Les pays arabes ont une nouvelle feuille de route

Sommet d’Alger

La réussite du Sommet arabe tenu à Alger les 1er et 2 novembre 2022 est reconnue par les observateurs qui ont évalué l’événement, certes, à l’aune des présences – bien qu’elles soutiennent la comparaison avec d’autres Sommets arabes – mais ont pris également en considération d’autres dimensions. La première constatation porte sur les aspects logistiques et organisationnels, qui ont été à la hauteur de l’événement. La dimension politique qui est la plus importante, est exceptionnelle, reflétant le changement géopolitique qui s’opère actuellement au grand jour. L’Algérie n’a rien imposé durant les travaux du Sommet, mais ses idées ont été bien accueillies après une très large discussion. Les allégations fallacieuses contre l’Algérie pour faire échouer le Sommet arabe n’ont pas manqué, mais elles n’ont pas résisté aux faits.
Sur les relations avec l’Iran et sur la prétendue aide du Hezbollah libanais au Front Polisario, des mensonges ont été diffusés par les milieux sionistes et ceux du Makhzen marocain, mais personne n’y a crus. Le véritable problème est que les pays arabes sont mis devant l’alternative qui a surgi de l’actualité : ou suivre la nouvelle feuille de route tracée par la Déclaration d’Alger ou s’enfoncer encore plus dans une situation de dominés en s’accrochant aux anciennes idées et à un schéma de relations internationales périmé. La position par rapport à la question palestinienne illustre parfaitement cette exigence de réorientation des positions des pays arabes sur les questions qui déterminent l’évolution du monde. Il est d’ailleurs significatif de noter que les absents au Sommet d’Alger, trois sont les dirigeants de pays ayant normalisé leurs relations avec Israël dans le cadre d’une démarche imposée par les Etats-Unis (Emirats arabes unis, Bahreïn et le Maroc). Le défi posé aux pays arabes par le Sommet arabe d’Alger est, dans l’immédiat, d’imposer à l’entité sioniste et à ses alliés occidentaux la solution qui accorde leurs droits au peuple palestinien. Il s’agit d’empêcher les forces d’occupation de continuer leurs opérations criminelles d’expulsion forcée des Palestiniens de leurs habitations après démolition de celles-ci pour préparer l’expansion des colonies.
Durant le premier semestre 2022, au total, 300 constructions palestiniennes ont été démolies par les forces d’occupation sionistes en Cisjordanie et El-Qods occupées, selon les indications données par le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (Ocha), dans les territoires palestiniens occupés. Les pays arabes sont tenus à réagir à ces agressions s’ils veulent donner un sens au principe «la terre contre la paix» et à leur objectif de deux Etats, palestinien et israélien, cohabitant dans la région. L’Algérie n’est pas seule concernée par la cause palestinienne.
Le Sommet d’Alger a ouvert la perspective d’une coopération plus efficace entre les pays arabes et une solidarité active avec ceux qui sont confrontés au risque de famine dans la crise alimentaire qui s’installe du fait du conflit en Ukraine. En matière de relations bilatérales, l’Algérie et le Qatar ont donné l’exemple avec les projets d’investissements qataris dans le domaine stratégique de la sidérurgie et le secteur vital de la santé. Les pays arabes dotés de ressources financières énormes doivent investir dans les pays arabes démunis et pauvres. A ce propos, la Déclaration d’Alger a mis l’accent sur «la conjugaison des efforts en vue de consolider les capacités arabes collectives en matière de riposte aux défis posés dans les domaines de la sécurité alimentaire, sanitaire et énergétique, et de lutte contre les changements climatiques, tout en soulignant l’impératif développement des mécanismes de coopération en vue de l’institutionnalisation de l’action arabe dans ces domaines». Dans ce sens, l’Algérie a marqué sa solidarité avec l’Egypte et le Soudan sur la question sensible des ressources hydriques. Les médias, nationaux ou internationaux – télévision, presse écrite ou site électronique – ont montré qu’ils ont un rôle important dans la situation actuelle. Ils ont contribué à la réussite du Sommet arabe. Le Président Tebboune a rendu un hommage appuyé aux journalistes de la presse nationale et internationale qui ont assuré la couverture médiatique de la 31ème session du Sommet arabe. Le ministre de la Communication, Mohamed Bouslimani, a également salué, jeudi, les efforts de la presse nationale et étrangère accréditée dans la couverture des travaux du Sommet arabe d’Alger.
Lakhdar A.