Les actions de l’Algérie dans lutte contre le réchauffement climatique

Réunion en Egypte de la COP 27

L’Algérie sera présente à la COP 27 qui se déroulera en Egypte du 6 au 18 novembre 2022 où la présidence de la République a présenté un plan ambitieux sur la lutte contre le réchauffement climatique pour l’Afrique qui a été adopté à l’unanimité par l’Organisation de l’Union Africaine ( OUA) et a proposé la mise en place du Fonds de soutien aux mesures de lutte contre les répercussions négatives des changements climatiques qui a été approuvé par le Conseil de paix et de sécurité (CPS), exhortant les pays développés à s’acquitter de leurs engagements pour limiter la détérioration du climat.

Ironie de l’histoire, selon un rapport récent de l’ONU 2022, dans sa pire projection, soit un réchauffement de la température de la planète au-delà de 4°C sous le titre « menace sur le Nil », alors que la COP 27 est sur le point de s’ouvrir en Égypte, l’un de ses joyaux est menacé de disparition où avec la montée du niveau de la mer provoquée par le réchauffement climatique, « la mer montera d’un mètre engloutissant par conséquent un tiers des terres très-fertiles du delta du Nil et des villes historiques , la ville côtière d’Alexandrie pourrait se retrouver sous les eaux d’ici 2050 ». Cela menace également toutes les côtes du monde y compris les côtes algériennes. Aussi, c’est dans un contexte alarmant où ces deux dernières années 2021/2022, qui ont été marquées par les phénomènes météorologiques extrêmes tels que les méga-feux en Amazonie, en Californie, ou en Grèce, avec la sécheresse au Maghreb et en Europe, la poursuite de la déforestation en Amazonie, et les inondations au Pakistan que se tiendra la COP 27 en Égypte. Cette importante rencontre engage la sécurité du monde où les rapports de l’ONU prévoient une sécheresse sans pareille entre 2025/2030 avec des incendies, une pénurie d’eau douce et donc une crise alimentaire. Fondamentalement, si nous échouons à passer à un monde à faible émission de carbone, c’est l’intégrité globale de l’économie mondiale qui sera menacée, car le climat mondial est un vaste système interconnecté. Toute action dans une zone déterminée du globe a un impact sur le reste du monde, où depuis 1850, notre planète s’est déjà réchauffée en moyenne de 1,1°C. Selon le sixième rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), le réchauffement planétaire en cours pourrait atteindre 1,5°C à 4,4°C d’ici 2100. Les experts du GIEC indiquent que le réchauffement climatique devrait être contenu à +1,5°C au maximum d’ici 2100 pour éviter que notre climat ne s’emballe. Cette limitation sera hors de portée à moins de réductions immédiates, rapides et massives des émissions de gaz à effet de serre pour atteindre la neutralité carbone en 2050. Le réchauffement climatique a plusieurs effets négatifs qui menacent la sécurité mondiale.
Premièrement, pour la hausse du niveau des mers.
Deuxièmement, la modification des océans Troisièmement, l’amplification des phénomènes météorologiques extrêmes provoque l’évaporation de l’eau, ce qui modifie le régime des pluies.
Quatrièmement, le réchauffement climatique est une menace sur les plantes et les animaux car les cycles de croissance des végétaux sauvages et cultivés sont modifiés Cinquièmement, l’impact du réchauffement climatique bouleverse les conditions de vie humaine accroît les risques sanitaires : vagues de chaleur, cyclones, inondations, sécheresses, propagation facilitée de maladies, perturbent la distribution des ressources naturelles, leur quantité et leur qualité et les rendements agricoles et des activités de pêche.
Sixièmement les impacts sur les couts. Ainsi, l’AIE les engagements gouvernementaux actuels ne permettraient d’atteindre que 20 % des réductions d’émissions nécessaires d’ici 2030. Pour atteindre les objectifs, il faudrait investir chaque année jusqu’à 4 000 milliards de $ au cours de la prochaine décennie, en dirigeant la majorité de ces investissements vers les économies en développement. Le réchauffement climatique n’est pas une vue de l’esprit étant une menace planétaire et que les plus hautes autorités algériennes en ont pris conscience surtout avec d’une part des pluies diluviennes et d’autre part des incendies de plus en plus fréquentes avec parfois des actes criminels. Mais il s ‘agit de distinguer les actions de court terme face aux urgences des actions à moyen et long terme qui dépassent les moyens d’un seul pays, les actions devant être collectives.
Pour l’Algérie, pays semi – aride les impacts principaux du changement climatique se traduisent par des incendies détruisant des milliers d’hectares de forêts avec parfois de nombreuses victimes, sans compter les dégâts matériels, comme en 2021 en Kabylie, et en 2022 à l’Est du pays, une pénurie des ressources hydriques, la dégradation de la qualité de l’eau, l’intrusion des eaux marines au niveau des nappes aquifères et la détérioration des infrastructures, causée principalement par les inondations. L’Algérie a adopté un plan ambitieux contre le réchauffement climatique du fait qu’elle a connu, au cours du siècle dernier, une augmentation de température de 0,3°C par décennie ainsi qu’un déficit de pluie de 15%, nécessitant une autre politique de l’eau, pas propre à l’Algérie, qui peut conduire à des guerres dans le monde. L’Algérie a opté pour les unités de dessalement d’eau de mer sur l’ensemble du territoire notamment au niveau des côtes où sont concentrées plus de 80% de la population.
