«Belmadi a réussi à porter les Verts au sommet de l’Afrique»

Rafik Djebbour

Dans une interview accordée au journal français Onze mondial, Rafik Djebbour l’ancien international algérien évoque pour les lecteurs, les étapes de son passé de joueur professionnel et parle de ce qu’il fait aujourd’hui après avoir quitté les terrains de foot.
«Passé par l’Olympiakos, l’AEK Athènes ou encore le Paniónios GSS, Rafik Djebbour a fait trembler les défenses grecs, de quoi lui ouvrir à l’époque les portes de la sélection algérienne et la Coupe du monde 2010. Retiré des terrains, il revient sur les moments forts de sa carrière, les Fennecs, ou encore le Championnat de France».
Plusieurs facettes ont marqué sa vie de joueur professionnel. Pour de nombreux spécialistes de la balle ronde, Djebbour est très apprécié par les Algériens, par les dirigeants et par les supporters des différents clubs où il avait évolué. Sa sélection en équipe nationale et sa participation en Coupe du monde 2010 est une parfaite preuve de ses qualités.
Pour lui, quitter les terrains, ce n’est certainement pas un fait inédit, cela arrive à tous les joueurs professionnels, lesquels à un certain moment quittent les terrains pour une autre option sportive. «J’ai fait un petit break. J’ai pris le temps de récupérer et de réfléchir à mon avenir». Il explique que le football a été toute sa vie, et qu’il lui a tout donné. «J’avais à cœur de m’inscrire dans un projet autour du football». Aujourd’hui, il est manager intermédiaire, «une sorte de représentant pour le football grec». Sa carte de visite lui a permis de se mêler dans des opérations de transferts de joueurs. A titre d’exemple : «De par mes très bons contacts ici, j’ai facilité les transferts de Djibril Sidibé et de Bakary Sako en Grèce cet été.»

Pourquoi cette facette et pas
une autre ?
«Il s’agit quelque part d’aider toutes ces personnes qui n’arrivent pas à trouver une suite pour leur carrière, leur offrir une opportunité de grandir dans un autre environnement et dans un football compétitif». Il étalera son explication en déclarant «outre le marché français, et de par mes origines algériennes, c’est important pour moi d’aider également les pays africains pour les guider et leur donner l’opportunité de s’exprimer en Europe».

Djebbour, un amoureux de la Grèce
Il explique «parce que c’est un pays qui m’a bien reçu, bien adopté. Surtout, c’est ici que j’ai écrit ma propre histoire footballistique. À partir de là, je trouvais que c’était une suite logique à mon évolution aussi bien privée que professionnelle. Maintenant qu’il n’est plus sur les terrains, il parle du football, qui se base beaucoup sur la préparation psychologique, physique, mentale. «Je pense que ça, ce sont des détails qui m’ont fait défaut en tant que joueur. Bien entendu que je n’étais pas non plus hors professionnaliste, mais j’aurais pu être plus performant, plus constant et avoir d’autres ambitions».

A quoi ressemble le football méditerranéen ?
Le football méditerranéen ne ressemble en rien à celui plus européen. Le football se développe très vite, il estime qu’il est basé sur la passion, l’agressivité, la résistance mentale, ce sont beaucoup de détails qui ne sont pas forcément appris en académie…» Plus clairement, «en académie, on nous apprend à être plutôt solide sur la base tactique, physique, l’endurance et tout ce qui va avec. Mais sur le côté mental, on ne travaille pas assez. Ici, c’est le cas».

A un football de PlayStation
L’autre volet qui domine le football d’aujourd’hui, c’est le business. Il a commencé sa carrière «quand le football business a commencé à éclater. Il y avait un environnement de joueurs, d’entraîneurs, de gens autour du terrain passionnés, qui aimaient le football avec ses vraies valeurs». Il qualifie le football d’aujourd’hui «de football de PlayStation.
On aime tout ce qui est robotisé, ça parle plus d’argent, de sponsors, que de football».

Le Championnat de France ?
Sur cette question, sa réponse est toute aussi tranchante : «Je suis impressionné de la manière par laquelle la France arrive à produire des joueurs de talent, à toujours pouvoir retomber sur ses pieds. Maintenant, je n’ai pas envie que le Championnat de France devienne un marché à ciel ouvert.
J’ai envie que le football français puisse développer un football qui recherche la perfection offensive plutôt que la perfection défensive.
Il y a beaucoup de qualités, beaucoup d’attaquants, beaucoup de joueurs qui peuvent créer des occasions».

Le football national et l’élimination
de la Coupe du monde
«Oui. J’ai toujours un œil attentif à ce qui se passe… J’ai été très touché par l’élimination et par la manière (contre le Cameroun en barrage de la Coupe du monde, ndlr).
Je pense qu’en 2022, ce n’est pas permis surtout quand on parle de VAR et de système de vidéo intelligente qui puisse régler tous les problèmes.
Finalement, l’Algérie perd sur une grosse erreur d’arbitrage et quand on voit que le même arbitre a été sélectionné pour la Coupe du monde, on se pose des questions sur les valeurs du football africain».

«L’intronisation de Djamel Belmadi ?»
Il estime que dans l’ensemble, «Djamel Belmadi amène encore une belle prestation footballistique. En l’occurrence un autre regard sur l’Algérie». Il poursuit en disant que Belmadi «a mis l’Algérie au sommet du football africain, on en parlait même mondialement… C’est dommage pour le groupe, pour les joueurs, pour Belmadi». Il avertit, au passage que les Verts «doivent se méfier, les challenges de demain, c’est la formation et on accuse énormément de retard». Là où beaucoup de pays concurrents en Afrique ont développé des académies.

Bouguerra, un entraîneur moderne
«C’est un entraîneur complet, il a toutes les qualités d’un entraîneur moderne», disait-il de Bouguerra. «Il est très intelligent dans sa manière d’entraîner, sa gestion humaine est extraordinaire, je pense que c’est un entraîneur sur lequel il faudra parier à l’avenir» et de compléter en disant qu’il a prouvé en gagnant la Coupe arabe. «Un jeune entraîneur sans grande expérience peut créer la sensation… Il a affronté des coaches comme Carlos Queiroz, qui a été l’adjoint de Ferguson et qui est un très gros nom au Portugal et qui était à la tête d’une sélection supérieure à tout le monde car l’équipe d’Égypte était à 70-80% au complet malgré l’absence de Salah. Madjid est un très grand entraîneur en devenir».

Karim Benounes comme DTN
Autres techniciens qui te plaisent dans le football actuel ? «Ce n’est pas un technicien, mais plutôt un directeur sportif que j’ai envie de citer. Il s’agit de Karim Benounes, une personne méconnue mais très douée, très intelligente, qui a un vécu extraordinaire dans le football. Je pense que ça ferait un très grand dirigeant algérien si on venait à le contacter. Je le verrais bien occuper un gros poste à la DTN du fait qu’il possède un vrai bagage, une vraie expérience».

Quel message pour les amoureux
du foot ?
«En général, j’ai envie de transmettre un message positif et demander aux amoureux de football de ne pas abandonner, de rester dans ce monde et de lutter contre ce football business. Je suis nostalgique des vraies heures de football, des vrais moments, des gens qui aiment le football et qui parlent avec des gens qui aiment aussi le football.
Synthèse de H. Hichem
nBeIN Sports 1 : AC Monza – Bologne à 20h
nCanal + Foot : Brighton & Hove Albion – Chelsea à 20h