La transition d’une économie fondée sur la rente à une économie productive concurrentielle

Les défis de l’Algérie 2022/2025 face aux nouveaux enjeux mondiaux

Agir en dynamique afin de corriger les déséquilibres économiques et atténuer les tensions sociales, afin de favoriser la transition d’une économie fondée sur la rente à une économie productive concurrentielle s’adaptant au nouveau monde, dans le cadre d’une planification stratégique implique d’analyser sans complaisance, ni sinistrose, ni autosatisfaction, seulement un discours de vérité, privilégiant les intérêts supérieurs de l’Algérie, la structure actuelle de l’économie algérienne. Cette présente contribution est la synthèse d’une contribution transmise à l’agence internationale britannique Reuters, à leur demande.

L’Algérie est toujours attentive au cours du pétrole qui est côté le 01 novembre 2022 18h GMT à 94,69 dollars le Brent et à 88,40 dollars le Wit qui termine fondamentalement l’équilibre de la balance des paiements avec un cours euro/dollar de 0,9867 dollar un euro. Cette dépréciation de l’euro a pour effet, une dépréciation des réserves de change libellées en euros mais un gain pour les importations provenant de la zone euro, mais devant pondérer par le taux de l’inflation mondiale des produits importés qui connaît un niveau record , expliquant la hausse des taux d’intérêts directeurs des banques centrales. Le PDG de Sonatrach annonce des recettes de plus de 50 milliards de dollars, montant auquel s’ajoutent les données du ministre du commerce de 7 milliards de dollars hors hydrocarbures fin 2022 ce qui donnerait 57 milliards de dollars de recettes. Encore faudrait-il préciser si dans le montant des 50 milliards l’on inclut les dérivés d’hydrocarbures inclus par le Ministère du commerce dans la rubrique hors hydrocarbures ne devant pas faire un double emploi. Les dépenses sont estimées à 98 milliards de dollars réparties entre les dépenses de fonctionnement, qui augmenteront à 9 767,6 milliards de dinars (+26,9%) et les dépenses d’équipement à 4 019,3 milliards de dinars (+2,7%), par rapport à la loi de finances complémentaire (LFC) 2022, Selon le ministre des finances, sur la base des recettes et dépenses prévisionnelles, le déficit budgétaire passera de 4.092,3 milliards de dinars (-15,9 du PIB) dans les prévisions de clôture pour 2022 à un déficit moyen de 5.720, milliards de dinars en 2023 (-20,6% du PIB), plus de 40 milliards de dollars au cours de 140 dinars un dollar contre 30 pour l’exercice 2022 au cours de l’époque. Cela montre que le prix fixé par la loi de finances de 50 dollars pour la loi de finances 2022 et 60 dollars pour celle de 2023 est un artifice comptable, l’Algérie selon le FMI dans son rapport d’octobre 2022 pour l’équilibre du budget devant avoir un cours moyen du baril à environ 150 dollars.
Outre d’autres facteurs comme l’inflation importée, la faiblesse de la production et de la productivité, les surfacturations, cette dépréciation du dinar accentue l’inflation qui entre janvier et octobre 2022 dépasse les 10%, pour certains produits entre 2008/2022 entre 50 et 100% comme les pièces détachées, avec des incidences sur le pouvoir d’achat, laminant les couches moyennes qui rejoignent les couches défavorisées. Les prévisions de la loi de finances 2023 sont optimistes, l’estimant à 5,3% en rappelant que l’indice de l’ONS n’a pas été réactualisé alors que le besoin est évolutif , historiquement daté. Par ailleurs comme pour le calcul du taux de croissance, un taux d’inflation faible en T1 calculé par rapport à un taux d’inflation élevé en T0 donne cumulé un taux d’inflation élevé influant sur le taux d’intérêt des banques primaires qui doivent ajuster leur taux à deux au moins pour éviter des recapitalisations. Les recettes en devises environ 98% provenant des hydrocarbures avec les dérivées qui sont inclus dans la rubrique hors hydrocarbures par le gouvernement où sur les 7 milliards de dollars annoncés pour fin 2022, le Ministère du Commère ne devant pas donner un montant global mais l’éclater par produit puisque plus de 65% en valeur du fait de la flambée des prix proviennent des dérivées d’hydrocarbures et pour les 35% restant dresser la balance devises (inputs importés en devises et exonérations fiscales). Grâce notamment à l’évolution positive du cours des hydrocarbures via la dépense publique, le produit intérieur brut fin 2021 est de 160 milliards de dollars prévision 180 en 2022, un taux de croissance de de 4,7% prévu par le FMI contre une prévision initiale de 2,3% et pour 2023 selon le rapport du FMI d’octobre 2023 , il est prévu une baisse de la croissance pour l’Algérie à 2,6 % en 2023, alors que le projet de Loi de finances (PLF) 2023, prévoit un taux de croissance de 4,1 %.
