Pas de retour à l’importation sauvage !

Le Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane, a usé de propos très fermes pour mettre en garde quiconque oserait toucher aux vivres des Algériens. L’Etat frappera d’une main de fer, a-t-il averti, jeudi soir devant l’Assemblée populaire nationale (APN), lors du débat sur la Déclaration de politique générale du Gouvernement. Il a rappelé, à titre d’exemple, la hausse du coût de transport d’un conteneur de 40 pieds à partir de la Chine vers l’Algérie, de 3.500 usd en 2019 à 20.000 usd en début de 2022, soit un taux d’augmentation de +470%. A une question sur la politique de maîtrise des importations, Aïmene Benabderrahamane a indiqué que la politique de commerce extérieur adoptée par le Gouvernement visait à «rationnaliser les importations et non pas à les freiner comme relayé par certaines parties».

Il a précisé que «le Gouvernement tend à travers cette politique à préserver le produit national en vue d’avoir un tissu industriel et agricole développé en soutien à une économie nationale forte assurant à notre pays sa sécurité nationale dans son sens global». Le Gouvernement, a fait remarquer le Premier ministre, œuvre à améliorer et développer les mécanismes de contrôle du commerce extérieur en «encourageant la substitution des importations par la production nationale», et à mettre en place de nouvelles bases en adéquation avec la liberté du commerce extérieur, et ce, dans le respect des engagements de l’Algérie au niveau international, et selon un cahier des charges «par lequel l’importateur s’engage à présenter un programme annuel estimatif des importations, et l’état de stocks des marchandises importées».

En réponse aux voix affirmant que l’Etat «freine» l’importation, le Premier ministre a réfuté cette allégation, en citant à titre d’exemple que le montant des importations a atteint, jusqu’en août dernier, 26,5 milliards dollars, contre 24,6 milliards dollars durant la même période de 2021, ce qui «confirme que l’Etat n’a jamais freiné l’importation». Il a réaffirmé, dans ce sillage, l’impossible retour à «l’importation criminelle» et aux «conteneurs vides» pratiqués durant la période précédente, où «on a vu des centaines de conteneurs contenant des pierres et des déchets importés à des centaines de millions de dollars». En fait, le réflexe de l’importation de produits alimentaires revient en force quand il est appuyé sur le prétexte de la crainte d’une éventuelle pénurie d’approvisionnement des marchés et le prétendu souci de préserver le pouvoir d’achat du citoyen. A un moment, c’est la pomme de terre qui a été symptomatique de cette manœuvre : la laisser sous terre pour créer la pénurie et la hausse des prix, et donner un prétexte aux importateurs pour pratiquer les surfacturations.
L. A.