En Algérie on assiste à des déperditions qui peuvent aller à plus de 30% du fait de la vieillesse des canalisations, rendant urgent des investissements ainsi que dans des unités de recyclages de l’eau, une autre politique pour l’agriculture en encourageant par exemple le goutte à goutte, la nappe de l’Albien est la plus grande nappe d’eau souterraine au monde, environ 50.000 milliards de mètres cubes, étant à cheval sur trois pays, l’Algérie, la Libye et la Tunisie. 70 % de la nappe se trouvant en territoire algérien au sud-est du pays. Une canalisation a été réalisée entre In Salah et Tamanrasset pour son approvisionnement et une politique raisonnable sans briser l’écosystème ( ces nappes sont non renouvelables) peut dynamiser l’agriculture. L’Algérie s’est engagée dans la lutte contre le changement climatique où en 2015, elle a ratifié l’Accord de Paris sur le climat (COP21). Bien avant, en juin 1992, l’Algérie a signé la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) et l’a ratifiée en juin 1993, ayant participé à la Conférence des parties de la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (COP25), qui s’est déroulée à Madrid (2-13 décembre 2019. Le plan de relance de l’économie verte a pour objectif d’encourager le recyclage et de promouvoir les industries de transformation écologiques à travers la mise en place des incitations fiscales pour les sociétés industrielles qui s’engagent à réduire l’émission de gaz et de déchets chimiques. Dans le domaine du torchage du gaz, les efforts déployés ont permis de baisser les gaz brûlés de 500 millions de M3 durant l’année 2020-2021. Le Groupe pétro-gazier national, Sonatrach l’initiative Zéro Routine Flaring by 2030, lancée en 2015 par le Secrétaire général des Nations Unies et le président du Groupe de la Banque mondiale et visant à mettre fin au torchage systématique de gaz d’ici 2030. Récemment, l’Algérie a mis en place un Plan national Climat 2020-2030 portant sur 155 projets pour la réduction des émissions du gaz à effet de serre, l’adaptation avec les impacts négatifs des changements climatiques et l’accompagnement de la gouvernance climatique. Elle s’est engagée à réduire de 7 % de ses émissions des gaz à effet de serre, un taux qui pourrait atteindre 22 % d’ici 2030 si elle arrivait à bénéficier de l’aide financière pour financer les grands projets visant à s’adapter avec les changements climatiques.
L’Algérie a adopté un programme de conversion en GPL des véhicules tout en créant des structures nationales devant concrétiser des stratégies pour la production de l’énergie propre dont l’hydrogène vert, ainsi que la . relance du projet du Barrage vert en vue de son expansion à une superficie de 4,7 millions hectares durant les prochaines années s’inscrit dans cette stratégie de lutte contre le réchauffement climatique. Mais c’est surtout grâce à son grand potentiel solaire ( 3000 heures), l’Algérie est en bonne position pour produire de l’électricité ayant un programme ambitieux pour les énergies renouvelables devant combiner le thermique pour l’exportation et les panneaux solaires photovoltaïques pour le marché intérieur (voir le débat Pr Abderrahmane Mebtoul Radio Beur/Fm Paris le 30/10/2022 17h sur enjeux géostratégiques et TV- LCP Paris chaine parlementaire sur le réchauffement climatique et la sécurité mondiale a été diffusée le 31 octobre 2022 à 23h30 en présence de plusieurs experts disponible sur YouTube).
L’Algérie a réceptionné en mi-juillet 2011 la centrale électrique hybride à Hassi R’mel, d’une capacité globale de 150 MW, dont 30 MW provenant de la combinaison du gaz et du solaire. Cette expérience est intéressante. La combinaison de 20% de gaz , énergie plus propre que le charbon et le pétrole, et 80% de solaire me semble être un axe essentiel pour réduire les coûts et maîtriser la technologie. Le programme algérien consiste à installer une puissance d’origine renouvelable de près de 22 000 MW horizon 2030/2035, dont 12 000 MW seront dédiés à couvrir la demande nationale de l’électricité et 10 000 MW à l’exportation. Selon les projections du ministère de l’Energie, d’ici 2030, l’objectif est de produire, 40% de ses besoins en électricité à partir des énergies renouvelables. Le montant de l’investissement public consacré par l’Algérie à la réalisation de son programme de développement des énergies renouvelables, à l’échéance 2030, était au départ fixé ( entre 2019/2020) à 6O milliards de dollars nécessitant un partenariat public privé national et international. Récemment la délégation conduite par la commissaire européenne à l’Energie en visite à Alger, s’est engagée à favoriser l’investissement dans les énergies renouvelables et l’hydrogène vert , énergie de l’avenir 20360/2040, ce segment en partenariat avec l’Algérie où à travers des interconnexions, il y a possibilité d’exporter vers l’Europe, mais d’autres partenariats envisageables notamment avec la Chine qui investit dans ces créneaux.

