Pour un Dinar fort, le chemin est encore long !

La période d’incertitude internationale profite à la monnaie nationale

L’appréciation même légère de la monnaie nationale, le Dinar, face à la monnaie internationale, le Dollar, mais aussi face à la monnaie unique, l’Euro, devient un sujet d’actualité et joue même le jeu des analystes sur l’inflation, la croissance, et reprise du dinar d’ici 2023.Cette remontée dans sa valeur face aux devises étrangères, suscite les interrogations de nombreuses personnes qui veulent savoir les raisons de cette appréciation, allant jusqu’ à se demander si la Banque d’Algérie (BA) ne surévalue pas la monnaie nationale, ces derniers temps.
En effet, les points de vue divergent, mais les raisons de la remise en forme du Dinar seraient plutôt liées à la stabilité plus ou moins des indicateurs macro-
économiques du pays, comparée à d’autres pays. Pas seulement.
La politique monétaire de la Banque d’Algérie et la riposte des pouvoirs publics pour endiguer l’inflation galopante à travers la mise en place d’un dispositif continu de soutien à l’économie nationale et au citoyen, notamment, à faible revenu, ont contribué à ralentir le rythme de l’inflation qui, certes, s’accélère à cause de la hausse des cours des matières premières industrielles et alimentaires à l’internationale.
Le rythme de l’inflation annuel de l’Algérie, selon le dernier bulletin de l’Office national des statistiques (ONS), publié il y a quelques jours, est estimé à 9,4%. Un taux qui semble assez tolérable face au risque de récession que court le monde, ces derniers temps, à cause des effets de la guerre en Ukraine et la crise énergétique qui menace le secteur industriel et productif des pays développé, ce qui a aussi un impact direct sur la valeur de leur monnaie, mais l’effet reste conjoncturel.
L’Algérie devra renforcer ses objectifs pour améliorer sa croissance, sa balance des paiements et lutter contre l’inflation, l’informel et la spéculation. Orienter ses actions vers des visées plus fortes dans le développement dans la transformation numérique, mais aussi économique pour sortir de sa dépendance aux hydrocarbures.
En attendant, l’appréciation observée sur la monnaie nationale ces derniers jours n’aura peut-être pas l’impact souhaité sur l’économie nationale qui souffre des effets du marché financier informel.
Si le cours officiel du Dinar algérien s’est amélioré, selon les cotations de la BA, sur le marché parallèle de la devise au Port Saïd (Square), la monnaie nationale s’échange toujours à plus de 200 dinars pour un (01) Euro, à l’achat et à plus de 210 Dinars à la vente. Sachant que de nombreuses personnes se ressourcent en devises au niveau de ce point illicite, plus ou moins toléré. Toutes les tentatives d’éradication de ce fléau semblent échouer, mais cela ne dissuade pas les autorités de poursuivre leur lutte contre ce marché parallèle de la devise, un business qui prospère depuis des décennies.
L’Etat a d’ailleurs mandaté des experts du bureau du Fonds monétaire international (FMI) pour l’aider à trouver des solutions. En attendant, des experts et financiers algériens plaident pour l’accélération de la bancarisation de cet argent informel et opter pour sa convertibilité.
Concernant la première option, les autorités sont à pied d’œuvre pour accélérer la numérisation et la modernisation du marché financier algérien qui souffre de nombreuses contraintes, notamment, structurelles. Il est attendu beaucoup de la nouvelle réglementation de change, en cours de révision. En plus de se focaliser sur la réforme du secteur financier et bancaire, l’Etat devra redoubler d’effort pour améliorer la croissance du pays, réduire l’inflation et remédier aux déséquilibres financiers de l’Etat (hausse des dépenses face aux recettes et la baisse des réserves de change). Il faut toutefois rester optimiste.
Les décisions prises par les autorités pour surmonter la crise économique et financière ont eu un effet positif sur la valeur du Dinar, qui devrait encore se renforcer, selon les déclarations du chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune, qui a promis de prendre les mesures nécessaire pour revaloriser davantage la monnaie nationale. Le Dinar pourrait s’apprécier encore en 2023.
En effet, l’Algérie pourrait compter sur la crise énergétique pour renflouer ses caisses et doper ses réserves de change, mais surtout pour accélérer la diversification économique pour créer de la valeur ajoutée plus élevée. Le Gouvernement aurait probablement pris en compte toutes ces évolutions et déjà évalué les bilans financiers de chaque ministère avant de préparer son avant-
projet de loi de Finances pour l’année 2023.
La valeur des monnaies internationales (Dollar et Euro) évolue dans l’incertitude. Les politiques monétaires deviennent plus restrictives ou plus expansionnistes, comme c’est le cas aux Etats-Unis et en Europe influencent le rapport de force entre ces deux monnaies rivales, ce qui se répercute sur les autres monnaies du monde. Mais le flux des investissements étrangers dans le pays pourrait contribuer à une appréciation à long terme de la valeur du Dinar, tout comme l’amélioration de la croissance économique.
Pour retrouver sa valeur d’avant la crise des années 80 et l’implication du FMI, les autorités doivent passer à la vitesse supérieure dans leur programme de réforme économique et financier.
Samira Takharboucht