Harond Litim mène la révolution de palet

Equipe algérienne de hockey sur glace

,Capitaine et sélectionneur-joueur d’une surprenante équipe d’Algérie de hockey sur glace Harond Litim cultive des rêves internationaux pour son équipe. Mais la montagne semble haut à gravir. «Vous êtes les Rasta Rockett quoi !» Comme dans une bataille de boules de neige, Harond Litim s’est pris la remarque en pleine face lorsqu’il est allé pour la première fois solliciter l’État algérien, par le biais de son consul à Vitry (banlieue parisienne), pour une aide concernant son équipe de hockey sur glace. Pour autant, point de vexation pour l’ancien joueur d’Evry qui en rigole encore aujourd’hui, tellement il s’est pris la référence cinématographique à chaque fois qu’il parle de son équipe

Non reconnu comme fédération par l’État algérien
Blague à part, l’équipe d’Algérie de hockey sur glace, lancée en 2008, aujourd’hui reconnue par la Fédération internationale de hockey sur glace depuis septembre 2019, entend se développer et intégrer les compétitions officielles internationales.
Il faudra d’abord convaincre le gouvernement algérien de «l’utilité» d’une équipe de Fennecs qui glissent sur la glace. Après le consul de Vitry, Harond Litim s’est en effet vu répondre par l’ancien président du comité olympique algérien : «Mais il n’y a pas de patinoire en Algérie !»
«Qu’est-ce que qu’on attend pour en faire», lui rétorque le joueur de hockey qui est né et a grandi à Étampes en banlieue parisienne. «Il y a des choses plus importantes à faire en Algérie qu’une patinoire…»
Une réponse pas facile à encaisser pour Harond Litim, né d’un père algérien originaire de Constantine. «La Fédération internationale de hockey sur glace nous reconnaît, mais notre gouvernement ne nous reconnaît pas. Aujourd’hui, nous n’avons aucune aide de l’État algérien, parce qu’on est seulement reconnu comme association et pas comme fédération. C’est ça le gros problème», explique-t-il. En attendant, l’équipe se solidifie sous l’impulsion de joueurs 100% binationaux évoluant en France («60% de l’effectif»), au Canada (30%), en Angleterre, en Suisse et en Suède. Elle a ainsi remporté son premier match dans une compétition officielle face à Andorre (14-5) lors de la Coupe du Développement organisée au mois de mai dernier à Füssen (Allemagne).
La Coupe du Développement, sorte de tournoi international, regroupe six nouvelles nations de hockey sur glace à l’image de l’Algérie. Litim et ses copains ont ainsi battu le Portugal après Andorre avant de s’incliner face à l’Irlande (7-6).

«On vise une qualification aux Championnats du monde»
Une nouvelle expérience dans l’évolution de l’équipe algérienne créée il y a 12 ans. «C’est Karim Kerbouche qui est à l’origine de cette équipe, rappelle Litim. Il a été lui-même joueur de hockey sur glace. Un jour, il a vu à la télévision un certain Josef Boumedienne qui jouait à Toronto (Canada). Il s’est dit : ‘’s’il y a un Boumedienne dans cette équipe, il doit y avoir d’autres Algériens qui pratiquent ce sport ailleurs dans le monde». Il m’a contacté, et avec d’autres joueurs en France, on s’est fait une sélection et c’est parti comme ça».
Depuis, les Verts s’étalonnent à travers des tournois sur invitation partout dans le monde : Maroc, Émirats arabes unis, Canada, etc. Mais trop peu pour Harond Litim qui rêve d’une plus grande scène.
«Moi, je suis fou, rigole l’entraîneur joueur de Chambéry qui ne pense pas encore à la retraite à 44 ans. On vise les qualifications des Championnats du monde, les qualifications olympiques, même si j’avoue que ça va être impossible. Mais qu’on nous donne la possibilité de représenter notre pays aux qualifications de la prochaine Coupe du monde. Dans les cinq années qui arrivent, je vois une participation aux qualifications internationales.» n