Budget 2023 : Hausse conséquente des dépenses à plus de 13.700 milliards DA

Le Gouvernement table aussi sur une augmentation prévisionnelle des recettes

Les recettes budgétaires de l’Algérie devraient augmenter à 7.901,9 milliards de dinars et les dépenses à 13.786,8 milliards de dinars en 2023, selon le projet de loi de Finances (PLF) 2023, présenté avant-hier par le ministre des Finances, Brahim Djamel Kassali devant la Commission des finances et du budget de l’Assemblée populaire nationale (APN). Le ministère de la Défense se taille la part lion avec 3.200 milliards de dinars, devenant ainsi le premier poste des dépenses de l’Etat devant les ministères des Finances, de l’Education nationale et de l’Emploi.
Le caractère social de l’Etat est fortement préservé. Il n’hésite, d’ailleurs, pas à dépenser davantage pour revaloriser les salaires et soutenir les jeunes chômeurs (allocation chômage), ce qui explique, entre autres, la hausse des dépenses de fonctionnement, qui «augmenteront à 9.767,6 milliards de dinars (+26,9%) en 2023», selon le même texte de loi.
Quant aux dépenses d’équipement, elles devraient atteindre les 4.019,3 milliards de dinars, soit en hausse de 2,7% par rapport à la loi de Finances complémentaire (LFC) 2022. A préciser que «le PLF 2023 était élaboré sur la base d’un prix référentiel du baril de pétrole de 60 dollars pour la période entre 2023 et 2025». Le prix du pétrole oscille, actuellement, entre 90 et 95 dollars
La hausse des cours du pétrole et des recettes des hydrocarbures et même hors-hydrocarbures ont aidé à renflouer les réserves de changes, estimée à «54,6 milliards de dollars à la fin de l’année 2022, soit l’équivalent de 14,3 mois d’importations de biens et de services hors facteurs de production», a expliqué le premier argentier du pays qui prévoit «une hausse des réserves à 59,7 milliards de dollars à la fin 2023, soit 16,3 mois d’importations de biens et services».
Une sécurité financière pour le pays qui enregistre, selon le ministre, «un excédent de 11,3 milliards de dollars de sa balance des paiements, (6,3% du PIB), un niveau jamais atteint depuis 2014».
Quant à «la balance commerciale de l’Algérie devrait enregistrer un excédent de 17,7 milliards de dollars à la fin de l’année en cours, contre 1,1 milliard de dollars l’année précédente», a-t-il souligné. L’excédent de la balance commerciale et de celle des paiements traduit l’amélioration des indicateurs macro-économique du pays. Le PLF 2023, prévoit un taux de croissance moyen de l’Algérie «de 4,1% en 2023 et de 4,4% en 2024 et un niveau d’inflation de 5,1% en 2023 et de 4,6% en 2025». La baisse des importations ces derniers mois et la hausse des cours du pétrole ont participé à l’appréciation de la valeur de la monnaie nationale, le Dinar, et du rendement du secteur hors-hydrocarbures, évitant au pays une déroute financière et une crise de la balance des paiements. A préserver également ses réserves de changes qui ont chuté à 44 milliards de dollars.
Déficit budgétaire moyen
de 5.720 milliards de dinars
sur la période 2023-2025
En pleine période de transition économique, l’Etat a dû intervenir rapidement durant la période de pandémie marquée par une inflation galopante et les épisodes de pénuries pour accélérer son programme de réforme pour soutenir davantage les entreprises et les ménages, renonçant même à l’application de certaines dispositions introduites dans la loi de Finances 2022. Les mesures prises étaient nécessaires pour apaiser la situation de crise.
Aujourd’hui, la situation financière du pays s’est nettement améliorée, grâce au redressement du marché pétrolier. En se référant à cette amélioration, le PLF 2023 prévoit «une hausse importante des exportations en hydrocarbures dans le contexte de la flambée des prix du pétrole sur les marchés mondiaux et la hausse des exportations algériennes hors hydrocarbures qui passeront de 4,5 à 7 milliards de dollars à la fin de l’année 2022».
Les autorités misent aussi sur l’investissement pour encourager la production nationale ainsi que les rendements hors-
hydrocarbures en vue de diversifier ses ressources financières pour mieux se protéger dans un contexte économique mondial incertain.
En attendant, il peut compter sur la hausse des cours du pétrole et de la fiscalité pétrolière pour renforcer ses dépenses. L’augmentation des recettes budgétaires résulte, selon le ministre «de 1.284,9 milliards de dinars (+66,7%), et les recettes fiscales de 222,8 milliards de dinars (+8,1%)».
La hausse des dépenses publiques signifient aussi la hausse du déficit budgétaire qui «passera de 4.092,3 milliards de dinars (-15,9 du PIB) dans les prévisions de clôture pour 2022 à un déficit moyen de 5.720,0 milliards de dinars sur la période 2023-2025 (-20,6% du PIB)», selon le ministre. Il est revenu dans le détail sur la hausse des recettes des biens durant cette même période, tandis que «la baisse continue des importations de biens renforce l’approche gouvernementale de rationalisation des importations», a-t-il souligné.
Samira Takharboucht