Une librairie dans une ville de 180 habitants

Lecture

Alba Donati a travaillé dans l’édition pendant une trentaine d’années et est toujours présidente du Gabinetto Vieusseux (depuis 1819, une institution culturelle spécialisée dans l’étude de la culture des XIXe et XXe siècles).

Elle a écrit un livre intitulé La libreria sulla collina (littéralement : La librairie sur la colline), publié par Einaudi, dans lequel elle raconte son projet de créer une librairie dans sa ville natale, petit village de Toscane de 180 habitants. Et ce n’est pas le seul projet de ce type né récemment dans cette région italienne…
En 2019, Alba Donati a décidé de quitter Florence pour retourner à Lucignana, sa ville natale, en province de Lucca, afin d’ouvrir une librairie. La poétesse raconte, sur le site de Sopra la Penna, son établissement, comment tout est venu : une conversation entre elle et Romano Montroni, fondateur des librairies Feltrinelli.
– Romano, je voudrais ouvrir une librairie dans ma région.
– Bien, combien compte-t-elle d’habitants ?
– 170.
– Alors, 170.000 divisé par…
– Pas 170.000. 170.
– Tu es folle.
Pour expliquer ce qui l’a conduite à un choix aussi étonnant, elle raconte à tg24.Sky.it : « Il faut un peu d’insouciance et de détermination ». Et elle souligne : « La littérature peut améliorer la qualité de vie des gens. »
C’est de cette conviction qu’est né le projet de doter sa petite ville natale d’une librairie, afin que les enfants, suggère-t-elle, puissent grandir dans un monde où il y a aussi des livres. « J’ai énormément aimé que les grands et les petits se mélangent et se confondent : le grand de la littérature et de la lecture, immergé dans un petit lieu qui n’est pas aussi éloigné qu’on a tendance à le dire », ajoute-t-elle.
Les difficultés n’ont pas manqué. Dans le livre, elle fait le récit d’une nuit où un incendie s’est déclaré, détruisant une grande partie de la librairie.

Une notoriété grandissante
Cependant, la réponse des citoyens est immédiate et solidaire : en plus d’un financement participatif, elle obtient un don de 10.000 € pour reconstruire la librairie. La réputation des lieux commence à grandir : « Il y a tellement de gens qui viennent de l’extérieur que la ville devrait construire plus d’installations » pour les accueillir, selon Alba.
On peut se demander s’il n’est pas difficile de passer d’une grande ville comme Florence à un petit village de moins de 200 habitants. Selon Alba, il y a le problème de l’isolement, mais il y a aussi des plaisirs, comme « entendre le tic-tac de l’eau sur le toit quand il pleut ». Il existe également des moyens de surmonter l’isolement et la distance, par exemple la vente en ligne, qui s’est révélée être un outil précieux pendant le confinement.

Periferica : la librairie, un «pôle culturel»
Periferica est une autre librairie fondée dans une petite ville de Toscane par un couple de libraires, Federico et Chiara, amoureux de la petite édition indépendante. Une librairie qui ressemble presque à une maison, un endroit douillet et convivial où le couple [ils sont mariés] travaille comme en famille. En effet Federico a construit avec Chiara l’ameublement de sa librairie. Cette librairie est née à Albinia, un hameau d’Orbetello de moins de 4000 habitants, dans la région de la Maremme, en Toscane, en mars 2017, et se veut non seulement une boutique où l’on vend des livres, mais aussi un véritable « centre culturel » [elle est en effet aussi une association culturelle]. Elle organise des événements pour adultes et enfants, des présentations, des soirées de lecture et des ateliers créatifs.
L’un des objectifs les plus importants est donc de « faire comprendre aux gens qu’un autre marché existe et qu’il est beau, soigné, de qualité », dit Federico à Matteo B. Bianchi dans son podcast Copertina. Ce libraire est, comme beaucoup de libraires indépendantes, promoteur d’initiatives et d’événements impliquant la communauté.
F.M.