Inintéressée, l’Algérie passe le cap !

Pédro Sanchez s’embrouille, cherche à se rapprocher d’Alger

Trois jours après la visite du Président français, Emmanuel Macron, en Algérie du 25 au 27 août dernier, laquelle était qualifiée de «réussie», le président du gouvernement espagnol, Pédro Sanchez, qui s’est réuni (30 août) à Berlin, avec le chancelier allemand, Olaf Scholz pour tenter de convaincre la France d’accepter relancer le projet Midcat afin de promouvoir l’interconnexion gazière entre son pays et l’Espagne à travers les Pyrénées, a à nouveau exprimé son souhait de visiter à son tour l’Algérie. Cette dernière n’a prêté aucune importance à cet énième appel. Alger est toujours très attachée et fidèle à ses positions et décisions souveraines.
Il semblerait, par ailleurs, que la visite de Macron en Algérie, considérée comme un signe de réconciliation entre les deux pays, après des mois de froid diplomatique, a ravivé les espérances de Pédro Sanchez de se réconcilier avec l’Algérie. Ce qui n’est aucunement dans les intentions des autorités algériennes qui, malgré la crise politique entre les deux pays, respectent leurs engagements de livraisons de gaz naturel à la péninsule ibérique.
Des négociations sur la révision des prix du gaz vendu à l’Espagne ont été annoncées, il y a quelques mois par les deux parties. Aucune information sur la question n’a été communiquée depuis.
Le pays s’apprête à vivre un hiver très difficile, selon les médias espagnols qui n’hésitent pas à pointer du doigt Pédro Sanchez dans l’aggravation de la situation financière et énergétique du pays. De nombreux chefs d’entreprises espagnoles ont appelé le chef du gouvernement de leur pays à «agir vite pour se rapprocher à nouveau d’Alger».
Revenir à des relations normales avec l’Algérie, était le souhait exprimé, il y a deux mois, par José Manuel Albares, ministre des Affaires étrangères espagnoles, connu pour ses propos et positions hostiles envers l’Algérie. Depuis des mois, les autorités espagnoles expriment dans les médias leurs espoirs de se réconcilier avec l’Algérie et pouvoir «enterrer la hache de guerre, notamment, commerciale» qui a gravement impacté les entreprises espagnoles depuis la suspension par l’Algérie le 8 juin dernier du Traité d’amitié avec le pays. L’intérêt semble unilatéral vu que l’Algérie n’est aucunement intéressée, ni pressée de renouer avec le royaume d’Espagne, qui l’a trahie.
En effet, malgré les tentatives de rapprochement, Alger campe sur ses positions et refuse toute relation diplomatique ou commerciale avec le pays, exception faite pour les exportations de gaz naturel algérien, soumises à des contrats. Cette crise n’a d’ailleurs pas impacté le volume des livraisons de gaz naturel algérien vers l’Espagne, c’est ce qu’a affirmé, mardi dernier, le chef du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, dans une interview sur TVE. Il a assuré que «l’approvisionnement de l’Espagne en gaz algérien continue», ont rapporté plusieurs médias locaux.
L’Espagne qui tente de trouver de nouveaux fournisseurs de gaz naturel pour remplir ses réserves avant la fin du mois d’octobre prochain et garantir sa stabilité financière, s’est tournée vers les Etats-Unis et le Qatar, se trouve dans l’incapacité financière pour le règlement de la facture élevée du transport du gaz naturel des Etats-Unis ou du Qatar. La volatilité des cours du gaz sur le marché international n’arrange pas leur situation. Pédro Sanchez essuie l’échec des discussions avec la France qui s’oppose au projet Midcat.
La réponse du Président français était claire : «Il existe déjà deux autres Gazoducs reliant l’Espagne et la France». Il ne voit pas l’intérêt de dépenser une fortune pour réaliser un nouveau Gazoduc d’ici trois ans, alors que l’Europe tente de trouver des solutions à la crise énergétique actuelle. Il a aussi fait savoir que l’Espagne devrait importer davantage de gaz, a-t-il ainsi sous-entendu que l’Espagne devrait «importer davantage de gaz, vraisemblablement de l’Algérie, principal fournisseur d’énergie du Maghreb ? Peut-être que la France vient d’ouvrir une nouvelle page avec le pays. La France veut renforcer ses importations de gaz d’Algérie et surtout coopérer dans le développement du secteur des terres rares.
Le gouvernement espagnol devrait selon des chefs d’entreprises et des diplomates d’aplanir les divergences avec les autorités algériennes, engagées dans le projet de réalisation du Gazoduc transsaharien Nigeria-Algérie qui devrait couvrir la demande européenne en gaz naturel. L’Union européenne ne cache pas son intérêt pour l’Algérie, a souligné, le Président du Conseil européen, Charles Michel lors de sa récente visite en Algérie. Avant-hier, la présidente de la commission européenne, Ursula Von Der Leyen a affirmé que «l’Algérie est un fournisseur de gaz fiable». De quoi mettre Pédro Sanchez dans l’embarras. Samira Takharboucht