Pour l’Algérie, de nouvelles opportunités se dessinent à l’horizon

L’Europe obligée d’intensifier l’action extérieure auprès de ses fournisseurs d’énergie

La crise énergétique qui secoue l’Europe actuellement et la remontée fulgurante de la valeur du billet vert (dollar), soutenu par la politique monétaire rigoureuse adoptée par la Banque centrale américaine (Fed), fait craindre l’effondrement des autres devises et l’explosion de l’inflation. La plus grande peur, aujourd’hui, est liée à la hausse certes des prix de l’énergie, au risque de pénurie de matière première, mais surtout à l’inflation alimentaire qui ne cesse de grimper chaque jour un peu plus.
Les politiques européens accusent en premier la Russie d’être à l’origine de cette situation de crise, ensuite les distributeurs alimentaires et les industriels.
Aucune des deux dernières parties ne reconnaît sa responsabilité dans l’aggravation de la crise alimentaire et la flambée des prix. La crise énergétique n’arrangera pas la situation, notamment, à l’approche de l’hiver, mais pourrait par ailleurs, constituer une opportunité pour d’autres pays, telle que l’Algérie qui s’efforce de mettre en place des stratégies de ripostes assez rigoureuses pour faire face à la crise économique et financière.
L’Etat a pris, au cours de l’année en cours, de nombreuses mesures de soutien à l’économie et au pouvoir d’achat des Algériens, et ce, afin de lutter contre les effets négatifs de l’inflation sur les ménages et les entreprises.
Parmi ces mesures, la suppression pour les personnes touchant 30.000 dinars de l’impôt sur le revenu global et le maintien du système de subvention des produits de large consommation, allant jusqu’à geler les impôts sur certaines denrées alimentaires. Les entreprises nationales soutenues par l’Etat devraient, toutefois, relancer leurs activités en vue de garantir leur opérationnalité et rentabilité. Profiter des nouveaux régimes d’incitations introduits dans le nouveau Code de l’Investissement pour lancer des projets structurants et saisir la conjoncture actuelle pour attirer les investisseurs étrangers dans l’impasse. L’Etat vise à mettre en place les mesures nécessaires pour ne laisser aucunes entreprises dans les problèmes financiers, en contrepartie, il exige un retour positif de ces entreprises sur le marché local.
Le Gouvernement s’engage à poursuivre ses réformes en vue de bâtir le nouveau modèle économique. Il prendra effectivement en compte l’amélioration des indicateurs macro-économiques dans le pays, l’appréciation de la monnaie nationale, le dinar, depuis plusieurs semaines (cotations de la Banque d’Algérie) et la hausse des recettes de l’Etat, cette année, grâce au redressement du marché pétrolier dans son avant-projet de loi de Finances 2023. Le Gouvernement dévoilera les contours de l’APLF 2023 les semaines prochaines (budget, mesures fiscales, sociales et l’investissement…). La conjoncture internationale influencera probablement sur les mesures de l’APLF 2023 car l’Algérie œuvre aussi à renforcer sa résilience économique pour faire face aux chocs extérieurs qui pourraient affecter sa stabilité financière. Si le marché pétrolier et gazier est très porteur et rentable pour le pays, la dépendance du pays aux importations pèse sur ses prévisions de croissance et d’inflation, mais aussi sur la disponibilité des produits.
Beaucoup reste à faire sur le niveau local (manque d’infrastructures et d’investissement), ce qui pourrait être rattrapé avec la nouvelle stratégie du Gouvernement visant à faire sortir les zones d’ombre de leur pauvreté et isolement et à encourager l’émergence des initiatives locales.
En parallèle, les autorités, y compris les investisseurs, surveillent de près l’évolution du marché pétrolier, des matières premières ainsi que les politiques monétaires agressives adoptées par certains pays pour mesurer leur impact sur les objectifs. Les perspectives moroses de l’économie mondiale affectent les prévisions de demande, mais aussi des autres matières premières.
Pour éviter la chute des cours du pétrole, l’Organisation des pays producteurs de pétrole (Opep) et leurs alliés hors-Opep pourraient, lors de leur prochaine réunion mercredi, réduire leur volume de production. Un coup dur pour les investisseurs, notamment européens, qui voient leur pouvoir d’achat s’effondrer à cause de la crise énergétique et le renforcement du dollar.
Fortement touchée par la double crise pétrolière et financière depuis des années, l’Algérie pourrait anticiper sa riposte pour éviter de sombrer à nouveau. Le pays devait défendre son attractivité économique auprès de ses partenaires européens pour attirer les capitaux étrangers et accélérer la modernisation de ses services douaniers pour faciliter et renforcer ses exportations régionales.
C’est une occasion pour renforcer ses investissements dans le secteur de l’énergie ainsi que son offre pour doper ses réserves de change et sécuriser ses finances sur le long terme.
Dans un récent rapport le Business Europe, une organisation représentant le patronat européen a tiré la sonnette d’alarme sur le risque de «pertes de production et d’arrêts de milliers d’entreprises européennes», estimant qu’«il est extrêmement important d’intensifier encore l’action extérieure auprès des fournisseurs et de déployer au plus vite des capacités supplémentaires en matière d’énergies renouvelables, d’énergie nucléaire, d’énergie à faible émission de carbone et de gaz naturel en Europe», a rapporté le site spécialisé, leprixdubaril.com.
Samira Takharboucht