Des actions urgentes pour le redressement national 2022/2025

Présentation de la politique générale du Gouvernement

Le Gouvernement a présenté son programme de politique générale le 3 octobre 2022 devant partir d’un bilan serein mais surtout faire des propositions concrètes, réalisables sur le terrain, pour relancer l’économie nationale entre 2022/2025 et faire face aux importantes tensions géo-stratégiques au niveau du monde qui influent sur le devenir de l’Algérie.Le quatrième segment le plus important est une société civile informelle, inorganisée, totalement atomisée, formant un maillage dense, composée de différents courants idéologiques tant sur le plan économique que politique . Sans l’intégration intelligente de cette sphère informelle – non par des mesures bureaucratiques autoritaires, mais par l’implication de la société elle-même –, il ne faut pas compter sur une réelle dynamisation de la société civile. Intégrer la réelle société civile, dans toute sa riche diversité, n’a de chance de réussir que si le mouvement associatif est assaini et si les associations qui le composent ne sont pas au service d’ambitions personnelles inavouables, et parfois douteuses.

3.- Sur le plan politique, les objectifs stratégiques sont la refondation de l’Etat algérien, conciliant la modernité et son authenticité, l’efficacité économique et une profonde justice sociale. Il n’existe pas d’Etat standard mais que des équipements anthropologiques qui le façonnent largement influencé par la mondialisation avec de nouvelles fonctions. Dès lors, des stratégies d’adaptation politique, militaire, sociale et économique tenant compte de l’innovation destructrice, en ce monde turbulent et instable pour reprendre l’expression du grand économiste Joseph Schumpeter. D’où l’urgence de restructurer tant le système partisan, que la société civile loin de toute action autoritaire. Lorsqu’un pouvoir émet des lois qui ne correspondent pas à l’État de la société, celle-ci émet ses propres lois qui lui permettent de fonctionner accentuant le divorce Etat-citoyens par la dominance de l’informel, à tous les niveaux : politique, économique, social et culturel. Tout pouvoir a besoin d ‘une opposition forte, organisée avec des propositions productives pour se corriger, devant l’associer dans les grandes décisions qui engagent l’avenir du pays.
L’Algérie a besoin pour éviter la léthargie et la stérilité que tous ses enfants dans leur diversité, par la tolérance des idées d’autrui, se regroupent au sein d’un même objectif à savoir le développement économique et social. Une loi n’est qu’une loi fusse t- elle la Constitution, devant être sous tendu par une nette volonté politique de réformes structurelles, le renforcement de l’Etat républicain, tenant compte de sa riche anthropologie culturelle. Sans son histoire, une société est comme un corps sans âme, l’histoire étant le fondement de l’action présente et future, devant différencier régime éphémère et Etat éternel, il s’agira sur le plan politique revenir aux valeurs du 01 novembre 1954 et de la plateforme de la Soummam, un Etat qui survit aux aléas de l’histoire, à la gloire et aux sacrifices de nos martyrs qui ont permis l’indépendance de l’Algérie. Sur le plan du volet socio-économique, il s’ agit de définir clairement le rôle futur de l’Etat dans le développement économique et social, en insistant sur le rôle de l’Etat régulateur conciliant les coûts sociaux et les coûts privés. Le système d’information s’étant effrité, il s’agira de mettre en place un organe indépendant de l’exécutif chargé de la collecte d’information et de la planification stratégique tenant compte des bouleversements mondiaux. Il s‘agira de mettre en place une véritable transition numérique, la numérisation de la majorité des secteurs pour plus de transparence , d’efficacité et en prenant en compte les dangers de la cybercriminalité et en développant l’intelligence artificielle. Le combat contre l’acte de corruption à ne pas confondre avec l’acte de gestion, devant dépénaliser l’acte de gestion pour encourager les managers publics et privés à prendre des risques, et éviter le blocage, qui constitue la corruption constituant une atteinte à la sécurité nationale ce qui implique pour son atténuation une totale transparence de l’utilisation des deniers publics , l’unification des institutions de contrôles, indépendants de l’exécutif, et donner de larges prérogatives à la Cour des Comptes, parallèlement au contrôle parlementaire, à la société civile. L’attrait de l’investissement implique de garantir la propriété privée, comme droit inaliénable et d’avoir une stratégie claire de l’instauration d’une l’économie de marché concurrentielle à finalité sociale, loin de tout monopole, mettre l’entreprise privée locale et internationale et publique, sur le même pied d’égalité, la finalité étant de promouvoir une économie productive hors hydrocarbures compétitive s’adaptant avec pragmatisme au processus des nouvelles mutations mondiales. Cette économie productive n’aura de chance de se réaliser que si on met fin à la mentalité, rentière de versement de salaires sans contreparties productives, en cette période de tensions budgétaires le sacrifice devant être partagé renvoyant à la morale, que si on donne le primat au savoir et à la connaissance impliquant de profondes réformes de notre système socio-éducatif du primaire au supérieur en passant par la formation professionnelle. L’agriculture et son soubassement l’eau, étant l’enjeu du XXIème siècle, segment stratégique avec le risque de la crise alimentaire mondiale ( 8 milliards d’habitants au 01 janvier 2022) , le gouvernement doit axer sa politique sur la non urbanisation des terres agricoles, parallèlement , mettre en place une politique d’urbanisation qui devra s’inscrire dans le cadre d’une politique d’aménagement du territoire clairement définie qui ne saurait s’assimiler aux actuels programmes spéciaux de wilayas. Dans ce cadre suite à la récente réunion Walis/ Gouvernement, s’impose la décentralisation économique autour de sept à huit grands pôles (combinant université-centres de recherche secteurs banques – fiscalité secteurs économiques- administration) à ne pas confondre avec le régionalisme néfaste,, implique d’importantes réformes institutionnelles (Ministères, secteur économique public – wilayas- APC). Avec l’inévitable réchauffement climatique, il s’agira de préserver l’environnement et protéger biodiversité avec comme impératif stratégique, la mise en place d’une transition énergétique reposant sur un Mix énergétique, toute action devant avoir l’aval du Conseil national de l’Energie et du Conseil de sécurité l concernant le futur énergétique 2022/2030 qui engage la sécurité nationale.

