Le continent peut manquer de gaz en 2023 et 2024

Europe

Un montant de 150 milliards d’euros de déficit sur un an ! Le solde du commerce extérieur de marchandises de la France recule rapidement au fil du temps. Le déficit commercial français sur les biens a battu un nouveau record mensuel en septembre avec 16,8 milliards d’euros, rapportent les douanes, toujours plus plombé par la facture des importations énergétiques.

En cumul sur douze mois en septembre, le déficit commercial français s’affiche même au niveau jamais vu de 149,9 milliards d’euros, dans le sillage d’une dégradation continue des chiffres mensuels depuis la fin 2020. Il a déjà largement dépassé sur les neuf premiers mois de l’année le record historique déjà établi l’an dernier à 85 milliards d’euros, ainsi que la barre symbolique des 100 milliards d’euros. Dans leur document de synthèse, les Douanes précisent qu’en septembre, 2022 importations qui continuent d’augmenter nettement et une croissance modérée des exportations expliquent ce recul». La valeur des biens et marchandises importées a ainsi culminé à 68,5 milliards d’euros, soit une hausse de 1,6 milliard d’euros, pendant que les exportations ont progressé de 700 millions d’euros, à 51,7 milliards. L’inflation accentue la hausse du déficit. Les douanes précisent que «la hausse des importations et exportations en valeur est majoritairement portée par la croissance des prix des biens échangés», à une période où l’inflation a nettement augmenté en France et dans le monde. Sur les neuf mois écoulés, les prix ont augmenté par rapport aux neuf premiers mois de 2021 de 24,4% à l’importation et de 16,8% à l’exportation, pour des valeurs qui progressent respectivement de 27,5% et 16,7%, selon ses projections. S’agissant de l’énergie, le solde de la balance commerciale s’est creusé à 12,5 milliards d’euros contre 11,7 milliards le mois précédent, sous l’effet d’une nouvelle hausse des importations de 6,7% après +9,6% le mois précédent.

Alerte de l’Agence internationale de l’énergie
Le coût d’importation des sources d’énergie en très forte hausse pèse lourdement sur les échanges de marchandises de la France. Le déficit s’est alourdi de 14,5 milliards d’euros en juillet et pourrait dépasser 130 milliards sur l’année. Selon les dernières informations de la douane française. L’Agence internationale de l’énergie appelle les gouvernements à agir immédiatement pour se préparer à l’année prochaine, jugeant une pénurie possible si, entre autres, les livraisons de gaz russe, dont l’UE entend se passer, cessent complètement. L’Europe risque de manquer de gaz pour l’hiver 2023-24, a alerté l’Agence internationale de l’énergie (AIE) le mois de novembre 2022 en appelant les gouvernements à agir immédiatement, en particulier pour réduire la demande. Quelque 30 milliards de mètres cubes de gaz pourraient bien manquer d’ici à l’hiver suivant, en cas d’arrêt complet des livraisons venues de Russie, mais aussi du fait du probable rebond économique de la Chine. En retrouvant des niveaux de consommation semblables à ceux de 2021, cette dernière viendrait en effet absorber une très large part (85%) des volumes de gaz naturel liquéfié (GNL) auquel l’Union européenne entend recourir davantage, estime l’AIE dans ses calculs. «Les réserves européennes ne seraient alors plus remplies qu’à 65% au début de l’hiver 2023-2024, contre 95% actuellement», a indiqué son directeur Fatih Birol lors d’une conférence de presse en ligne. «Le coussin fourni par les niveaux de réserve actuels, de même que la baisse récente des prix du gaz et les températures inhabituellement douces ne devraient pas conduire à des conclusions trop optimistes quant à l’avenir», met en garde l’AIE dans cette analyse, qui souligne qu’à l’été 2023 les conditions géopolitiques et économiques mondiales pour s’approvisionner et remplir les réserves auront connu des changements significatifs par rapport à 2022. En réponse au déclenchement de l’offensive russe en Ukraine, l’Union européenne a décidé, de réduire significativement sa dépendance à l’égard du gaz russe. Des pays tels que l’Allemagne voient leur modèle économique particulièrement fragilisé par ces mesures, tandis que la Hongrie cherche à prolonger ses importations d’énergie depuis la Russie. 155 milliards de mètres cubes de gaz russes consommés par l’UE en 2021. Selon les chiffres de la Commission européenne, l’UE consommait en 2021 environ 400 milliards de mètres cubes de gaz, dont 45% (155 milliards de mètres cubes) étaient assurés par les importations en provenance de Russie. Le plan «Repower EU» doit, selon la Commission, permettre de réduire la dépendance de l’UE au gaz russe de deux tiers avant la fin de l’année 2022, et de 100% à compter de 2027, grâce à la diversification des approvisionnements, au développement massif des énergies renouvelables et à des efforts de chaque pays en vue de réduire la consommation de gaz. Mi-octobre, le Président russe Vladimir Poutine a assuré que la Russie était prête à fournir du gaz à l’Europe y compris pour l’automne-hiver actuel, suggérant l’idée d’un acheminement par un hub gazier qui serait situé sur le territoire turc. L’Elysée a pour sa part estimé que ce projet n’avait aucun sens compte tenu des engagements européens à réduire le recours aux énergies en provenance de Russie, a-t-on informé encore.
Oki Faouzi