Football : une bousculade dans un stade en Indonésie fait 125 morts

La violence, rien qu’à la prononcer fait déjà peur. Qu’en-est-il lorsque celle-ci s’embrase sur les terrains de football ? Ce qui vient de se passer en Indonésie nous rappelle le drame du 1er février 2012 du stade Port Saïd en Egypte, où 74 supporters ont trouvé la mort.
Un bilan qui aurait été pire sans l’intervention d’un certain Yussuf Ahmed, «un véritable héros», qui part aux toilettes à un quart d’heure de la fin et se retrouve coincé en dehors du parcage. Il perd la vie en forçant la porte, qui lui retombe dessus, mais permet aux autres de sortir et de se cacher.

Indonésie pleure ses fils
Ce samedi soir, en Indonésie, au stade Kanjuruhan de Malang, 42 000 spectateurs étaient pris au piège, pour un match de football qui opposait l’Arema FC et Persebaya Surabaya. A la fin de la rencontre, les fans de l’équipe locale du Arema FC, pénètrent sur le terrain après la défaite de leur équipe (3 à 2) contre celle de Persebaya Surabaya, (ville voisine). Du coup, le stade, tel un volcan explose et arrache la vie à 125 supporters dont 32 enfants.

Des enfants de deux à trois ans
Un bilan qui n’était pas officiel à l’annonce de cette tragédie, il risque de continuer à s’alourdir. Selon l’AFP, qui rapporte que lors de ce mouvement de foule plus de 300 blessés ont été recensés, dont certains sont entre la vie et la mort dans les hôpitaux de la ville de Malang, dans l’Est de l’île de Java. «Selon les dernières données dont nous disposons, sur 125 personnes décédées, 32 sont des enfants, dont le plus jeune est âgé de deux ou trois ans», a indiqué à l’AFP Nahar, un responsable du ministère des Femmes et de la protection de l’enfance.

Ils réclament des sanctions à la hauteur du drame
La colère du public fait la première sanction «ce lundi avec le limogeage du chef de la police de la ville de Malang, Ferli Hidayat, et la suspension de neuf policiers, selon le porte-parole de la police nationale Dedi Prasetyo». Partout, des cris d’alarme se font entendre, les populations demandent des sanctions. «Le ministre en charge de la Sécurité, Mahfud MD, avait appelé plus tôt la police indonésienne à identifier les personnes qui ont perpétré les crimes», et à sévir. «S’il n’y avait pas eu de gaz lacrymogènes, il n’y aurait peut-être pas eu de chaos», a de son côté souligné Choirul Anam, membre de la Commission nationale pour les droits humains, lors d’un briefing.

Des témoignages et des sueurs froides
Pour tenter de calmer et faire évacuer les milliers de supporters du stade, des policiers, deux d’entre eux, trouvèrent la mort. Les témoins rapportent que «les spectateurs se sont précipités en masse vers des portes étroites où nombre d’entre eux ont été piétinés et étouffés». La réaction des supporters ne s’est pas faite attendre tous demandent des sanctions sévères à la mesure du drame. «Nous réclamons justice pour nos supporters disparus», a demandé ce fan de foot de Malang âgé de 25 ans. Un témoin a assuré que «l’endroit ressemblait à un grand cimetière. Des femmes et des enfants s’entassaient les uns sur les autres», a expliqué Eko Prianto, 39 ans, à l’AFP. «Je me suis précipité vers la police et les soldats pour qu’ils aident. Il n’y avait aucun secouriste en vue. La police n’a pas aidé et un soldat a menacé de me battre».

L’effroyable
L’AFP rapporte que le porte-parole de la police nationale, Dedi Prasetyo, a indiqué que les enquêteurs analysent les images de caméras de surveillance pour identifier des «suspects qui ont procédé à des destructions». Ils ont aussi interrogé 28 policiers, notamment à propos de l’usage des grenades lacrymogènes. A la télévision, le président du club de football de Malang, Gilang Widya Pramana, a présenté lundi ses excuses, en pleurs. Son équipe a visité le site du drame lundi, ses membres vêtus de T-shirts noirs pour rendre hommage aux victimes et déposer des fleurs, avant de se rassembler sur le terrain pour des prières.

Une enquête indépendante réclamée
Un rencontre de football qui se transforme en violence et qui fauche ainsi des jeunes fans venus supporter leurs équipes. «Le Président indonésien Joko Widodo avait annoncé dès dimanche l’ouverture d’une enquête. Lundi, il a promis le versement de compensations aux familles de victimes de 50 millions de roupies (3 200 dollars)». Au moment où plusieurs groupes de défense des droits de l’Homme exigent une enquête indépendante et que la police s’explique sur l’utilisation de gaz lacrymogènes dans un espace confiné. «Ces pertes de vies humaines ne peuvent rester sans réponse», a souligné Amnesty International dans un communiqué.

Gianni : «Tragédie au-delà de l’imaginable»
Human Rights Watch (une organisation non gouvernementale Internationale) a demandé à la Fédération internationale de football (FIFA) de procéder à sa propre enquête et de la rendre publique. Le président de la FIFA, Gianni Infantino, a quant à lui qualifié le drame de «tragédie au-delà de l’imaginable». Le ministre Mahfud MD a déclaré que les membres de la commission d’enquête seraient choisis parmi des membres du gouvernement, des analystes, des responsables du monde du football, des médias et des universitaires. «Les autorités annonceront les résultats de l’enquête dès que possible», a-t-il précisé, estimant que «la mission pourrait être conclue dans les deux ou trois prochaines semaines».

L’Algérie présente ses condoléances
Enfin, l’Algérie a présenté ses condoléances, a indiqué, dimanche, un communiqué du ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger. «L’Algérie présente ses sincères condoléances et sa profonde compassion au gouvernement et peuple de la République d’Indonésie suite à la bousculade ayant fait plusieurs morts et blessés à la fin d’un match de football.
L’Algérie exprime également sa pleine solidarité avec l’Indonésie en cette douloureuse épreuve».
H. Hichem