha a fait ses premiers pas dans le football, et c’est au sein de cette honorable formation du WAB qui respire à plein poumon le football, qu’il débuta le football avant de quitter au milieu des années 1950 l’Algérie vers la France pour embrasser une carrière professionnelle plus précisément à Nîmes où il s’affirmera par la suite. Après l’indépendance de l’Algérie, il préfère rester et devient conseiller technique auprès du ministère de la Jeunesse et des Sports, il fut décoré en 1981 de la légion d’honneur. Il y avait deux formations footballistiques à Boufarik, le WAB et l’USB composés de footballeurs européens, et Mohamed a choisi le WAB.
Bouricha reste jusqu’à maintenant un exemple de footballeur qui possédait un tempérament de gagneur. Le joueur boufarikois s’était montré tout au long de sa carrière d’un sérieux exemplaire sur le terrain et sa vie de tous les jours. De par sa stature puissante et athlétique, Mohamed Bouricha est né dans une région footballistique rattachée à la wilaya de Blida. Elle était (Boufarik) réputée par son agriculture et son amour du sport. Elle a produit divers champions, que ce soit en boxe, le cyclisme, mais aussi en football car pour les sportifs qui ne le savent pas, le WAB a damé le pion aux grandes formations footballistiques à l’image du Mouloudia Club d’Alger, de l’USM Alger, de la JS Kabylie, du MC Oran, de l’USM Bel-Abbès, de la JS Bordj-Ménaïel, de l’USM El Harrach, de la JSM Skikda, de l’Escadron noir de Guelma, de l’USM Annaba, du MO Constantine, du CS Constantine et différentes formations footballistiques du Championnat algérien.
C’est à Boufarik que Mohamed Bouricha a fait ses preuves et ses premiers pas dans le monde du football et c’est aussi dans la sympathique ville des Oranges qu’il partit faire une carrière professionnelle dans les années 1950 en France et plus précisément à Nîmes Olympic où il s’affirmera par la suite et devient un titulaire indiscutable dans les années 1950-1960, Mohamed Bouricha n’a pas hésité un seul instant à répondre à l’appel du devoir, de la noble cause, du FLN, un mouvement pour l’indépendance de l’Algérie libre et indépendante, certes cela s’est fait un peu tardivement vers les années 1960, et ce départ s’apparente à un acte patriotique, à une obligation morale au détriment d’une carrière professionnelle prometteuse, il n’a pas hésité, il avait tout abandonné, il a tout laissé derrière lui car pour lui, la patrie passait avant tout autre chose, il a rempli sa mission de footballeur, de professionnel, de Moudjahid, il nous a quitté dernièrement sous l’ère de la présidence de Kheireddine Zetchi, président de la Fédération algérienne de football qui n’avait pas hésité, lui et les membres du Bureau fédéral et les membres de la sélection nationale, et à leur tête Djamel Belmadi à lui présenter et à toute sa famille leurs sincères condoléances.
Bernard Deschamps avait écrit sur son blog que la glorieuse équipe du Front de libération nationale était en deuil et qu’il était bouleversé par la disparition de Mohamed Bouricha et qu’il présentait ses condoléances à son épouse Giselle, ses deux enfants Nadhya et Kathya, à ses gendres et à ses petits-enfants et toute l’Algérie. Mohamed Bouricha fut enterré au cimetière du Pont de la justice à Nîmes.
Mohamed Bouricha naturellement jouait au WAB avec les jeunes de son quartier et il refusait les sollicitations nombreuses que lui adressait l’équipe européenne. Cependant, à l’issue de ses études professionnelles, il dut accepter de s’inscrire au club corporatif de la société AYA de l’aviation car c’était la condition pour être embauché comme ajusteur, mais à la fin de la guerre d’Indochine en juillet 1954, l’usine de Boufarik intègre des militaires démobilisés et Mohamed Bouricha eut une altercation violente avec l’un d’eux, un sergent chef qui tenait des propos racistes. A la suite de cet incident, il démissionne et s’embarque pour la France et ce départ est significatif de l’état d’esprit de nombreux Algériens qui ne supportaient pas les injustices, les brimades, le mépris et autres. Une fois en France, le parcours de Mohamed Bouricha est à cet égard éclairant, son épouse Giselle qui est nîmoise l’avait beaucoup aidé dans son parcours footballistique, auparavant il avait joué à la «Grand Combe», un club dirigé par Malaparte et Riquet où Kader Firoud, Marcel Rouviére, Pierre Barlaguiti et Bosquier l’avaient remarqué. Jamais au grand jamais un footballeur algérien n’était aussi patriotique envers son pays qu’il aimait de tout son cœur.
Kouider Djouab