La Ligue arabe n’a qu’à appliquer les bases de la Déclaration d’Alger !

Défis économiques de l’heure

Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a plaidé dans son discours prononcé durant le premier jour du Sommet arabe, organisé à Alger les 1er et 2 novembre en cours, pour la construction d’un bloc économique solide pour faire face, tous azimut aux changements géopolitiques et économiques actuels qui menacent la sécurité alimentaire, énergétique et sociale de plusieurs pays membres de la Ligue arabe. Après de longues heures d’échanges et de discussions, les participants à ce Sommet, ont trouvé un consensus sur les manières d’avancer sur ces questions et pouvoir émerger progressivement de leurs problèmes économiques et financiers chroniques.
L’Algérie et les autres pays membres de la Ligue incarnent cette capacité commune d’agir en un seul bloc cohérent et solidaire, refusant, du coup toute ingérence étrangère dans leurs affaires internes. C’est aussi une confession sur les intentions des pays arabes de s’affranchir de leur dépendance à l’étranger en mettant en place une stratégie économique commune qui garantirait leurs intérêts avant tout.
Leur détermination à mettre en place une action conjointe enverrait un signal positif, qui pourrait, toutefois, contrarier certaines parties étrangères.
Ceci n’a plus d’importance, si les pays arabes arrivent à combiner leurs efforts pour appliquer la Déclaration d’Alger, qui recommande sur le plan économique, la redynamisation de la Grande zone de libre-échange (GZALE), la création d’une Union des douanes arabes (UDA) et l’utilisation de tous les circuits commerciaux régionaux et africains pour renforcer leurs commerces extérieurs. L’enjeu est de taille et le défi est difficile à relever dans une conjoncture où la défiance est omniprésente à d’autres niveaux. La crise géopolitique en Europe de l’Est montre une autre réalité à laquelle devraient faire face les pays arabes.
De ce Sommet, les pays arabes ont exprimé d’ailleurs leur solidarité avec l’Arabie saoudite qui subit depuis l’annonce de réduction de la production pétrolière de deux millions barils par jour, une pression intense de l’Occident qui l’accuse de s’aligner à la Russie et de faire galoper l’inflation, ce que récuse le royaume wahhabite. Une autre affirmation de la disposition et disponibilité des pays membres de la Ligue à renforcer leur union. Tout est inscrit dans la Déclaration d’Alger adoptée à l’unanimité. Certes, les divergences ne sont pas rares au sein d’un bloc économique ou politique, mais l’intérêt commun des pays alliés et partenaires passent avant tout.
La conjoncture actuelle impose aux pays arabes d’investir davantage dans le projet de leur réunification pour renforcer leur résilience. Donner l’exemple. Le fait de parvenir à s’adhérer aux mêmes causes et de s’aligner sur les mêmes positions en dit long sur le niveau d’implication des pays arabes prêts à donner plus de garanties de sécurité pour protéger la Ligue, souvent fragilisée par les divergences et le désintérêt.
Les bases d’un début
prometteur
La Déclaration d’Alger est un début prometteur qui pose de nouvelles bases pour la construction d’union économique arabe, qui pourrait puiser sa force de sa jeunesse, ses ressources naturelles et sa résistance face au chantage et au mépris de certains pays étrangers. La Ligue arabe dit «valoriser la politique équilibrée adoptée par l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés (Opep+), afin de garantir la stabilité des marchés énergétiques mondiaux et la pérennité des investissements dans ce secteur stratégique dans le cadre d’une approche économique assurant la protection des intérêts des pays producteurs et consommateurs à la fois».
Les pays arabes producteurs d’hydrocarbures pourraient jouer un rôle important dans le règlement de la crise énergétique qui secoue le monde et profiter de cette opportunité pour se repositionner sur le marché mondial et doper leur croissance.
L’objectif est aussi de passer de la logique de la rente à la logique de la production. Investir plus dans l’innovation, le renouvelable, la jeunesse et l’industrie pour ne pas rater l’opportunité du changement et du progrès.
Chercher, en parallèle, des solutions aux problèmes existants à travers le renforcement et la modernisation de l’action arabe commune et «sa promotion à la hauteur des aspirations des peuples arabes, suivant une nouvelle approche confortant les cadres traditionnels et érigeant les préoccupations du citoyen arabe au cœur de ses priorités». Trouver des solutions aux préoccupations socio-économiques, en prenant en compte les 24 clauses adoptées par le Conseil économique et social arabe (CESA), visant à atteindre l’intégration économique.
Ce qui passerait d’abord par la multiplication, comme l’a souligné la Déclaration d’Alger, «des efforts pour la concrétisation du projet d’intégration économique arabe suivant une vision globale assurant une exploitation optimale des atouts des économies arabes, mais aussi des opportunités précieuses qu’elles présentent, l’objectif étant d’assurer une activation complète de la Grande zone arabe de libre-échange (GZALE), en prévision de la création de l’Union douanière arabe».
La crise climatique qui menace de nombreux pays arabes exige, selon le même document, «la conjugaison des efforts en vue de consolider les capacités arabes collectives en matière de riposte aux défis posés dans les domaines de la sécurité alimentaire, sanitaire et énergétique, et de lutte contre les changements climatiques, tout en soulignant l’impératif développement des mécanismes de coopération en vue de l’institutionnalisation de l’action arabe dans ces domaines». Pour l’Algérie, tous les indicateurs et moyens sont disponibles pour contribuer à la bonne marche d’un bloc économique arabe et de leur intégration économique. Le pays a mis les bouchées doubles lors de ce Sommet, quant au suivi des engagements, l’avenir nous le dira.
Samira Takharboucht