Le ministre espagnol de l’Intérieur essuie des critiques acerbes au Congrès

Drame de Melilla

Le ministre espagnol de l’Intérieur, Fernando Grande-Marlaska a reçu mercredi des critiques acerbes de la majorité des députés du Congrès, lui reprochant notamment d’imputer sans preuves à des «mafias», la tragédie ayant conduit à la mort brutale de dizaines de migrants d’origine africaine par la police marocaine alors qu’ils tentaient d’entrer dans l’enclave espagnole de Melilla depuis le Maroc.
Attendu au Congrès pour donner des explications sur ce drame, Fernando Grande-Marlaska qui a, entre autres, indiqué que la police espagnole avait fait un usage «proportionné» de la force, n’a pas convaincu les députés.
Les groupes parlementaires ont critiqué le fait qu’il «ne donne pas de chiffres sur le nombre de morts, qu’il accuse des mafias sans preuves (d’avoir orchestré la tragédie) ou qu’il défende les refoulements à la frontière, en s’appuyant sur l’aide de gendarmes marocains sur le sol espagnol, et sans fournir d’assistance médicale», selon l’agence Europa Press.
A cet égard, Unidas Podemos et le reste de ses partenaires parlementaires ont rappelé qu’au moins 23 migrants sont morts dans la «plus grande tragédie» ou «massacre» à la frontière espagnole, dépassant les 15 morts de Tarajal en 2014, lorsque le Parti populaire (PP) était au pouvoir.
Pour sa part, le Parti nationaliste basque (PNV) a condamné l’utilisation de matériel anti-émeute par la police des deux pays (Maroc et Espagne), dans ce qu’il a qualifié d’intervention «déshumanisée», rappelant que les corps des migrants ont été empilés sur le sol pendant des heures, sans bénéficier d’assistance médicale ni d’évacuation vers l’Espagne.
De son côté, le parti d’extrême-droite Vox a qualifié ce que fait le Maroc à la frontière avec l’Espagne de «blague pendant qu’il se fait les poches» de Madrid et de l’Union européenne, alors que le parti de centre-droit Ciudadanos a affirmé que ce qui s’est passé à la clôture de Melilla est un «échec systémique» de tout le gouvernement.
Le 24 juin au poste-frontière de Melilla, au moins 37 migrants subsahariens (23 seulement selon les autorités marocaines) ont été brutalement tués par la police marocaine, qui tentait de les empêcher d’entrer dans l’enclave espagnole. De nombreuses vidéos et images ont circulé sur les réseaux sociaux montrant des dizaines de migrants au sol, quasiment inertes. Certaines montraient également les forces de sécurité marocaines en train de tabasser des migrants. Des séquences vidéo montraient un agent de sécurité marocain frappant au sol des hommes visiblement blessés et un autre agent jetant un corps inerte sur plusieurs personnes.
Selon des organisations de défense des droits humains au Maroc et ailleurs, le nombre de victimes lors de la répression sanglante d’environ 2 000 migrants africains dépasse de loin les 23 morts annoncés par les autorités marocaines.
De nombreux pays et organisations internationales ont exigé l’ouverture d’une enquête internationale indépendante, afin de faire la lumière sur ce qui s’est réellement passé et sanctionner les auteurs.
APS