Pour une croissance durable, et des exportations hors hydrocarbures, condition d’ailleurs de l’adhésion aux BRICS, il faut avoir des entreprises publiques et privées compétitives (coûts/qualité) dans le cadre des nouveaux avantages comparatifs mondiaux : sinon c’est comme un stade de 200.000 places sans joueurs, se limitant comme par le passé à être toujours une économie rentière. Pour les PMI/PME après toutes les formalités administratives et sa réalisation il faut trois ans minimum pour son parachèvement, T- 3 et ensuite, il faut trois à quatre ans à partir de son fonctionnement pour atteindre le seuil de rentabilité et pour les projets hautement capitalistiques, créant peu d’emplois, il faut entre 5/7 ans, tout cela devant être encadré par de profondes réformes institutionnelles, sociales et économiques, le cancer du blocage étant le terrorisme bureaucratique qui engendre la corruption.
La population au 01 janvier 2022 est estimé à 45 millions, une projection de plus de 50 millions horizon 2030, avec une population active d’environ 13 millions et un taux de chômage selon le FMI 14% incluant les emplois de la sphère informelle et les sureffectifs dans l’administration, devant créer entre 350.000/400.000 emplois par an. Existant un lien dialectique entre sécurité et développement cela nécessite un taux de croissance de 8/9% sur plusieurs années pour atténuer les tensions sociales Celles-ci sont atténuées par les transferts sociaux qui représentent pour le PFL 2023, plus de 5000 milliards de dinars soit plus de 36/37 milliards de dollars, contre à 19,7 % du budget de l’Etat de 2022 et 24% en 2021, montrant le caractère re-distributif de la richesse rentière sans ciblage, celui qui perçoit 300.000 dinars par mois bénéficient des mêmes subventions que celui qui perçoit plus de 200.000. dinars.
La sphère informelle qui sert de tampon social, l’emploi est d’environ 40% de la population active canalise entre 33 et 45% de la masse monétaire en circulation, le président de la République algérien ayant donné fin 2020 entre 6000 et 10.000 milliards de dinars. Selon la banque d’Algérie entre 2019/2020, la masse monétaire circulant en dehors du circuit bancaire, avait atteint 6140,7 milliards de dinars (près de 47,23 milliards de dollars au cours de 130 dinars un dollar de l’époque ) soit une hausse de 12,93% par rapport à 2019. Toutefois, le stock de la dette extérieure est relativement faible, à fin 2020 a atteint 5,178 milliards de dollars contre 5,492 en 2019 selon le rapport International Debt Statistics 2022 de la Banque mondiale et la dette extérieure a été selon le FMI de 2.4% en 2020, de 6.5% en 2021 et une projection de 7.7% en 2022., avec un accroissement de la dette publique, encore soutenable , ayant représenté 50.7% du PIB en 2020,n 59.2% du PIB en 2021 et une projection de 65.4% en 2022 .Les réserves de change évoluent ainsi de 2001 à fin 2022 : – 2001 : 17,9 milliards de dollars – 2002 : 23,1 milliards de dollars, – 2003 : 32,9 milliards de dollar, – 2004 : 43,1 milliards de dollars, – 2005 : 56,2 milliards de dollars, – 2010 : 162,2 milliards de dollars, – 2011 : 175,6 milliards de dollars, – 2012 : 190,6 milliards de dollars, – 2013 : 194,0 milliards de dollars, – 2014 : 178,9 milliards de dollars, – 2015 : 144,1 milliards de dollars, – 2016 : 114,1 milliards de dollars, – 2017 : 97,33 milliards de dollars, – 2018 : 79,88 milliards de dollars Depuis 2019, il y a eu une restriction drastique des importations en devises qui a paralysé bon nombre de secteurs économiques certaines unités fonctionnant à 50% de leurs capacités du fait que le taux d’intégration des entreprises publiques et privées ne dépasse pas 15/20% , 80 à 85% des matières premières et équipements provenant de l’extérieur en devises et avec un impact inflationniste , – 2019 : 62 milliards de dollars de réserves de change , – fin 2020 42 milliards de dollars – fin 2021 44 milliards de dollars – prévision fin 