Véhicules d’occasion : des prix selon la loi de l’offre et de la demande !

Le marché fait face à l’attentisme

Les consommateurs s’interrogent, depuis l’annonce de la reprise de l’importation de véhicules d’occasion de moins de trois ans et la construction prochaine d’une première voiture de marque Fiat en Algérie, sur l’impact de ces deux importantes décisions sur le prix. Ce qui est sûr, l’objectif est d’asseoir une industrie automobile forte et solide, mais aussi de proposer des prix raisonnables au citoyen algérien. C’est ce qu’ a affirmé, d’ailleurs, avant-hier, le ministre de l’Industrie, Ahmed Zeghdar, lors d’une tournée au Salon de l’alimentation organisé en marge de la célébration de la Journée mondiale de l’alimentation. «Les prix des véhicules importés obéiront à la loi de l’offre et de la demande», a-t-il déclaré.
Ce n’est pas nouveau. La loi de l’offre et de la demande était déjà à l’origine de la hausse vertigineuse des prix des véhicules en Algérie, ces trois dernières années. Le véhicule d’occasion était devenu plus cher qu’un véhicule neuf qui était aussi rare sur le marché depuis le gel de l’importation des véhicules et l’arrêt de l’activité des usines de montage automobile dans le pays. Depuis, l’Etat œuvre à remettre sur pied ce secteur. Il refuse catégoriquement d’investir dans «le gonflage des pneus». Son approche ou vision concernant ce secteur est très claire : construire localement des véhicules avec des taux d’intégration progressif afin de proposer au consommateur algérien des véhicules fort qui n’ont rien à envier à ceux qui sont réalisés ailleurs, notamment, en Europe.
La signature de la convention-cadre entre l’Algérie et le groupe franco-italien-américain Stellantis pour réaliser des véhicules de la marque Fiat, dans une usine qui sera implantée dans l’Ouest du pays, Oran, traduit la détermination des autorités à relancer l’industrie automobile, progressivement et lever, ainsi, toutes les contraintes d’approvisionnement du marché local en véhicules à des prix abordables. Les conditions de l’installation des constructeurs automobiles en Algérie sont bien définies et expliquées par le Gouvernement qui s’est engagé à lutter contre «la fausse industrie», en redéfinissant les règles de jeu et remettant de l’ordre dans ce secteur, paralysé et prédominé par certains lobbyings.
Après trois ans de gel et d’attente, l’Etat donne le coup d’envoi de développement de cette industrie avec des partenaires sérieux et engagés, comme l’a fait comprendre M. Zeghdar concernant le groupe Stellantis.
«Une feuille de route sera élaborée pour accélérer la réalisation du projet en vue d’une entrée en production en un temps record», a-t-il indiqué, lors de la signature de la convention-cadre avec ce groupe. Le choix de Fiat, a-t-il expliqué, «a été motivé par l’engagement de cette marque à réaliser un véritable transfert technologique ainsi qu’un taux d’intégration qui correspond aux aspirations de l’Algérie pour construire une industrie automobile à la hauteur des objectifs fixés», estimant que ce projet devra «permettre aux citoyens et aux entreprises économiques de faire l’acquisition de véhicules aux normes internationales, d’une part, et de créer une valeur ajoutée dans l’économie nationale».
En effet, l’Algérien a une préférence pour le véhicule européen, pas uniquement pour son design, mais surtout pour sa force et sa solidité. Le premier véhicule Fiat produit localement sera commercialisé dès la fin de 2023, selon le ministre qui est revenu dans ses déclarations à la presse sur l’importance de l’impact de l’autorisation d’importer des véhicules de moins de trois ans par les particuliers, pour leur besoin personnel, sur les prix actuels. Cette décision sera appliquée dès la publication des textes réglementaires (procédures douanières, mesures fiscales…). Il faut attendre la publication des textes d’application de la loi de Finance 2023 (LF).
Le Premier ministre a indiqué, dans ce sens, quelques jours plus tôt, que l’importation des véhicules électriques et hybrides devraient bénéficier de plusieurs avantages fiscaux. Le paiement du véhicule importé sera à la charge de l’importateur, a-t-il souligné, ce qui influencera probablement les prix qui commencent à baisser sur le marché d’occasion. Ce dernier a toujours été soutenu par la spéculation risque de suffoquer si les revendeurs de véhicules ne trouvent pas acheteur avant l’entrée en vigueur de cette décision.
Ils ne veulent surtout pas vendre à perte leurs véhicules. Leur attentisme risque aussi de se prolonger.
Samira Takharboucht