L’Algérie, un viaduc géo-stratégique et géo-économique pour les BRICS

Sa position géographique et ses richesses diverses s’imposent avec force

Dans un monde où les troubles et les turbulences géopolitiques et géostratégiques dominent les relations internationales, indiquant l’arrivée d’un nouvel ordre mondial, à travers lequel seules les Nations les plus fortes demeurent en « vie » et arrachent une place sélective, et d’autres, plus fragiles et vulnérables aux changements internationaux deviennent de véritables escales, c’est du côté d’un autre groupe, les BRIcS, le plus prometteur et fort potentiellement, que regarde l’Algérie. Un regard munis d’ « armes fatales ».

«Tout nos indicateurs commerciaux et économiques sont au vert. Nous n’avons aucune dette à l’extérieure. Nous avons réalisé de grands pas durant ces dernières années, notamment dans de nombreux domaines et notre économie se dirige vers le développement. En 2023, je ne veux plus entendre parler du sous-développement en Algérie. Nous allons faire augmenter d’une manière très significative les salaires, pensions et allocations chômages, à partir du janvier 2023, on a de grands potentiels pour réaliser la modernisation de notre pays.
C‘est un défi auquel nous devons atteindre en 2023 et nous allons contribuer à l’augmentation du PIB, des conditions pour lesquelles nous devons atteindre pour pouvoir entrer parmi les grands, les BRICS», avait précisé en septembre 2022 le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, lors de son discours prononcé devant les 58 walis à l’occasion de la troisième réunion Gouvernement-walis. Depuis la grande annonce du Président Tebboune d’aller vers la modernisation, l’Algérie est entrée en grand chantier.
Réaménagement des villes, quartiers, artères publiques, routes et même trottoirs, de grandes opérations d’entretien des milieux urbains sont en cours dans l’ensemble du territoire national. Ces opérations menées par les collectivités locales et qui sont appuyées par des équipes relevant de différentes EPICS, visent à rendre plus belles les villes du pays mais, également, à se préparer à la modernisation de l’Algérie et son adhérence aux pays des BRICS. C‘est le cas aussi de la décision prise récemment par l’Etat concernant l’augmentation des salaires, pensions et allocations-chômage. Une décision qui vise à promouvoir et renforcer le pouvoir d’achat des citoyens et faire augmenter leur Produit intérieur brut (PIB) qui va, à son tour, remplir l’une des conditions de l’adhésion de l’Algérie aux pays des BRICS à savoir : le PIB de chaque pays adhérent doit être fort.

Après des attentes,
Alger lorgne vers les BRICS
Après avoir temporisé le dépôt de la candidature de l’Algérie au Groupe Brics pour des raisons géo-politiques, géo-économiques et géo-stratégiques, voire le temps de voir si les Etats-Unis allaient changer leur position par rapport au dossier du Sahara occidental.
Et après avoir échangé des signes de rapprochement d’intérêts communs entre Alger et Washington, tels que l’ouverture d’un consulat algérien à San Francisco, ou l’ouverture d’une ligne aérienne directe entre Alger et New York, ou encore la signature à Alger d’un accord de partenariat économique de plusieurs milliards de dollars, le Président Tebboune et ne voyant aucun signe de changement de la part de l’administration du président américain, Joe Biden, sur le Sahara Occidental, a décidé d’accélérer l’adhérence de l’Algérie au Groupe des BRICS. C‘est ainsi que le 7 novembre 2022, la chargée des partenariats internationaux au ministère algérien des Affaires étrangères, en l’occurrence Leila Zerrouki, a officiellement demandé l’adhésion de l’Algérie aux pays du BRICS.
En pleine turbulences internationales, Alger a donc formulé officiellement sa demande d’adhésion au groupe des pays qualifiés d’émergents. Comme l’indique cet acronyme, le groupe réunit actuellement cinq grandes forces, la Russie, le Brésil, l’Inde, l’Afrique du Sud et la Chine, de grandes nations considérées comme
«puissance régionale», notamment sur les plans démographique, militaire, politique et économique. L’Algérie qui lie de fortes relations ave les différents membres du Groupe des BRICS à de très fortes chances d’adhérer au dit Groupe. Pékin et Moscou ont d’ores et déjà déclaré qu’ils appuyaient la candidature algérienne, alors que l’Afrique du Sud est le principal allié continental d’Alger, puis l’arrivée au pouvoir du président Lula au Brésil va sans aucun doute contribuer et renforcer l’admission de l’Algérie aux BRICS, tandis que du côté de l’Inde, une grande volonté politique et économique entre Alger et New Delhi est en train de se dessiner. L’ensemble de ces signes indiquent fortement une prochaine adhésion de l’Algérie parmi les BRICS.
Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, en est d’ailleurs très persuadé : l’Algérie, sous son ère, répond largement aux conditions pour adhérer à ce club d’économies émergentes comprenant le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud.