En conclusion, l’Algérie est un pays à fortes potentialités et un acteur déterminant de la stabilité de la région. Mais pour le redressement durable de l’économie nationale, il faut un langage de vérité, ni sinistrose, ni autosatisfaction. Tout ce qui a été réalisé entre 2021 et septembre 2022 existent des aspects positifs et des aspects négatifs qu’il s’agit de corriger dans le cadre d’une vison stratégique qui fait cruellement défaut. Force est de reconnaitre que les principaux indicateurs macro financiers relativement positifs sont dus à une conjoncture particulière la hausse des prix des hydrocarbures au niveau international. Pour la rubrique hors hydrocarbures, pour une appréciation objective, il faut l’éclater par produits, tenir compte des subventions pour certaines unités, et on constatera alors que plus de 60% de la valeur est due aux dérivées des hydrocarbures qui ont eux aussi connu une hausse de prix. Aussi des stratégies d’adaptation sont nécessaires, face aux nouvelles mutations géostratégiques devant assister l’avenir à une nouvelle reconfiguration du monde avec l’avènement de la quatrième révolution économique qui se fondera essentiellement sur les industries écologiques, l’économie de la connaissance à travers le digital et l’intelligence artificielle. Évitons toute sinistrose, avec une bonne gouvernance, une meilleure gestion et le ciblage de projets à valeur ajoutée, l‘Algérie peut fonctionner facilement avec un baril de 50 dollars et éviter le scénario catastrophe que certains esprits malveillants lui président et que nul patriote ne souhaite. D’où l’urgence de profondes réformes économiques, politiques, sociales et culturelles, ce dernier souvent oublié, mais déterminant en ce XXIème siècle, avec pour soubassement le dialogue productif. Il s’agit là de l’unique voie que doivent emprunter les Algériens afin de transcender leurs différences et trouver de nouvelles raisons de vivre harmonieusement ensemble et de construire le destin exceptionnel que nos glorieux aînés de la génération du 1er Novembre 1954 ont voulu pour eux. C’est l’unique voie que doivent emprunter les Algériens si l’on veut redresser l’économie nationale, existant un lien dialectique entre sécurité et développement. .
Dr Abderrahmane Mebtoul, professeur
des universités, expert international
(Suite et fin)