Marche contre la vie chère et gaz lacrymogéne

France

La manifestation organisée par la gauche à Paris a réuni 30 000 personnes selon les autorités, 140 000 selon La France insoumise dont les cadres se sont réjouis de la manifestation. Quelques débordements ont été à déplorer. Des milliers de personnes ont participé le 16 octobre à Paris à une «marche contre la vie chère et l’inaction climatique» organisée par la gauche unie dans la Nupes, qui veut contribuer à l’ébullition sociale de l’automne. «C’est la grande conjonction, c’est nous qui la commençons avec cette marche qui est un immense succès», s’est félicité le leader de La France insoumise (LFI) Jean-Luc Mélenchon, sur un camion au milieu de la foule, en annonçant «la construction d’un nouveau Front populaire qui exercera le pouvoir dans le pays le moment venu».
Avec cette marche, l’ancien candidat à la présidentielle a estimé «avoir le point» face à Emmanuel Macron qu’il juge «à bout de souffle», avant un acte II de la mobilisation le 18 octobre à l’appel de la CGT et de plusieurs syndicats. Le message est simple : nous voulons un meilleur partage des richesses Selon LFI, ils étaient 140 000 participants, mais seulement 30 000 selon une source policière et 29 500 selon un comptage réalisé par le cabinet Occurrence pour un collectif de médias, dont l’AFP.
La gauche unie dans cette marche ? «Le message est simple : nous voulons un meilleur partage des richesses», a lancé le numéro un du PS Olivier Faure lors de ce «meeting en marchant».
Au milieu des drapeaux, toute la gauche était représentée, des députés LFI Manuel Bompard et Clémentine Autain aux écologistes Sandrine Rousseau et Eric Piolle, en passant par Philippe Poutou (NPA). Le poing levé, Jean-Luc Mélenchon, cravate rouge et cocarde tricolore au revers de la veste, est arrivé au côté de la prix Nobel de Littérature Annie Ernaux.
«Canicule sociale, le peuple a soif de justice», pouvait-on lire sur une pancarte brandie près de la place de la Nation. Une autre avertissait : «La retraite c’est bien, l’offensive c’est mieux». De nombreux Gilets jaunes, mais aussi beaucoup de retraités, étaient également visibles dans un défilé coloré où l’on pouvait remarquer quelques bonnets phrygiens.
Défilé aussi ponctué par des chants, et même par la musique de Star Wars. «Les élus doivent se mettre au service du peuple qui a faim», a plaidé Jérôme Rodrigues, militant emblématique des Gilets jaunes.
Des élus interpellés par des manifestants au cours de la manifestation, et notamment en fin de cortèges, plusieurs personnalités de la Nupes, dont l’écologiste Sandrine Rousseau ont été chahutées par des manifestants. Une personne se revendiquant Gilet jaune a ainsi interpellé l’élue en lui reprochant de ne pas avoir soutenu le mouvement et d’être une «révolutionnaire de canapé».
Le cortège a avancé par à-coups avant d’atteindre la place de la Bastille. Quelques lacrymogènes ont été lancés par des CRS en marge du défilé, en milieu d’après-midi, après des jets de projectiles dans leur direction, a constaté une journaliste de l’AFP.
Les forces de l’ordre ont procédé à plusieurs charges. Une agence de la Société Générale a également été saccagée par des hommes vêtus de noir et masqués, près du square Trousseau (XIIe arrondissement). Premières tensions en tête de cortège. Des individus masqués et habillés de noir jettent des projectiles en direction des forces de l’ordre qui répliquent à coup de gaz lacrymogène.
De source policière rapportée par l’AFP, plusieurs tentatives de dégradations d’enseignes commerciales (Afflelou, McDonald’s) ou d’établissements bancaires (BNP) ont été «empêchées par les interventions des policiers de la préfecture de police, les BRAV», brigades de répression de l’action violente.
Les services de police nourrissaient, toujours selon la même source, de «vraies craintes» face «à la venue de personnes violentes de l’ultra gauche, des ultra gilets-jaunes qui voudraient perturber la manifestation».
La marche survient dans un contexte de grève dans les raffineries de TotalEnergies qui entraîne des pénuries de carburant. Après la mobilisation du 29 septembre, une autre journée interprofessionnelle a été lancée pour le 18 octobre par la CGT, avec FO, Solidaires, FSU ainsi que des mouvements de jeunesse.
Le patron de la puissante confédération, Philippe Martinez, goûte peu l’initiative de la gauche : «Les syndicats doivent être soutenus et on ne doit pas faire les choses en parallèle», a-t-il confié le 14 octobre. «La puissance de notre marche est un appui à la mobilisation des salariés, notamment celle qui va avoir lieu» le 18 octobre.
«Il faut penser tout ça comme un tout, qui s’entre-épaule, qui s’entraide», a répondu pendant la manifestation Jean-Luc Mélenchon. Si la coalition de la Nupes, ébranlée par les affaires Quatennens et Bayou, continue de connaître quelques dissensions, ses composantes (LFI, le PS, EELV et le PCF) ont toutes défilé dans le cortège, même si le patron du PCF Fabien Roussel et l’ex-candidat écologiste à la présidentielle Yannick Jadot.
Russia Today