Algérie-Chine : vers un avenir commun
La Chine a officiellement annoncé son appui à la grande ambition de l’Algérie d’adhérer au Groupe de BRICS, cette déclaration a été faite un jour après le dépôt de la candidature algérienne, soit le 9 novembre passé. La Chine qui est l’un des géants du BRICS a savouré l’ambition algérienne, car l’Algérie est un pays très important pour le Groupe.
Les relations bilatérales entre l’Algérie et la Chine sont historiques, exceptionnelles et exemplaires à la fois, car elles se caractérisent par des caractères de noblesses, tels que par une grande amitié, respect mutuel, confiance politique et fraternité entre les deux peuples et Etats, et cela à permis de créer de très bons résultats pour les deux pays que ce soit sur le plan économique, commercial ou encore politique et culturel tout comme dans les domaines géo-stratégiques.
En 1971, l’Algérie avait joué un rôle primordial dans l’entrée de la Chine, au Conseil de sécurité des Nations unies, en présentant la résolution qui lui a permis d’effectuer son retour à l’Assemblée des Nations unies. En 2010, les relations entre l’Algérie et la Chine étaient classées les plus fortes de toutes les relations arabo-chinoises, il s’agit essentiellement dans les domaines des textiles, des travaux publics, les constructions de grandes œuvres, l’agriculture, les échanges commerciaux et bien d’autres secteurs.
Depuis 2013, la Chine est en tête du classement des pays exportateurs vers l’Algérie.
Le pays asiatique a doublé la France qui était pourtant le partenaire historique de l’Algérie pendant des décennies. En 2018, l’Algérie a rejoint l’initiative chinoise «Ceinture et Route» ou appelée également «la nouvelle route de la soie», une adhérence importante pour les deux pays, notamment sur le plan géostratégique et géo-économique.
Cette grande accélération des relations entre Alger et Pékin n’a pas de limite puisque l’Algérie et la Chine ont signé, le 8 novembre 2022, un plan de coopération stratégique qui s’étend jusqu’en 2026, soit pour cinq ans, portant sur les domaines de l’économie, de l’énergie, de l’espace et de la culture. La signature de ce nouvel accord a été procédée par les deux ministres des Affaires étrangères, algérien et chinois, respectivement Ramtane Lamamra et son homologue Wang Yi. Il s’agit du deuxième plan du genre, puisque l’Algérie et la Chine avaient signé en 2014 l’accord de «partenariat stratégique global», visant à renforcer la coopération économique entre les deux pays.
Dans un communiqué datant du 8 novembre dernier, soit le même jour de la signature de l’accord entre Alger et Pékin, le ministère des Affaires étrangères a annoncé que le plan algéro-chinois vise à «continuer à intensifier la communication et la coopération entre les deux pays dans tous les domaines, y compris l’économie, le commerce, l’énergie, l’agriculture, la science et la technologie, l’espace, la santé et la communication humaine et culturelle, ainsi que la promotion du jumelage entre les stratégies de développement de l’Algérie et de la Chine».
L’Algérie et la Chine veulent approfondir et renforcer leurs économies à travers l’accélération et l’augmentation des échanges commerciaux, suivant le plan quinquennal. Sur ce plan, le ministère des AE a précisé que «les deux parties entendent profiter de l’opportunité de mettre en œuvre ce plan quinquennal pour approfondir la coopération pratique entre elles dans tous les domaines, assurer l’enrichissement continu des éléments du partenariat bilatéral stratégique global, et d’apporter des avantages aux deux pays et peuples amis».

Terres rares, forces énergétiques, grands ports, pôle économique, terres agricoles
L’Algérie à de quoi proposer et faire enchantée les pays des BRICS. En plus d’avoir une position géographique qui fait d’elle l’un des pays les plus convoités au monde, notamment sur le plan géo-stratégique et géo-économique, l’Algérie est la porte de l’Afrique et possède un bon positionnement par rapport au Vieux continent, l’Europe, d’autant plus qu’elle est le grand et premier pays sur la Rive Sud de la Méditerranée. Possédant également l’une des plus importantes réserves en terres rares dans le monde, l’Algérie est, de ce fait, l’un des pays clés pour la production des matières modernes et technologiques, elle possède, selon des estimations des spécialistes économiques, 20% des réserves mondiales.
En plus, l’Algérie est l’un des grands pays producteurs en énergie, notamment le pétrole et le gaz sans oublier d’autres produits pétroliers tels que le Gaz naturel liquéfié (GNL), dont l’avenir est plus que prometteur pour l’Algérie.
Possédant autant d’atouts, l’Algérie est un véritable réservoir pour les pays des BRICS, elle peut alimenter en produits énergétiques, alimentaires, matériaux, matières rares, les marchés des pays des BRICS. Sa position géographique par rapport aux positionnements des cinq pays des BRICS, située en plein Centre de la terre, lui permet de jouer le rôle de l’axe, voire un véritable pont entre les pays membres des BRICS, notamment en matière des échanges commerciaux ou de bases logistiques.
Possédant également de grands ports, l’activité commerciale et les échanges commerciaux avec les pays des BRICS ne posent aucuns soucis à l’Algérie. Bien au contraire, les ports de l’Algérie peuvent devenir de véritables axes d’échanges commerciaux pour ledit Groupe.
Sofiane Abi