2022, si le cours du Brent se maintient à plus de 90/100 dollars et le gaz représentant environ 35% des recettes en devises à 150/200 dollars le mégawattheure, en moyenne annuelle, conjugué avec la restrictions des importations, entre 54/55 milliards, le Ministre des Finances l’estimant sur la base d’une excédent de la balance commerciale fin 2022 de 17 milliards de dollars à 54,5 milliards de dollars. Liée au niveau des réserves de change à plus de 70%, comme toute économie rentière, la cotation du dinar est passée en 1970, à 4,94 dinars un dollar, en 1980 à 5,03 dinars un dollar, en 1990: à 12,02 dinars un dollar, en 1995 à 47,68 dinars un dollar, en 1999 : 66,64 dinars un dollar -2001 : 77,26 dinars un dollar 69,20 dinars un euro : -2005, 73,36 dinars un dollar, 91,32 dinars un euro : – 2010, 74,31 dinars un dollar et 103,49 dinars un euro : -2015, 100,46 dinars un dollar et 111,44 dinars un euro- 2020 : 128,31 dinars pour 1 USD et 161,85 dinars pour 1 euro – 14 janvier 2021 132,77 dinars et 161,13 dinars un euro ; le 01 novembre 2022 , 140,31 dinars un dollar et 139,20 dinars un euro, avec un grand écart sur le marché parallèle, 218 dinars un euro et 219 dinars un dollar – cours vente- ce taux devant tendre, à court terme, en fonction de la loi de l’offre et la demande du fait de la décision d’importation de voitures d’occasion et de la restriction à l’importation de bon nombre de biens qui ont conduit à la sous utilisation des capacités des entreprises publiques et privées, vers 250 dinars euro à court terme et beaucoup plus si l’on en cas de non relance de l’économie, accentuant le divorce entre la cotation officielle et celle du marché parallèle ce qui favorisera les actions spéculatives et les surfacturations. La banque d’Algérie procède au dérapage du dinar par rapport au dollar et à l’euro afin d’augmenter artificiellement la fiscalité hydrocarbures (reconversion des exportation hydrocarbures en dinars) et la fiscalité ordinaire (via les importations tant en dollars qu’en euros convertis en dinar dévalué), cette dernière accentuant l’inflation des produits importés (équipements, matières premières, biens finaux), montant accentué par la taxe à la douane s’appliquant à la valeur dinar, étant supportée en fin de parcours, par le consommateur comme un impôt indirect, l’entreprise ne pouvant supporter ces mesures que si elle améliore sa productivité.

En conclusion, l’Algérie doit profiter de cette conjoncture particulière qui ne durera pas ayant des marges de manœuvres, ne devant jamais oublier que le pilier du développement est la bonne gouvernance et la valorisation du savoir. (voir le débat Pr Abderrahmane Mebtoul Radio Beur/Fm Paris le 30/10/2022 17h sur l’Algérie face aux enjeux géostratégiques et TV- LCP Paris chaine parlementaire sur le réchauffement climatique et la sécurité mondiale a été diffusée le 31 octobre 2022 à 23h30 en présence de plusieurs experts disponible du YouTube ). Depuis fort longtemps et pas seulement durant la période actuelle, l’Algérie semble chavirer un moment et reprendre avec hésitation ses équilibres à un autre moment. Pourtant, au-dessus de tout, l’Algérie reste un pays dynamique, plein de vitalité, qui se cherche et cherche sa voie.
La nouvelle configuration politique, pour aller vers une nouvelle République, doit prendre en charge tant les mutations internes de la société algérienne que la nouvelle architecture des relations internationales tenant compte de notre riche histoire car l’histoire est le fondement de la connaissance et de l’action future.
L’Algérie et cela est reconnue par la majorité de la communauté internationale, face aux nouveaux enjeux du monde transition numérique et énergétique a les potentialités sous réserve d’une nouvelle gouvernance et la valorisation du savoir pour devenir un acteur stratégique au niveau de l’espace méditerranéen et africain
Professeur des universités, expert
international Abderrahmane Mebtoul