«On gagne, il y a des raisons à cela, on perd, il y a des raisons aussi»

Aliou Cissé à Onze Mondial :

Lorsqu’un sélectionneur commence par répondre à la question d’un journal sportif, Onze Mondial en l’occurrence, «je ne suis pas tombé dans le football, c’est le foot qui est tombé à moi», il y a de quoi comprendre que Aliou Cissé, ce sélectionneur de l’équipe nationale sénégalaise, promet de surprendre ses adversaire lors de la Coupe du monde Qatar 2022.

Ce qui est intéressant dans cette interview fleuve accordée à ce journal français, c’est la manière dont il aborde les sujets proposés. D’abord, il rappelle qu’en Afrique dans un quartier populaire, le sport numéro 1, en tout cas le sport le moins coûteux pour les parents, c’est le football. Evoquant son chemin sportif, il indique que c’est dans la rue, dans un quartier qui s’appelle Kandé Banéto, à Ziguinchor, dans le sud du Sénégal, qu’il a commencé à grandir avec ce sport. Puis, pour ne rien cacher, il retrace pour les lecteurs de Onze Mondial, le parcours de ses parents «mes parents sont venus en France donc je suis venu ici en regroupement familial dans le 94 et à partir de là, j’ai joué à Champigny, à Joinville et à Viry-Châtillon en cadets. De là, je suis parti à Nîmes».

«L’approche du football»
Pour lui, le football reste le même en fait pour Aliou Cissé. En réalité, tout dépend de ce que vous êtes. «Je pense que chaque entraîneur entraîne son équipe et veut donner une identité, un style à son équipe qui ressemble un peu à l’homme qu’il est».
A la question de savoir si être coach est une vocation ? Il répondra par un «oui, c’était une vocation, quelque chose à quoi je pensais durant ma carrière de joueur». Il pouvait encore être un acteur sur le terrain, mais il préfère mettre un terme pour s’orienter vers cette vocation qui est celle d’être entraîneur, j’ai passé mes diplômes d’entraîneur… Quand tu es footballeur, tu n’as pas la même approche que quand tu es entraîneur. Quand tu es entraîneur, tu dois connaître les raisons du «comment» et du «pourquoi».

Après l’entraînement, tout commence
«On gagne, il y a des raisons à cela, on perd, il y a des raisons aussi. La différence, c’est que lorsque tu es footballeur, tu n’es centré que sur toi-même, tu ne penses pas à autre chose qu’à tes performances individuelles. Alors que moi, l’entraînement est une chose, mais après l’entraînement, c’est là que tout mon travail commence». Voilà en résumé ce qu’il aime en football, ce qui l’anime le plus. Une responsabilité lui colle à la peau, en sa qualité de sélectionneur, il l’explique «tu dois te soucier de 23 joueurs, un staff technique, un staff médical, les journalistes, les conférences de presse, tout ça fait que vous ne pouvez pas avoir la même mentalité et la même approche en tant que joueur. C’est véritablement un autre niveau».

«S’adapter aux joueurs»
«Je suis entraîneur de l’équipe nationale du Sénégal, nous savons que notre jeu est basé parfois sur l’impact, la vitesse, la percussion, les transitions, donc pourquoi jouer un football de possession qui pourrait retarder le départ de nos attaquants ?» L’autre réflexion est celle que partagent beaucoup de sectionneurs africains, en l’occurrence «s’adapter aux joueurs à disposition, à la mentalité du pays et de l’environnement où vous êtes. En Afrique, c’est totalement différent». Sauf que dans ce monde sportif qui est celui de l’Afrique, il faut se préparer et être prêt pour les duels sur des terrains différents. «Il y a des terrains difficiles pour pratiquer un football de possession parce que le terrain ne le permet pas donc il faut s’adapter, ‘verticaliser’ et jouer un peu plus sur les transitions. Je ne suis pas figé sur une philosophie ou une identité, c’est surtout avoir un style de jeu qui est important ?»

«Le schéma tactique préféré, sa carte préférée ?»
«4-2-3-1, 4-4-2 ces derniers temps et le système avec lequel on a le plus joué, c’est le 4-3-3 avec une sentinelle et deux relayeurs. Mais nous voulons aussi peaufiner d’autres systèmes, comme ceux pour jouer à trois derrière, le 3-5-2 ou le 3-4-3, du moment que l’on a les joueurs et que tout le monde adhère, je crois qu’on en a la capacité. On a un groupe capable de jouer dans plusieurs systèmes». En somme, il expliquera qu’il n’y a pas de système plus équilibré qu’un autre, c’est surtout l’animation qui est fondamentale. Pour lui, le système est juste un support, ce qui est important, c’est l’animation, et bien entendu la mentalité des joueurs. Parfois, il faut aller vite, parfois il faut contrôler, parfois il faut jouer en transition, couper le rythme, etc. Il faut réussir à être fort dans toutes les conditions que le jeu nous demande, que l’adversaire nous impose. Je choisis mon système par rapport à mes joueurs et leur façon de jouer.
Synthèse de H. Hichem (à suivre)

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