Smain Ibrir, l’infatigable défenseur

Le Onze de l’indépendance 

Smain Ibrir est le frère cadet de Abderrahmane Ibrir. Il a vu le jour un 28 mars 1932 en Algérie et qui nous a quittés un certain 7 juillet 2021 sans que personne n’en parle.

Smain Ibrir est issu d’une famille sportive. Lui et son frère aîné Abderrahmane ont fait partie de la glorieuse équipe du Front de libération nationale. Ils étaient deux frères à rejoindre le combat pour la noble cause au même titre que les frères Soukhane Mohamed et les frères Bouchache Hocine et Cherif de Skikda.
Unique dans le monde du football et très spéciale pour l’Algérie, étant donné que la composante de l’équipe du onze de l’indépendance comportait 32 joueurs, parmi eux, il y avait des footballeurs frères à l’image des Soukhane, Bouchache, Ibrir.
Smain Ibrir avait une morphologie et un grand gabarit avec ses 1,83 m et qui a goûté au professionnalisme en 1953 jusqu’à 1958, année où il a répondu à l’appel du devoir. Son poste de prédilection était dans le compartiment défensif. Il a porté les couleurs de la glorieuse équipe de la JS El Biar de 1953 à 1956, puis il s’exile en France, plus spécialement au FC Havre de 1956 à 1958. Smain Ibrir arrive au Havre, un club qui évoluait en Ligue deux où il y joue alors dix matches avec l’équipe principale. Le club se classe à la huitième position au classement, mais l’année suivante, Smain Ibrir ne jouera que deux rencontres seulement avant de s’envoler vers Tunis pour rejoindre la formation de la liberté en 1960 celle que l’on surnommera la formation du FLN. Cette dernière avait pour but de représenter le Font de libération nationale mouvement luttant pour l’indépendance de l’Algérie sous la domination française.
L’équipe de la liberté du Front de libération nationale était une équipe de football non reconnue par les instances internationales du football mais cela n’empêche que cette formation a participé à de grands matches amicaux durant quatre longues années. Smain Ibrir a suivi le parcours de son frère aîné avec l’équipe du Onze de l’indépendance.
Smain Ibrir était doté d’un gabarit impressionnant. Il fut un défenseur infatigable, non pas parce qu’il excellait dans les duels et les marquages, mais aussi dans la relance, n’hésitant jamais à prêter main forte à ses attaquants. Il était d’une sportivité exemplaire. Il apportait l’assurance et le soutien à ses coéquipiers et ses entraîneurs ne tarissaient pas d’éloges envers lui, les supporters el biarrois se souviennent toujours de lui et ils l’ont encore en mémoire et ils se rappellent toujours de cette silhouette omniprésente et sympathique. Smain affectionnait la fine touche de balle et les déviations limpides et c’est pour cela qu’il s’imposa avec le Havre grâce à son abattage et dans l’entre jeu où il accomplissait un travail de fourmi et tenait efficacement son rôle de défenseur et parfois de relayeur, il était très utile en défense.
Voilà un footballeur méconnu totalement de la nouvelle génération et même de l’ancienne. Comment a-t-on oublié cet excellent footballeur qui a fait l’histoire du football algérien et de celui de la révolution algérienne. C’est un joueur qui se dépensait beaucoup dans une arène de football. Il avait beaucoup de qualités, il pouvait se prévaloir dans son époque d’avoir été en pleine possession de ses moyens physiques et d’un sens de l’opportunité très aiguisé. Les connaisseurs du football, ainsi que tous les fans et supporters des Verts se rappelleront toujours de lui car il a fait sensation parmi les grandes stars de l’époque à l’image des Amara Saïd, Arribi Mokhtar, Mekhloufi Rachid, Abdelhamid Zouba, Abdelhamid Kermali, Brahimi Saïd, Boubekeur Abderrahmane, Ali Doudou, Oualiken Amokrane, et la liste est très longue. Une chose est sûre Smain Ibrir est l’histoire du football algérien, un moudjahid qui a consacré sa vie pour la noble cause.
C’était un footballeur très technique, doté d’une excellente couverture de balle et d’une pointe de vitesse. Il aurait pu s’imposer dans n’importe quel poste, mais Smain ibrir était l’homme des grands espaces au sein de la défense. Sa vista faisait merveille, et il était d’un grand soutien pour ses coéquipiers qu’il arrosait de belles balles. Il était généreux dans l’effort, courageux dans ses engagements et ses duels au sein de la défense. Il était un véritable stimulant pour ses partenaires, un défenseur type, son opportunisme et son jeu parfois sans ballon avaient fait de lui, un défenseur redoutable, d’une grande valeur technique, solide, rapide, accrocheur et volontaire avec un tempérament de gagneur. Il n’aimait pas perdre. Il avait une technique parfaite qui lui fournissait une meilleure vision du champ de jeu qui lui permettait une bonne récupération du ballon. Pour Smaïn, il n’était pas question qu’un attaquant puisse lui passer facilement. Aujourd’hui, il fait partie de l’histoire du beau football algérien, de cette histoire où les joueurs défendaient les couleurs algériennes sans contre partie car l’indépendance de l’Algérie était primordiale et sacrée. Il a vécu paisiblement après l’indépendance. C’est un moudjahid qui a consacré sa vie pour son pays. Smain Ibrir demeure vivace dans les cœurs de chaque Algérien.

Kouider Djouab