«Le climat actuel ne permet pas des élections transparentes», indique Al arbi Nasser

Tunisie

Afin d’entamer les élections législatives tunisiennes, l’opinion publique tunisienne attend la publication par le Président Kais Saied d’un nouveau décret réglementant avant la date du 17 décembre prochain journée élective.

Selon certains experts politiques, malgré les pressions internes et externes croissantes exigeant l’implication des différents courants politiques dans l’élaboration de ce cadre juridique, Saïd n’a encore émis aucun signe confirmant son ouverture à ces appels. Dans cet entretien avec Aswat Magharebia, Nasser Al-Harbi, directeur exécutif de l’Observatoire «Shahid», spécialisé dans le suivi des processus électoraux, révèle les inquiétudes de la société civile face à la tendance du président à promulguer une loi unilatérale. Il a souligné également les aspects négatifs du système de vote individuel, notamment en ce qui concerne la possibilité d’exclure les femmes et les jeunes. Concernant le nouveau décret réglementant les élections législatives l’intervenant dira, «nous pensons que le Président continuera à adopter la même approche qu’il a suivie dans la consultation électronique et la nouvelle Constitution, qui est basée sur la consultation des seuls partisans de la voie du 25 juillet. Il est regrettable d’adopter cette approche, qui va à l’encontre de ce que la Tunisie a fait ces dernières années, lorsque de larges consultations ont eu lieu avec la société civile, des experts et des partis politiques lors de la préparation des lois électorales ou lors de leur amélioration». Le mode de scrutin sur les listes adopté lors des élections de 2011 était compréhensible à la lumière du bouclage politique que connaissait le pays, ce qui a permis une large participation des différents partis à la vie politique. Aux élections de 2019, ce système aurait pu être révisé en imposant un seuil électoral, ce qui contribuerait à rationaliser la vie politique et à mettre fin à la dispersion partisane au Parlement. Le Président tunisien estime que le système de vote pour les particuliers est le meilleur système, mais cela ne cache pas plusieurs points négatifs, notamment la possibilité de priver ceux qui n’ont pas les fonds nécessaires pour mener une grande campagne électorale d’accéder au Parlement. Nasser Al-Hrabi pense que le système de vote pour les particuliers comporte des risques et il aurait été préférable de continuer à adopter le système de liste avec des améliorations, et ces craintes sont renforcées en l’absence de discussions sur ce système. La Commission électorale fait face à une campagne de remise en cause de sa crédibilité après le référendum sur la nouvelle Constitution du pays. Le climat général ne permet pas des élections justes et transparentes surtout que le Président est tenu de lancer une convocation aux électeurs le 17 septembre.

Quels points le Président devrait-il changer ?
Le directeur exécutif de l’Observatoire «Shahi», spécialisé dans le suivi des processus électoraux estime que la question concerne l’ensemble du système électoral, pas seulement le mode de scrutin, mais aussi la réglementation des sondages d’opinion et le renforcement du contrôle des fonds. Il n’existe actuellement aucune loi claire réglementant les sondages d’opinion, et seule une stipulation a été faite pour empêcher la publication des résultats des sondages pendant les campagnes électorales précédentes en Tunisie. Dans les prochaines élections le climat politique sera contraignant. Le «Front de salut national» avait auparavant appelé au boycott des élections, et il existe d’autres forces qui pourraient boycotter cet événement, ce qui conduira à une réticence à y participer. Selon lui, au système politique s’ajoute un facteur économique : les élections se tiendront à un moment habituellement propice à la contestation sociale, ce qui constituera également un obstacle à l’enregistrement du taux de participation élevé.
Oki Faouzi