Il faut une pratique systématique et organisée de l’oral

En milieu scolaire

Ceci pour signifier qu’une langue ne s’acquiert que dans des conditions satisfaisantes selon une méthode pédagogique et des procédés reconnus comme efficaces.
Les grands de la pédagogie ont toujours affirmé qu’un cours de mathématique est avant tout un cours de langue. Il en est de même de l’histoire, de la géographie, des sciences naturelles ou de n’importe autre discipline. Ceci pour dire que la langue, dans toutes ses affinités ne s’apprend pas uniquement par les séances d’expression orale ou écrite qui lui sont consacrées mais aussi et surtout par l’ensemble des disciplines fondées sur un usage privilégié de l’oral.

Pour un usage efficace de l’oral
En parlant de toutes les disciplines enseignées on a voulu dire qu’il faut saisir toutes les occasions possibles pour faire parler les enfants et de manière organisée. Pour être plus clair dans nos propos on vous rapporte cette expérience d’un professeur de mathématiques qui privilégie l’oral pour faire passer son cours. Ceux qui ont été les témoins oculaires de cette séance parle d’un homme qui, à la faveur d’un atout important : la maîtrise de la langue, arrive à obtenir de bons résultats. Il a présenté un cours de géométrie au cours duquel tous les élèves ont été sollicités, et tous, sans exception, y compris ceux qui n’avaient jamais dit un mot, avaient participé, en répondant correctement par des phrases où le sujet, verbe, complément d’objet et complément de circonstance étaient à leur place et ce, conformément aux règles imposées par la langue.
Si l’enseignant veut dominer son groupe d’apprenants, il doit avoir la maîtrise de la langue, disposer d’une stratégie d’apprentissage de l’oral, suivie à chaque fois d’une batterie d’exercices choisis non pas seulement pour évaluer les résultats, mais pour renforcer les acquisitions. Comme dans le cours de mathématique donné par le spécialiste, nous avons la preuve irréfutable que la transmission des connaissances n’a pu être effective que moyennant un langage mathématique donné oralement. Que de professeurs de mathématique ont défilé dans les établissements scolaires ! Et beaucoup d’entre eux n’ont pas su exercer efficacement leur matière que pourtant ils possédaient parfaitement, faute de pédagogie et de talent pour l’enseignement et la transmission.
Le même principe est appelé à toutes les matières au programme et cela consiste à considérer le cours comme un prétexte pour mener une séance d’élocution fondée sur un plan et une démarche pédagogique organisée selon le triptyque : question-réponse-réaction. Le cours donné avec la large collaboration (ou participation) active des élèves doit déboucher sur une synthèse écrite (ou résumé suivi d’exercices d’application) et ce, quelle que soit la discipline.

S’il s’agit de la dardja introduite comme support
Elle est supposée avoir été bien familière en tant que langue du quotidien, qui a sa grammaire, son lexique émaillé de mots d’origines diverses. Elle se présente sous plusieurs variantes correspondant à différents niveaux de langue : cela va de la langue des sages ou des chanteurs et poètes populaires à celle des petites gens : marchands de poisson ou de cacahuètes, langue vulgaire de la rue ou des vulgarités. Le maître ou le professeur qui l’introduit en classe, doit savoir en faire un usage utilitaire : faire parler dans le respect des normes grammaticales et lexicales, motiver les élèves à la compétition dans le cadre d’un programme thématique inscrit au programme.
Dans la formulation des questions, réponses, réactions, dans une classe où chaque élève est un compétiteur actif, inscrire au tableau les erreurs d’expression à faire corriger par les camarades qui, à la longue finissent par être animés d’un esprit de compétition appelée en milieu scolaire «l’émulation». N’oublions pas que nous sommes en classe de « dardja » ou de «tamazight» où le maître ne doit permettre aucun répit pour développer en chaque participant la compétence de communication orale et écrite dans le strict respect des rites de courtoisie, des règles grammaticales, lexicales, sémantiques, orthographiques, sans oublier les différentes formes de modalité et de concordance des temps. Cela veut dire que l’on doit veiller à ce que le bain de langue soit bénéfique.
Ainsi, au fil du temps, lorsque les meilleures conditions possibles sont réunies, la langue dardja et toutes les autres langues parlées comme la langue tamazight, vont servir à l’enrichissement culturel des élèves en leur faisant découvrir ce qu’il y a de beau en elles comme les métaphores, la polysémie des substantifs, verbes et qualifiants, les non-dits, les connotations, le langage esthétique par la poésie. Et moyennant une étude contrastive de la grammaire et du vocabulaire, le passage à la langue arabe classique pourrait se faire progressivement pour un apprentissage sûr.

L’écrit comme phase finale d’investissement
L’enseignement par les méthodes traditionnelles et modernes considère que pour bien réussir en rédaction, phase de convergence des acquis, il faut avoir assimilé intelligemment tout ce qui a été expliqué, corrigé, autocorrigé, complété pour mieux éclairer, mémorisé dans le domaine syntaxique et lexical. Avant d’arriver en phase d’expression personnalisée, les élèves ont dû passer par des étapes : explication, exercices oraux et écrits.
Les fautes ou maladresses d’expression sont dues aux défaillances de l’enseignement et non, pour la plupart à la nullité des élèves. Les mauvais résultats en rédaction et dans toutes les matières sont le reflet d’un travail. Il nous a été donné d’assister à des disputes en milieu scolaire où un professeur de mathématique ou de comptabilité a accusé le professeur de langue des mauvais résultats dans leur matière respective. Quel raisonnement absurde ! Pourtant !
Abed Boumediene