En conclusion, l’Algérie comme pour la majorité des pays en voie de développement sont pris en l’enclume et le marteau du fait que la pollution de l’atmosphère ne leur incombe pas les principaux responsables sont les pays développés, la Chine et la Russie, et leurs engagements n’ont pas été encore remplis dans le cadre de la deuxième période du protocole de Kyoto. Et le grand problème à résoudre , difficile équation, est de concilier l’aspiration au développement légitime et la lutte contre le réchauffement climatique supposant des stratégies d’adaptation progressives avec l’aide des pays développés pour réaliser cette transition. Car le monde connaît un bouleversement inégal depuis des siècles d’un côté pluies diluviennes, inondations de l’autre côté, sécheresse et incendies. Fondamentalement, si nous échouons à passer à un monde à faible émission de carbone, c’est l’intégrité globale de l’économie mondiale qui sera menacée, car le climat mondial est un vaste système interconnecté. Espérons que cette énième rencontre en Egypte, proposera des solutions concrètes où le réchauffement climatique dont la responsabilité en incombe en premier lieu au pays développés y compris la Chine et la Russie gros pollueurs, avec un impact catastrophique sur les pays en voie de développement, notamment sur l’Afrique où les engagements de la COP21 ont été très partiellement appliqués( le professeur Abderrahmane Mebtoul a présidé en juin 2019 à Marseille la réunion de la société civile des 5+5 + Allemagne sur la transition énergétique en présence des ministres des affaires étrangères et des organisations internationales où des actions concrètes ont été proposées). Or avec les tensions en Ukraine avec la crise énergétique, bon nombre de pays recourent massivement aux énergies fossiles et la paix dans cette région est une condition essentielle pour aborder sereinement le sujet stratégique du réchauffement climatique et donc la transition énergétique irréversible qui modifiera le pouvoir énergétique et économique mondial entre 2025/2030/2040.

Professeur des universités, expert
international Abderrahmane Mebtoul