«Il est primordial de croire en nos capacités»

Noureddine Morceli à La Gazette du Fennec :

En juillet 2022, la légende algérienne Noureddine Morceli, triple champion du monde et champion olympique du 1 500 m, a, dans une interview accordée au journal La gazette du Fennec survolé ce qui a caractérisé l’image de l’athlétisme en Algérie et dont il est une véritable légende.
La première question est en relation avec le manque de pays africains sur les podiums. En homme de terrain de cette discipline, il répondra par «les Anglais dominaient les longues distances comme le mille et le 1 500 m. Ils avaient signé pas moins de 15 records. Mais dès 1985, on a pu changer la donne, depuis, ils font tout leur possible pour que l’Europe reprenne le dessus. Il y avait Steve Cram, Michel Yazy, Johnen Walter, Peter Snell. Ils étaient tous détenteurs de chronos et records mondiaux. Dès 1985, la domination est arabe, jusqu’à ce que les Kenyans se manifestent…»

Notre expérience est à la disposition
des jeunes
Dans cette riche interview, pleine d’infos, repères et de références, Morceli évoque les grands de ce monde de l’athlétisme, en l’occurrence Makhloufi, Guerrouj et Aouita, qu’il estime, tout comme lui d’ailleurs avoir une carrière courte. Mais, dira-t-il «le plus important c’est de s’assurer de bien faire passer le relais». Dans cet entretien, il met l’accent sur le professionnalisme de ces hommes qui ont marqué cette discipline. «Makhloufi est un enfant de bonne famille que j’admire et je respecte. Il a l’altruisme. Il n’aurait certainement pas hésité à s’assurer de passer le flambeau» et dans ce cadre, pour passer ce flambeau, il ajoutera que cette mission relève «beaucoup plus de la Fédération et du ministère à l’inciter à le faire… Il est plus que nécessaire que les jeunes se nourrissent des champions de leur pays». Et d’ajouter «on aurait dû conseiller Makhloufi de prendre des jeunes athlètes sous son aile».

Retrouver notre place et notre notoriété est possible
Pour lui, incontestablement «l’Algérie à la pâte et le potentiel et pour avoir de très bons coureurs sur la distance. On a besoin de professionnels», s’exclame-t-il. Morceli évoque cette impérieuse nécessité de tout mettre en œuvre pour garantir des résultats de haut niveau, cela ne se fera qu’avec un encadrement des jeunes, par des professionnels. «Comme les Britanniques, on a aussi nos traditions. Il est primordial de croire en nos capacités de retrouver cette notoriété. Et pour cela, une opportunité se présente pour nous, il faut essayer de faire cela dès 2024».

L’Etat n’a jamais lésiné sur les moyens
Les questions se suivent et se complètent, à travers lesquelles, il rappellera que l’Etat a tout mis en œuvre pour développer cette discipline «les moyens ont été mis à la disposition du sport d’élite par l’État et par le président de la République Abdelmadjid Tebboune, je pense qu’il s’agit plus de comment répartir ces subventions étatiques d’une manière équitable et étudiée. Il n’y a pas d’équilibre, les sports individuels (judo, athlétisme, boxe etc.) ont toujours ramené les médailles et des titres mondiaux. Et ils n’ont le droit qu’à 10% de ce qui est versé au football. Je n’ai rien contre sa discipline. Mais, pour un athlète, 4 millions de dinars sur toute l’année, ce n’est pas suffisant pour réaliser tous les stages nécessaires. Je souhaite juste qu’il y ait un équilibre parce qu’on a tous le même objectif… On aime tous le football. Il reste le sport le plus populaire que j’affectionne moi aussi» et d’ajouter «on aimerait que les autres disciplines aient autant d’attention et d’aides».
Morceli, le ministre délégué
«J’ai eu l’honneur d’être ministre délégué. Mais cela avait coïncidé avec la pandémie du coronavirus. Une interruption de 2 ans coûte chère. Aux États-Unis et en Europe, les athlètes étaient dépistés et peuvent s’entraîner. Les infrastructures n’étaient pas fermées pendant longtemps… Chez nous, les athlètes s’entraînaient chez eux. A partir de là, le retard était difficile à combler».

«On a de vraies graines de champions»
A la question du journaliste : «On est à deux ans des Jeux olympiques 2024 de Paris, pensez-vous qu’on pourrait dégager des athlètes qui puissent avoir une meilleure médaille olympique ?»
Morceli répondra : «Les résultats lors des Jeux méditerranéens 2022 d’Oran ne peuvent qu’inciter les responsables à donner plus de moyens aux athlètes pour qu’ils soient dans la meilleure des formes aux Olympiades. Rien n’est impossible. On a de vraies graines de champions. On doit en prendre soin. Il faut de la continuité parce que les médaillés sont très jeunes».
Synthese de H. Hichem