Des mesures pratiques pour sa préservation

Patrimoine culturel

La ministre de la Culture et des Arts, Soraya Mouloudji, a affirmé jeudi à Alger, que son secteur avait pris une batterie de mesures devant protéger le patrimoine matériel et immatériel en vue de contrecarrer toute «tentative de pillage ou d’atteinte à son authenticité».Lors d’une plénière à l’Assemblée populaire nationale (APN) consacrée aux questions orales, la ministre a affirmé que la préservation du patrimoine culturel matériel et immatériel, «revêt une importance capitale d’où l’impératif de prendre des mesures pratiques en vue de sa préservation».
Et de rappeler que l’Algérie a classé sept (7) éléments du patrimoine immatériel sur la liste représentative de l’UNESCO dont «Echedda» de Tlemcen, «Sbiba» et «Rakb» de Sidi Cheikh, a-t-elle souligné, faisant état de l’inscription d’autres éléments dans un cadre commun avec des pays dont le plat du Couscous et la calligraphie arabe.
A ce propos, la ministre a rappelé le dépôt du dossier des «Meddahate» en date du 31 mars 2021, en sus d’autres dossiers en cours de préparation dont les chansons chaabies en Algérie et «S’raoui» qui sera, probablement déposé, le 31 mars 2023 en sus d’Ashewik en Kabylie, «El-Ayaï» dans la région de l’Atlas saharien et le Malouf constantinois.
S’agissant des costumes traditionnels algériens, le ministère œuvre à «déposer, ultérieurement, un dossier sur la tenue traditionnelle de la mariée dans les régions Est de l’Algérie», selon la ministre.
Dans ce cadre Mme Mouloudji, a fait état de la création, au niveau du Centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques (Cnrpah), d’une unité dédiée au patrimoine cultuel immatériel regroupant des équipes de recherche spécialisées chargées des dossiers de classification, en plus des équipes qui œuvrent déjà sur les dossiers d’El-Melhoune et du conte populaire amazigh.
Avec l’accompagnement des directions de la culture des wilayas et les universités, le Centre œuvre à «former une banque de données du patrimoine culturel immatériel», et à renforcer la publication de livres et ouvrages en vue d’ancrer les éléments culturels immatériels dans des ouvrages scientifiques afin d’éviter de tomber dans «l’approche émotionnelle» sur ce genre de questions, a-t-elle dit.
Elle a rappelé l’organisation du festival national du costume traditionnel algérien du 30 juillet au 2 août dernier, reflétant ainsi la diversité et la richesse des habits traditionnels à travers les régions du pays, en sus du colloque national de l’habit traditionnel algérien dont les recommandations ont porté sur la mise en place d’une base de données du costume traditionnel algérien et ses accessoires, ainsi que le lancement d’un portail électronique pour toutes formes du patrimoine culturel immatériel et l’inscription du costume révolutionnaire sur la liste du patrimoine immatériel de l’Unesco.
Dans le cadre de la protection du patrimoine culturel et la lutte contre le trafic des biens culturels, le secteur de la culture avait lancé en mai dernier un guide illustré et une base de données électronique permettant «aux éléments de la Gendarmerie, à la police aux frontières et aux acteurs de lutter contre le trafic des biens culturels».
En réponse à une question sur les mesures prises pour redynamiser le secteur de la culture dans la wilaya de Guelma, Mme Mouloudji a affirmé que son secteur «tend à renforcer le réseau des structures et des services culturels pour mieux les exploiter».
Concernant la restauration de la salle de cinéma «El-Intissar» dans la même wilaya, la ministre a indiqué que sa gestion relève de la commune, et affirmé «la possibilité de la transférer à son secteur afin de mener une étude approfondie pour voir comment la restaurer», estimant que la meilleure solution consiste à «impliquer le secteur privé dans l’investissement dans les salles de cinéma».
Elle a en outre rappelé que 13 salles de cinéma avaient bénéficié de la restauration dans plusieurs wilayas du pays, ajoutant que «nombre de salles seront cédées, la semaine prochaine, à l’Office national de la culture et de l’information (ONCI) qui confiera leur exploitation au secteur privé selon les procédures légales, ce qui permettra de redynamiser le mouvement cinématographique».
«Un projet de loi sur l’industrie cinématographique sera présenté au Gouvernement dans les semaines à venir en vue de relancer le cinéma algérien», a-t-elle soutenu.
A une autre question sur les mesures prises pour réactiver le rôle du théâtre régional de Mostaganem, la ministre a affirmé que «la nomination d’un nouveau directeur du théâtre a permis de donner une impulsion aux activités en milieu théâtral et de relancer la scène culturelle », en sus des instructions du ministère à l’effet d’accompagner et de soutenir l’activité théâtrale dans cette wilaya.
Interrogée sur la situation des sites archéologiques, des monuments historiques et des structures culturelles dans la wilaya d’El Meniaa, Mme Mouloudji a indiqué qu’il «ne saurait possible de prendre des mesures sans une approche de terrain et une étude préalable pour entamer les opérations de restauration de ces biens», précisant que «ces opérations seront inscrites au titre du programme sectoriel d’équipement après une visite dans la wilaya».
Répondant à une autre question sur la formation complémentaire pour le secteur de la culture et des arts, la ministre a affirmé que cette formation « se fait uniquement à l’Institut supérieur des métiers des arts du spectacle et de l’audiovisuel (ISMAS), suivant un texte réglementaire issu de la loi de finances 2021», soulignant avoir adressé «des instructions aux services centraux à l’effet de recenser tous les cas en suspens dans toutes les wilayas en vue de leur trouver des solutions pour poursuivre la formation».
Elle a enfin indiqué que le manque de places pédagogiques ou le faible encadrement entravent la formation pour nomination ou promotion, ajoutant que la solution est tributaire de la publication du texte réglementaire prévu à l’article 120 de la loi du 31 décembre 2020 portant loi de finances 2021.
R.C.