Les crypto monnaies

L’économie algérienne face aux monnaies virtuelles

Le monde numérique a été bouleversé ces dernières années par le développement rapide de la blockchain, rendu possible grâce à la monnaie virtuelle comme le Bitcoin, son application la plus connue.

En 2022, échaudés par les enseignements de la crise économique due à la Covid-19, de nombreux pays engagent des processus pour faire évoluer leurs législation. Certains versent dans l’optimisme comme le rapport intitulé «Time for Trust : The Trillion-dollar reason to rethink blockchain» publié en octobre 2020 par PricewaterhouseCoopers (PwC), le cabinet britannique spécialisé dans l’audit et l’expertise comptable qui estime que la technologie blockchain pourrait rapporter 1760 milliards de dollars à l’économie mondiale à l’horizon 2030 (soit environ 1,4% du PIB mondial) et la Commission de la science et de la technique au service du développement, organe subsidiaire du conseil économique et social de l’ONU, dans son rapport du 4 mars 2021 intitulé « tirer parti de la chaîne de blocs pour le développement durable : perspectives et difficultés », a mis en exergue les incidences possibles de la technologie blockchain dans la réalisation des objectifs de développement durable. Mais peuvent elles s’appliquer sans risques dans une économie déstructurée et sans lever les verrous technologiques qui freinent encore son adoption massive tels que les questions de normalisation, d’interopérabilité, de vitesse de traitement ou encore de passage à l’échelle (scalabilité), les incertitudes juridique et réglementaire (la force probante des informations issues de la blockchain, loi applicable et compétence juridictionnelle en cas de litige).Cela implique un niveau élevé de qualification chargé des opérations financières s’adaptant à la quatrième révolution économique mondiale, du ciment des échanges tant internes qu internationales, la confiance, la technologie blockchain participant d’une tentative de redéfinir la notion de confiance par sa capacité intrinsèque à gérer les transactions de façon innovante directement de pair à pair sans intermédiaire sur une base consensuelle, et sécurisée.

2.2- La crypto monnaie pourrait toucher des secteurs, tels que les banques, les assurances, l’immobilier, la santé, l’énergie, les transports, la politique et les votes en ligne, l’identité virtuelle, la logistique (Supply-chain), le social networking, le stockage cloud, les brevets industriels, la certification des diplômes, la signature électronique, l’identification des objets connectés, la propriété intellectuelle, le commerce équitable, La culture avec l’authentification de tout œuvre, les référendum et le vote en ligne, qui serait une technologie pour une sécurité alliant inviolabilité et inaliénabilité tout en permettant une traçabilité et une transparence sans faille, tout cela sans aucun intermédiaire.
Cependant pour d’autres experts, cette pratique est assez controversée. Largement critiqué pour sa volatilité, son utilisation dans des transactions potentiellement malhonnêtes et la consommation exorbitante d’électricité nécessaire à son extraction, le BTC est considéré par certains utilisateurs comme une valeur refuge en cas de difficultés économiques. On observe notamment ce phénomène dans les pays en développement, dont la monnaie fiduciaire est faible et plutôt instable aussi bien comme investissement qu’en tant que valeur refuge. Cependant, certains États interdisent purement et simplement l’utilisation du bitcoin et de toute autre crypto monnaie.
Pour s’assurer du respect de cette restriction par leurs citoyens, ils ont alors mis en place de lourdes sanctions à l’encontre de toute personne effectuant des transactions en devises virtuelles. L’Algérie a interdit l’utilisation des monnaies virtuelles, par le biais de sa loi financière de 2018 rendant illégal l’achat, la vente, l’utilisation ou la détention de crypto-monnaies avec des sanctions conformément aux lois et règlements en vigueur. Qu’en sera-t-il avec la modification partielle de la loi sur la monnaie et le crédit actuellement en examen ? Cette interdiction de 2018 découle de plusieurs raisons majeures. La première est qu’une crypto monnaie est indépendante de tout gouvernement ou institution. Elle n’a aucun statut légal et n’est pas encadrée par une Banque Centrale, ce qui retire toute possibilité de contrôle par le pays.
La seconde raison est la protection des citoyens. En effet, si les Algériens voient une valeur refuge dans le bitcoin, ils se soumettent à ses importants aléas. Depuis sa création, sa valeur a en effet subi de grosses fluctuations, avec des hausses impressionnantes, mais aussi d’énormes diminutions. Troisièmement, Les autorités algériennes soutiennent que l’interdiction du Bitcoin et plus généralement des crypto-monnaies pourrait permettre de lutter efficacement contre l’évasion fiscale, le trafic de drogue et le blanchiment d’argent, rendu possible par le manque de traçabilité de la monnaie virtuelle. L’utilisation de bitcoins et autres devises virtuelles crée un marché monétaire parallèle qui nuit au marché officiel et est néfaste pour l’ensemble du système financier algérien, déjà pénalisé par le contexte économique actuel. Le domaine du e-commerce algérien ne peut pas exploiter ces monnaies car il n’y a pas de réelle économie numérique/électronique en Algérie, à l’exception de quelques sites de vente. Les autorités algériennes soutiennent que l’interdiction des crypto-monnaies pourrait permettre de lutter efficacement contre l’évasion fiscale, le trafic de drogue et le blanchiment d’argent, rendu possible par le manque de traçabilité de la monnaie virtuelle.

En conclusion, l’Algérie doit profiter de cette conjoncture particulière qui ne durera pas ayant des marges de manœuvres, ne devant jamais oublier que le pilier du développement est la bonne gouvernance et la valorisation du savoir. Le stock de la dette extérieure à fin 2020 a atteint 5,178 milliards de dollars contre 5,492 en 2019 selon le rapport International Debt Statistics 2022 de la Banque mondiale et la dette extérieure a été selon le FMI de 2.4% en 2020, de 6.5% en 2021 et une projection de 7.7% en 2022., avec un accroissement de la dette publique, encore soutenable , ayant représenté 50.7% du PIB en 2020,n 59.2% du PIB en 2021 et une projection de 65.4% en 2022-monnaies se développent le plus.
Professeur des universités, expert
international Abderrahmane Mebtoul